Chapitre 35 : La lueur est un rayon

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Je me liquéfie sur place. Je veux que le temps s'arrête, là, maintenant.

Je tombe à terre, mes jambes ne tiennent plus. Je n'entends que les coups sur la porte, qui résonnent dans mon crâne. La scène, G, Mettaton...tout a disparu. Il ne reste que moi, Chara, dans le noir, avec la mort qui toque à la porte.

On est foutus. Je veux mourir. Tout l'espoir qui m'animait jusqu'à présent me quitte soudainement. La peur, le désespoir, la solitude, la mort...je suis condamnée.

G s'interpose entre moi et mes pensées noires, sans prévenir. Il s'accroupit en face de moi et prend mes mains dans les siennes. Il plante son regard dans mes yeux avec tant de ferveur que je me sens obligée de le soutenir.

- Ne lâche rien, me murmure-t-il. C'est la dernière ligne droite avant la fin. Tu ne peux pas te permettre d'abandonner... Tu ne peux pas les laisser gagner.

Il marque une légère pause.

- Je ne vais pas la laisser gagner. Et rappelle-toi : tu n'es pas seule...

- Si, je le coupe faiblement. Je suis seule, face à elle, dans le noir. Je veux mourir. Je suis tellement...faible. Tout est sombre...

G se rapproche de mon visage et me prend par les épaules. Mon cœur rate un battement et accélère son rythme. Je me sens transpercée de partout pendant une fraction de secondes par la brutalité de l'émotion qu'il me transmet.

- Je suis là, m'interrompt-il.

Je retiens mon souffle. Il me sourit moqueusement, mais je sais qu'il a rarement été aussi sérieux.

- Ose me dire que tu es seule, droit dans les yeux. Ose même le penser.

Il se relève. Mon champ de vision redevient normal, ainsi que mon souffle. Mon cœur, lui, continue sa danse effrénée. C'est alors à cet instant que j'ai le déclic.

Tant que mon cœur bat toujours, il n'y a aucune raison d'abandonner.

Cette pensée me donne la force de détacher mon regard de la porte, qui risque de se fracasser à tout moment, et de me relever aux côtés de G.

Celui-ci ne me dit rien, mais repasse son bras autour de ma taille pour me soutenir.

Je ne suis pas seule.

Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de pensées réellement lucides.

Pendant ce temps, Mettaton a fait passer différents récents scoops. Le nôtre arrive en dernier.

Rester debout aussi longtemps ne m'est pas conseillé. Je suis obligée de m'accrocher à G du peu de forces qu'il me reste. Ce dernier ne réagit pas et reste concentré sur Mettaton et l'émission. Puis soudainement, il tire une chaise de nulle part et m'assoit dessus.

- Mes amours ! s'exclame Mettaton sur le plateau. Voici maintenant LA révélation que j'ai à vous confier ce soir ! Cette révélation, qui animera votre cœur, votre âme, vos discussions ! Drama ! Action ! Meurtres ! Et amour ! seront au rendez-vous... Soyez prêts ! Même si vous ne le serez jamais.

Le fond derrière lui affiche soudainement une photo de G et moi. Nos photos en tant que prisonniers.

Des bruits de cris de spectateurs choqués sortent des enceintes.

- Une tragédie ! Une incompréhension ! Ne les jugez pas trop vite, mes enfants... Et croyez-moi ! J'ai les sources que je présenterai pour rétablir la vérité !

Le robot exécute un joli clin d'œil. Des vidéos du squelette et moi défilent à présent. Je vois alors des choses que je n'avais pas remarquées auparavant. La manière dont G m'a regardée, juste après mes aveux, quand Mettaton nous a recueilli, et que j'évitais son regard à tout prix. La tension se fait sentir dans toute la salle. Le robot lâche un petit hoquet d'exclamation lorsque la vidéo montre G fermant la porte derrière nous, lors de notre "moment en privé". Si mon sang circulait correctement dans mon corps, j'aurais rougi comme je n'ai jamais rougi.

- On va devoir bientôt passer, chuchote G.

Les coups sur la porte sont de moins en moins fréquents. Peut-être vont-ils abandonner ?

Je me lève aux côtés du squelette, chancelante. Ce dernier m'attrape immédiatement et me ramène près de lui pour me retenir directement. Je me concentre au maximum sur les battements effrénés de mon cœur, dans le but de les calmer au maximum.

- Veuillez aimer bien fort... Frisk et G ! hurle Mettaton dans son micro.

Nous entrons sur la scène. Je ne sens d'un coup plus mes jambes. Elles avancent toutes seules, décidées, mais je ne m'en rends pas vraiment compte.

Nous nous asseyons dans un canapé de velours rouge. Je sens à peine mes genoux se plier. G reste collé à moi, alors que je n'en ai plus besoin. Je ne comprends pas son comportement, et n'ose pas tourner la tête afin de sonder son visage et de découvrir quelle émotions l'habite.

Mettaton enchaîne avec une question pour le squelette :

- My friend ! Alors, étonne-nous ! Depuis combien de temps es-tu en cavale comme ça ?

- Depuis que la barrière entre les monstres et les humains a été détruite, répond-t-il d'une voix posée.

Des bruits d'étonnement du faux public nous hurle dans les oreilles. Mettaton affiche également une bouche choquée.

- Pourquoi as-tu été emprisonné ? Toi qui es si gentil, si serviable !

Il me fixe durant toute sa réplique. J'ai envie de rentrer dans un trou.

Je sens G poser sa main sur la mienne...qui se trouve sur sa cuisse. Je fronce les sourcils nerveusement : je ne me rappelle pas avoir bougé ma main...

- J'ai été accusé à tort de meurtre, déclare-t-il en haussant la voix et se redressant. Accusé à tort d'avoir assassiné mon propre frère !

Je jette un coup d'œil vers lui. Sa cage thoracique se soulève rapidement. Ses yeux brillent d'émotion. Enfin, la vérité éclate. Enfin, elle est dite et acclamée.

Je sursaute quand la porte cède. Je crois mourir de l'intérieur quand je vois la gare royale s'engouffrer dans la salle où nous tournons.

Et tout au fond, Asriel, qui s'avance aux côtés de Chara.

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant