une simple proie (14)

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Je suis allée dès le matin dans la parcelle privée, à croire que les boss sont pressés d'avoir leur vin perso. Antoine vient régulièrement me voir depuis maintenant deux heures, soit depuis que j'ai commencé. Je suppose que Carole a dit à ses enfants de garder un œil sur moi, et comme Loïs est trop occupée le matin, c'est Antoine qui fait la maîtresse ou le policier – tout dépens ce qu'elle leur a dit de surveiller.

- Shit !

Je viens de renverser l'intégralité de ma bouteille par terre... Vu la chaleur, je suis obligée d'aller la remplir. Je ne vais déranger personne pour de l'eau fraîche, alors je vais prendre celle du robinet extérieur. Je sors de la parcelle, guettant un patron ou patron junior, que je les prévienne que je ne m'enfuis pas pour échapper au travail. Mais personne. Je passe tout près de la piscine, du carré de gazon puis je marche sur le chemin de gravier qui mène au robinet, sur le mur du gîte. Je l'actionne.

- Excusez moi.

Je sursaute quand une main touche mon épaule.

- Oh désolé, je ne voulais pas vous faire peur. Vous êtes parente des Duroy ? me demande un homme d'une vingtaine d'année.

- Non pas du tout, je travaille ici pour l'été. je réponds en refermant ma gourde.

- Oh excusez moi, comme j'ai vu les camions partir, j'ai pas pensé que vous pourriez être employée.

- Je travaille à la parcelle privée.

- Oooh ! Je comprends mieux ! s'exclame t-il avec un clin d'œil.

Qu'est ce que veut dire cela ?!

- Je vais aller sonner. Désolé du dérangement. lance l'homme avant de s'éloigner de moi.

Je suis déconcertée... Je n'ai rien compris à la situation. Je retourne à la parcelle,sinon je risque de me prendre un savon par Antoine. J'en parlerai avec la tribu parce que ça m'intrigue.


Tom, Diego, Aymée et moi avons décidé de manger dehors, dans l'espace d'herbe.

- D'ailleurs, pourquoi ce nom ''tribu'' pour vous désigner ? demandé-je en croquant dans une pomme.

Ils se mettent à rire légèrement, ce qui augmente ma curiosité.

- En fait, le dernier soir, en guise de petite fête d'adieu, on fait un grand feu. A l'endroit où se déroulait le po d'accueil. commence Diego.

C'est vrai que de mémoire, j'avais vu un tas de cendre au milieu de cette cour.

- Et donc pour animer cette petite soirée, celle d'il y a 2 ans, on avait tous décidé de préparer de petites animations par groupe. Les employés avaient fabriqué des cartes devine tête, les boss une pêche à la ligne avec de gros cèpes de vigne et des cadeaux à gagner ; et nous on s'était déguisé en indiens et on avait inventé une choré autour du feu.

- J'aurai trop aimé voir ça ! m'écrie-je.

- On était la tribu Roy. Et ce surnom est resté.

Aymée s'est allongée dans l'herbe pour profiter des dix dernières minutes de repos, Tom a répondu à sa mère qui l'appelait au téléphone, Diego a sorti le sien pour jouer dessus, et moi je les ai regardé, me demandant ce que je pouvais bien faire. Soudain, l'événement avec le gars de ce matin me revient en mémoire.

- Il s'est passé un truc chelou ce matin. dis-je.

Aymée se redresse et me regarde de ses petits yeux verts.

Au domaine d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant