Je vois, toujours au ralenti, la balle traverser le cœur du garde. Puis son expression meurtrière se transformer en surprise, en horreur, en désespoir... Et enfin, la pire...
Le regret.
Je suis choquée. Je manque de laisse tomber mon arme. G remarque immédiatement mon état. Il me pousse en avant. Je ne sais pas si c'est violent ou doux, comme toucher. Je le sens à peine.
Mes jambes peinent à fonctionner toutes seules et se dirigent vers la sortie, la liberté, mais je n'arrive pas à détourner mon regard du garde qui continue de s'effondrer.
Je vois lentement ses jambes céder. Ses genoux toucher le sol. Je le vois porter ses mains à son cœur, là où il a été touché.
Là où je l'ai touché.
Lorsqu'il les retire, elles sont tâchées de sang.
Je me sens serrer les poings. Mes ongles se plantent dans ma peau. Le sang est partout.
Contrôle-toi !
J'entends Chara rire tout au fond de ma tête.
Suis-je en train de devenir folle ?
Puis j'arrive là où la Barrière s'est dressée, à une époque que je ne connais pas, entre les monstres et la surface. Le garde est hors de mon champ de vision. Mais cette image demeure dans ma tête, elle ne veut pas partir.
L'instant où je quitte l'Underground avec G aurait dû être le moment le plus touchant et le plus marquant de ma vie. Pourtant, je le passe dans un état second. Je revois la scène, encore et encore.
Pourquoi je n'ai pas manqué ma cible ?
Pourquoi a-t-il fallu que je réussisse mon premier tir ?
Je sens G presser le pas. Son bras derrière mon dos, au niveau de mes épaules, se fait plus insistant.
Je presse aussi le pas. Pour vite quitter cet endroit maudit.
Regrets, regrets, regrets...
Je suis incontrôlable.
Je sens le soleil sur ma peau.
Il est insupportable.
G me lâche. Je tombe par terre. Je craque alors et laisse les larmes couler.
La douleur est insupportable. Chara rit encore plus fort. Puis, curieusement, avec mes larmes, je me mets à rire avec elle.
Ce rire est amer. Ironique. Je ne comprends pas pourquoi je ris, mais je le fais... J'ai l'impression que ça m'aide à supporter cette douleur, poignante, qui enferme mon cœur, mon corps et ma conscience.
Je me relève doucement. Je vois G contempler le soleil avec un air béat. Je ne l'ai jamais vu comme ça. La surprise stoppe alors mon rire. Mais les larmes continuent de couler le long de mes joues.
Je me mets à côté du squelette. J'observe moi aussi le soleil, à ses côtés. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas admiré...
- J'ai tué quelqu'un, je murmure.
Je commence à apprécier un peu la chaleur de cette grosse boule jaune et orange.
- Ce sera la dernière fois que tu fais ça, dit-il en détachant son regard du soleil pour m'observer.
Je ne lui rends pas son regard. Quelque chose se déchaîne à l'intérieur de moi.
- Ça ne change rien, je réponds. Tu sais ce que ça veut dire, G ? Ce que j'ai fait ?
Il ne réplique rien.
- Ça veut dire que je suis une criminelle. Et que la justice va me ramener en-dessous.
Je suis déjà en train de m'enfoncer...
- Ça veut dire que j'ai enlevé la vie de quelqu'un. Que je lui ai arrachée. Sans qu'il ne le veuille. Que j'ai décidé de quelque chose dont je n'avais pas le droit d'agir...
Mes larmes sont de plus en plus nombreuses. Je ne contrôle plus rien.
G fait alors quelque chose qui, pour lui, est sûrement un effort surhumain.
Il pose sa main sur mon épaule.
Étonnamment, son contact est chaleureux. Il est plus chaleureux que le soleil, qui brille au-dessus de nos têtes.
La chaleur de ce contact se propage dans tout mon corps. Plus particulièrement, il touche mon cœur. D'une façon étrange. Quelque chose se bouleverse au fond de moi.
Je ferme les yeux pour apprécier cela. Je sens mes larmes couler de moins en moins le long de mes joues. Je pense que je commence à reprendre le contrôle...
Ma respiration est maintenant plus calme, moins saccadée.
- ...as-tu déjà tué ? je demande en murmurant.
Silence. Je ne pleure plus. Je ne regarde plus le soleil non plus. Il est trop éblouissant pour mes pauvres yeux.
J'attends la réponse de G. J'ai l'impression qu'il cherche ses mots.
- Tu as juste à répondre « oui » ou « non »...
Je l'entends soupirer. Il ne retire pas sa main de mon épaule.
- Oui. J'ai déjà tué, souffle-t-il tout bas.
Je ferme les yeux très fort. Mon cœur bat à toute vitesse.
- Quand ?
Je l'entends respirer fortement près de moi.
- Je ne sais plus.
Je me souviens alors qu'il m'a dit avoir perdu la notion du temps ici. Qu'il ne se souvient même plus de son anniversaire.
- Je comprends, maintenant, je murmure. J'aimerai oublier un jour.
Je serre mes poings. Le pistolet qui a tué le garde est toujours dans ma main. L'arme est tellement froide...
Comme mon cœur au moment de cette action...
Comment ai-je tout simplement pu... ?
La prise de la main de G sur mon épaule se resserre. Je m'apprête alors à jeter l'arme du crime qui a désormais changé ma vie. Je balance mon bras vers l'arrière, toute tremblante.
- Non...murmure G.
Il m'attrape le poignet et me retient dans mon élan. Je suis trop faible face à lui, et ne trouve pas la force de le repousser. Je tremble encore plus.
- Je pourrai en avoir besoin plus tard.
Je laisse alors juste tomber le pistolet derrière moi. G me lâche le poignet et l'épaule, et je dois faire un effort de plus pour rester debout.
Mon cœur me fait mal... La fissure à l'intérieur grandit.
- De toute façon, tu n'auras plus besoin de t'en servir après puisqu'ils ne te verront plus avec moi.
Une deuxième fissure se forme.
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Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!Frisk
FanfictionÇa fait 3 ans. 3 ans qu'elle le voit régulièrement en rêve. Qu'elle entend sa voix, qu'elle entend cet appel déchirant. Même sans le connaître, Frisk veut l'aider. Elle ne le connaît pas, il ne la connaît pas. Lorsque tout s'intensifie, elle n'en p...