Chapitre 2 : L'écho d'un appel à l'aide

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Les rêves et les visions sont de plus en plus fréquents. En deux mois, je suis tombée malade trois fois. Et une fois, je n'ai pas pu aller au lycée à cause de la fatigue.

Mes notes sont en chute libre. Mes parents s'inquiètent énormément pour moi.

Ils s'inquiètent même trop à mon goût. Je me dispute de plus en plus souvent avec eux, le soir. Je m'énerve pour un rien, le cri du squelette résonnant toujours dans mon crâne.

Le matin, je suis trop fatiguée pour courir, donc je marche et j'arrive en retard. Je ne vois donc plus Eleonore le matin. Mes amis ont essayé de me soutenir et de m'aider. Sans succès.

Je ne pense pas que quelqu'un puisse comprendre un jour...

Je commence aussi à de moins en moins douter de l'existence du squelette. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais quelque chose au fond de moi y croit très fort, et en est même certain. Et cette chose a pris beaucoup plus d'ampleur en deux mois qu'en trois ans.

Dans mes rêves, je me contente d'observer le squelette. Lorsqu'il se fait poursuivre, je prie pour qu'il arrive à s'échapper. Lorsqu'il se fait prendre, je ferme les yeux très forts et essaye de me concentrer sur autre chose que sur son cri, ses yeux vides, les sentiments négatifs qui s'échappent de son appel.

***

- ...Frisk ?

Je me réveille soudainement. Où me suis-je endormie, cette fois ?

J'entends quelques rires, qui me réveillent complètement.

J'ai le nez dans mon cahier.

Oh non...

- Frisk ?

C'est le prof de français qui me parle. Je me redresse complètement sur ma chaise. Mes joues brûlent sous la honte.

- C'est la dernière fois que je serai tolérant avec tes petites siestes en classe.

Les regards se détournent et je peux respirer à peu près normalement.

A la fin du cours de français, Eleonore ne prend même pas la peine de me demander si ça va. Elle sait que je mens lorsque je réponds « Oui ». Elle m'a juste dit qu'elle est là pour moi, et qu'il suffit que je l'appelle pour en parler.

A la place, elle tente de me distraire en se plaignant du cours et de son dernier ex qui tente de la reconquérir.

Je l'écoute à moitié. J'essaye de réagir un minimum, mais je sais qu'elle voit bien que je ne la suis pas.

Une autre vision. Des murs, avec des panneaux électriques dessus. Quelque chose est écrit en vert dessus. Et c'est tout ce que je peux voir, avant de basculer de nouveau dans la réalité.

- Non !

Je tourne brusquement la tête. J'ai entendu quelque chose. Quelque chose de familier.

D'un peu trop familier, non ?

- Frisk ? Ça va ? s'inquiète Eleonore.

Je dois en être sûre.

- Tu n'as pas entendu quelque chose...d'anormal ? je demande alors.

Eleonore, surprise que je réponde autre chose que « Oui, ça va » ou « Ne t'inquiète pas », met plusieurs secondes à répondre.

- Euh...non, désolée... Tu es sûre que tout va bien ?

- Oui, pardon. Je suis juste fatiguée.

Eleonore me lance un regard étrange, mais ne me dit rien. Je lui en suis reconnaissante pour ça.

Pourtant, le « Non ! » que j'ai entendu tourne en boucle dans ma tête. Il couvre même le cri du squelette...

***

- C'est une erreur !

J'arrête de marcher et relève la tête subitement. Cette fois, je l'ai clairement entendu.

Cette voix...c'est celle du squelette.

- Laissez-moi !

Mon cœur rate un battement.

Suis-je en train de devenir folle ?

Le cri semble venir de la droite. Direction la forêt, et derrière la forêt, les montagnes. Mes parents et moi y allons souvent, pendant les vacances où nous ne partons pas autre part, pour y faire une randonnée.

Curieusement, je veux poursuivre la voix. La trouver. L'aider.

Je secoue la tête et continue de marcher vers chez moi. Finalement, je finis par courir pour combattre l'envie inexplicable de poursuivre la voix du squelette.

Je n'ai pas réentendu la voix de toute la soirée. Par chance, je croise à peine mes parents ce soir, ce qui limite donc les chances de dispute.

Je me couche en priant pour que le squelette ne fasse pas son apparition dans un rêve cette nuit. J'aimerai avoir la possibilité de dormir réellement, de me reposer, et que tout redevienne comme avant...

Chaque soir, j'espère ça, et j'ai une chance sur mille pour que ça marche. Et plus le temps passe, plus j'ai l'impression que les chances se réduisent.

Avec un soupir, je me glisse dans mon lit et ferme les yeux, épuisée. Le noir m'engloutit, et je tombe, tombe, tombe...

Quelque part.

***

Le squelette est dans une prison. Il donne des coups sur la porte de sa cellule, infatigable. Au début, il frappe avec colère, puis l'émotion dans ses coups perd en intensité. Il frappe à présent avec désespoir. Durant tout mon rêve, il frappe, encore et encore. Personne, dans les autres cellules, ne lui dit d'arrêter. Peut-être ont-ils déjà essayé ?

Le bruit de ferraille rouillée devient de plus en plus insupportable. Je prie pour me réveiller, les yeux fixés sur le visage du squelette, désormais si familier.

Je ne le connais pas. Il ne sait même pas que j'existe. Pourquoi est-ce-que je rêve de lui ? Pourquoi ai-je ce désir ardent de l'aider, de l'épauler ? Accompagné d'un sentiment d'injustice ?

Je sais qu'il est dans l'Underground. Mais où se trouve l'entrée ? Peut-être devrai-je chercher, juste pour en avoir le cœur net.

Puis je me rappelle que c'est la prison où sont enfermés les pires criminels au monde.

Qu'a-t-il fait pour se retrouver ici ? Ou plutôt... Que n'a-t-il pas fait ? En l'observant, j'ai envie de le connaître, même s'il n'a pas l'air très gentil et ouvert. Cette envie grossit un peu plus chaque jour. A vrai dire, au bout de trois ans, j'aimerai bien avoir un peu plus d'information.

Les coups du squelette s'accélèrent. Je remarque alors que les barreaux se détachent de plus en plus du mur.

Il doit être extrêmement fort.

- Tu peux le faire, je murmure avec détermination. Encore un petit effort.

Les coups redoublent. Les barreaux se détachent. Quelqu'un hurle, et le squelette se précipite dehors. Il court le plus vite possible, et malgré ses efforts de tout à l'heure, il parvient à courir en accélérant progressivement pendant plus de quinze minutes.

Peut-être que sa condition de squelette l'aide.

Moi, je ne peux rien faire d'autre que de la suivre. Je ne suis pas obligée de courir. Je le suis, c'est tout. J'ai déjà essayé de m'éloigner de lui, impossible. Je suis ramenée vers lui, comme ça.

Comme si le destin m'a condamnée à le suivre, pour toujours.

Si un jour, je te trouve, je ne te lâche pas.

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant