histoire de draps (2)

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21h21 :


Les chambres sont dans un bâtiment adjacent la villa. Elles sont réservées aux saisonniers au cours de l'année et jeunes venant l'été. J'en ai une double, avec Aymée. Je suis en train de défaire ma valise et de ranger mes affaires dans l'armoire en bois mise à disposition. Notre chambre est plutôt chaleureuse. Il y a un ancien bureau d'écolier,un tableau représentant des vignes peintes (au cas où on se croyait à la plage), et deux lits individuels en bois également. Le bâtiment est ancien, mais c'est ce qui fait son charme avec ces énormes poutres et ce parquet qui grince. Je sors mes t-shirts, leggings, survêtements et mon pull que je dispose pliés dans l'armoire. Je n'avais pas une liste de ce que je devais prendre comme quand on part en colonie de vacances. Mais j'espère que ce sera adéquat. Puis les deux dernières choses qu'il reste au fond de ma valise sont mes deux casquettes (une New-York, et une Lakers) et ma trousse de toilettes. Seul bémol du lieu : sanitaires communs... Une fois que tout est en place, je me retourne vers ma colocataire. Et je découvre avec surprise qu'elle a fait son lit. Ne me prenez pas pour un bébé, je sais faire mon lit ! Or, je n'ai pas de draps... et il n'y en a pas dans la chambre.

- On t'a pas prévenu qu'il fallait emmener tes draps ? demande Aymée.

- Pas du tout... je répond, un peu paniquée.

- T'inquiète, c'est déjà arrivé à un p'tit jeune l'an dernier. Va voir Carole, tu sais, la femme de du patron.

J'enfile une veste en jean, et me dirige hors du gîte (appelé « camp Olé »par la « tribu ») pour rejoindre la villa. Je sonne, toujours paniquée à l'idée de passer pour une idiote alors même que je n'ai pas encore commencé à travailler. Carole m'ouvre, surprise. C'est une belle femme d'une soixantaine d'année, aux longs cheveux roux foncé et aux yeux verts.

- Excusez moi de vous déranger madame, mais il se trouve que j'ai oublié de prendre des draps. balbutié-je, les mains dans mes poches de veste.

- Oh mince, la galère ! J'ai mis les draps de secours à la machine il y a 5 minutes... Et en plus je ne peux pas te proposer les chambres d'amis puisqu'on fait des travaux. La seule chose que je peux te proposer c'est...

Carole s'interrompt et se retourne.

- Loïs ! appelle t-elle. Viens voir s'il te plaît.

Elle me fait entrer.L'ameublement de la maison date de la même époque, ou presque, que la maison. Un escalier en pierre remonte jusqu'au premier étage. Je reste figée en voyant que la fille noire emprunte ces marches de marbres tellement bien taillées. Quand elle arrive à ma hauteur,elle pose son regard bleu étincellent sur moi et me reluque. Je ne vois pas dans ses yeux une forme de jugement ni de mépris. En fait je ne distingue rien, cette fille demeure impassible. Au moment de croiser son regard, elle tourne la tête vers sa mère.

- Je dois m'en occuper ? demande t-elle.

- S'il te plaît Loïs. répond doucement sa mère.

Loïs a l'air moins chaleureuse que le reste de sa famille. En même temps, d'après la description qu'on m'en a faite, cela ne m'étonne pas... Aymée m'a dit qu'elle profitait pleinement de sa vie de fille de viticulteur et par conséquent qu'elle n'était presque jamais au domaine. Diego m'a raconté qu'elle ne parlait pas souvent aux employés, pas parce qu'elle les considérait comme inintéressant, mais plutôt parce qu'elle n'avait pas grand chose à leur dire. Cette fille m'a l'air d'être une personne froide. Je m'en ferai mon propre jugement. Pour le moment, je la suis en montant les marches blanches. Le parquet du premier étage grince sous nos pas. Le couloir dans lequel on arrive abrite tout un tas de portes en bois ainsi que de grands cadres en tout genre.

- Je t'aurais bien proposé le canapé en velours de la salle de billard mais vu son ancienneté je doute qu'il ne soit confortable pour une nuit toute entière.

Je ne répond pas, je l'observe juste de dos. Ses cheveux ébènes ne descendent pas plus bas que ses épaules. Elle porte un pull rouge sans capuche champion et un jogging noir moulant. Elle doit faire ma taille. Loïs ouvre la dernière porte du couloir (après c'est des escaliers) et se retourne vers moi. Elle hésite, je le vois à son regard qui m'examine.

- Dans ma chambre il y a un canapé qui se déplie. Ça te convient ?

- Oui, oui. dis-je, intimidée.

Je ne vais pas dire non, déjà qu'elle me trouve une solution plus que convenable. On entre et je la regarde préparer mon lit. Sa chambre est design,contrairement au reste de la maison, et pleine de couleurs. Il y aune télé avec une PS4, un bureau en plastic blanc très bien rangé,des cubes vides de couleurs où sont entreposés des cadres photos avec ses amis, probablement, et des médailles de sport. Son lit est un deux places, avec deux petites tables de chevet de chaque côté.Je n'ose pas trop passer au peigne fin sa chambre alors je me tourne vers elle pour voir où elle en est. Elle a fini... et elle me regarde... l'air amusée. Je rougis.

- Merci.

- T'inquiète pas, je ne vais pas t'embêter puisque je ne vais pas rester beaucoup cette nuit. dit-elle en se dirigeant vers son armoire.

Comme je la suivais du regard j'ai vu quand elle a enlevé son pull (et se dévoiler en brassière) pour finalement enfiler une chemise à carreau très moulante. Gênée (pas comme elle), je me retourne vers mon lit et découvre un meuble ouvert avec quelques livres (romans). Je me fais la réflexion que je n'ai pas de tenue agréable pour dormir puisque j'étais partie pour chercher des draps...

- Tiens.

Elle me lance le pull qu'elle portait et un short propre. Elle me regardait encore, sinon comment avait-elle deviner mon embarras ? Ça me fais rougir l'amusement dans l'expression de son regard. Je délaisse ma veste par terre et mon jean. En enfilant son sweat je sens une odeur agréable. Pourquoi m'a t-elle donné le pull qu'elle portait alors que je suis sûre à 100% que dans son armoire s'en trouvent des dizaines d'autres ? Je ne suis pas pudique donc je me mets en culotte pour pouvoir enfiler le short sans trop de soucis ; mais le fait qu'elle ne me quitte pas du regard me perturbe quelque peu. On tambourine à la fenêtre de sa chambre. Loïs l'ouvre et je peux apercevoir un gars qui lui sourit. Un petit ami ?

- En voiture beauté ! s'écrit-il.

Ce type avait escaladé le mur ? Il est sacrément haut pourtant, il doit être prêt à tout pour la voir... La voyant de dos, je remarque qu'elle a quitté son jogging pour un jean noir qui lui va à ravir (si vous voyez ce que je veux dire...).

- Descend Barthe, je te rejoins dans deux minutes. répond Loïs d'une voix neutre.

Elle se tourne vers moi.

- Tu vois, je t'ai dit que j'allais pas t'embêter longtemps.

Et elle s'enfuit par la fenêtre. Bon finalement ça n'a pas l'air si difficile de passer parce chemin ! Bon demain je dois me lever à 6h45 alors je ferai mieux de dormir.

Au domaine d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant