Chapitre 12 : Toujours plus sombre

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Tout s'embrouille dans ma tête. Je ferme le fichier. Le pire, c'est que juste en bas, il y a le fichier que je cherche. « Chara ».

Je le copie sur la clé USB que G m'a donnée. Toutes ces actions, je les fais mécaniquement. Mon esprit est bloqué.

Tous mes proches... ?

Je retire la clé USB de l'ordinateur. J'ai envie de pleurer. De crier. De faire quelque chose qui exprime la douleur qui commence d'envahir mon cœur.

- Qu'est-ce-que tu fais ? Tais-toi ?

G plaque une main sur ma bouche. Il a l'air furieux.

Puis je remarque que je suis en train de crier. Les larmes ne coulent pas. Mais mes ongles sont plantés dans mes paumes, si fort que je peux sentir le sang couler...

Suis-je en train de perdre le contrôle sur mon propre corps ?

J'essaye de me détendre en respirant plus lentement, et moins fort.

- Filons d'ici ! souffle G en me poussant vers la sortie.

J'essaye de reprendre le contrôle de mon esprit et de mon corps. J'entends déjà des hurlements au loin. Ça commence à me réveiller de cette étrange transe dans laquelle je suis plongée.

Je me mets alors à courir. Très vite, G me dépasse. Lorsqu'il passe à côté de moi, je l'entends siffler « Imbécile ».

Nous sommes obligés de prendre l'ascenseur pour quitter le Laboratoire Originel. Dès que les portes se referment, G me pousse violemment contre un mur, ses yeux s'allumant d'une teinte jaune. Il est furieux.

Je grimace lorsque je heurte le mur. Le choc me fait vite monter les larmes aux yeux.

- Qu'est-ce-qu'il t'a pris ? Pourquoi tu as tout gâché, hein ? Pourquoi tu t'es mise à crier comme une pauvre gamine perdue qui a besoin de sa maman pour survivre ? hurle-t-il. Regarde-moi quand je te parle ! Ne fixe pas le sol avec cette expression abattue ! Tu n'es vraiment qu'une princesse qui a besoin qu'on vienne la sauver dans son donjon, n'est-ce-pas ?

Je lève la tête vers lui. Les larmes ne sortent pas.

Je veux le frapper, l'entendre crier, souffrir, je veux voir la mort envahir ses yeux. Espèce d'égoïste.

Nous restons à nous regarder dans le blanc des yeux jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur se rouvrent. Il tourne la tête et s'enfuit en courant dehors.

Je mets juste une petite seconde avant de réagir.

Hors de question de le perdre.

Je cours derrière lui. Lorsque nous entendons des gardes commencer à crier : « Là ! », nous accélérons tous les deux en synchronisation, moi un peu plus vite que lui. G me ramène à côté de lui.

Je cours à côté de lui. Comme dans mes rêves.

Mais en mieux.

Je peux l'entendre respirer, caler mon souffle sur le sien, mon rythme aussi... Faire des efforts avec lui.

Je ne sens plus la fatigue engourdir mes jambes. Le frisson m'enlève tout sentiment de terreur pour laisser place à l'adrénaline.

- Droite, souffle G d'un coup.

Je ne réponds pas pour ne pas gaspiller mon souffle, mais je me prépare à tourner à droite. Dès que je le vois dériver, je suis le mouvement.

- Droite.

Etc.

Je n'ai jamais couru aussi longtemps. J'essaye de tenir bon. Je sens la satisfaction m'envahir lorsque je remarque que j'arrive à tenir la cadence.

Les gardes fatiguent. Ils s'éloignent de plus en plus. Nous sommes de nouveau dans Waterfall, à la limite de Snowdin.

Puis G s'arrête. Je dérape pour tenter de me stopper et tombe par terre. Je vérifie derrière nous ; personne.

Je m'allonge sur le sol. Je suis épuisée. Je n'en peux plus.

C'est le moment où je craque. Je ferme les yeux et laisse les larmes couler.

- Tu peux être fière de toi..., siffle G entre deux respirations. A cause de toi, on...

- Je l'ai, je l'interromps soudainement.

Les larmes coulent sur mes joues. Je suis fatiguée... L'adrénaline de la course a définitivement quitté mes veines.

- Tu as quoi ? me demande G d'une voix ébahie.

- J'ai la vidéo. Sur la clé, je réponds d'une voix un peu plus forte.

Je l'entends se rapprocher de moi d'un pas lourd. Je rouvre les yeux. Il est penché au-dessus de moi et m'observe.

- Où ? demande-t-il.

J'ouvre ma main gauche lentement. Il écarquille les yeux lorsqu'il voit la clé USB. Il la prend délicatement entre ses doigts osseux, comme si elle représente la huitième merveille du monde. Pour lui, ça doit l'être.

- Merci, princesse, dit-il en m'offrant un sourire. Maintenant, pourquoi as-tu crié ?

Je garde le silence un instant.

Mettre des mots sur ma souffrance est-il une bonne idée ? Surtout à lui ?

Puis, je me rappelle de quand il s'est énervé dans l'ascenseur.

- Je suis tombée sur un fichier... Qui a, en quelque sorte, mon nom...

Je déglutis.

- C'était un rapport d'une mission...qui consistait à tuer tous mes proches, à la surface.

Je fonds alors en larme. Son visage est figé. Il m'offre alors un regard compatissant.

- Je suis désolé... Je te comprends.

Je vais le tuer.

J'essaye de me lever avec le peu de force qu'il me reste. J'échoue. Je tombe à genoux. Les larmes que je verse tombent sur le sol.

Je frappe le sol avec rage et tristesse. Je pense à la dernière fois que j'ai parlé avec ma mère. On s'est disputées. Je me suis enfuie. Puis, je suis tombée.

Je repense à Eleonore ; si gentille avec moi. Elle a essayé de m'aider. Mais je l'ai repoussée sans cesse avec égoïsme, en me refermant sur moi-même.

G s'approche lentement de moi. Je l'entends, le bruit de ses pas sur le sol humide de Waterfall. Il se penche un peu, et...

Il me tend la main.

J'observe un instant ces os si blancs devant moi. Pendant un temps infini, ou juste quelques secondes. Et je la prends. Une décharge électrique me parcourt le bras lorsque mes doigts entrent en contact avec les siens. Il m'aide à me relever. Je n'ose pas lever la tête pour affronter son regard. Puis il s'éloigne d'une démarche nonchalante.

***

Il revient une heure plus tard. Je suis assise sur le sol, les genoux ramenés contre moi, mes bras entourant mes jambes. Je me balance d'avant en arrière pour canaliser mes émotions, les yeux dans le vide.

- Tu es calmée ? me demande-t-il sans émotions.

Je lève les yeux vers lui. Il est en train de fumer, une main enfoncée dans une poche de son pantalon. Mon cœur se met soudainement à battre un peu plus fort. Je dois avouer qu'il est plutôt sexy, comme ça.

Qu'est-ce-que je raconte, moi ?

Je me relève et chasse cette dernière pensée de ma tête. Je ne réponds pas à sa question légèrement stupide.

Parce que oui, elle l'est.

C'est évident que je ne serai jamais complètement calmée.

- Je prends ça pour un oui.

Je retiens un soupir et me contente de croiser les bras en fixant le sol.

- Passons à la prochaine étape avant de nous quitter, princesse.

Nous quitter ?

Je relève brusquement la tête.

- Il faut se casser de cet endroit.

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant