Chapitre 15 : Quelque chose où s'accrocher

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Je me fige.

- Comment ça ? je demande prudemment.

Dans son regard, il n'y a à présent plus aucune émotion, aucun sentiment. La deuxième fissure dans mon cœur grandit.

- Nous avons un marché, tu te souviens ? Tu m'amènes à la surface, et je te protège. Je pense qu'on y est, là. C'est le moment où nos chemins se séparent.

Ces paroles...

Comment ose-t-il me parler comme ça ?

Je me tourne brusquement vers lui, les yeux écarquillés. Les larmes montent de nouveau...

- Non ! je m'exclame avec désespoir et terreur.

Son regard est toujours vide. J'ai l'impression de sentir ma poitrine se creuser doucement. C'est tellement intense que j'en ai le souffle coupé. La douleur refait surface, mais en pire. Et je ne peux rien y faire.

Je ne peux pas croire que je me suis autant attachée à lui... Je veux m'arracher le cœur de la poitrine pour ne plus rien ressentir...plus jamais.

Mais sans lui, où irai-je ? Je n'ai plus personne à qui me raccrocher. Il est ma seule chance de survie...

- Quoi non ? Ce n'était pas ce qu'on avait conclu ? demande-t-il ?

- Si, mais...

- Alors je ne vois pas où est le problème.

Je me creuse la tête désespérément pour trouver un bon argument. La panique et le stress n'aident pas...

- Tu n'as pas d'argent pour t'acheter de quoi manger !

G laisse échapper un rire cynique.

- Je n'ai pas besoin de manger pour survivre, petite ignorante. Je suis un squelette.

Je faillis me claquer. Une autre flèche vient se planter dans mon cœur.

Je ne devrais pas souffrir autant !

Je me mords la lèvre et réfléchis à toute vitesse. Il ne bouge pas et m'observe. C'est dérangeant et déstabilisant.

- Tu n'as pas d'endroit où dormir ! Tu risques d'avoir froid la nuit !

Cet argument ne tient pas. Je le sais. Je sais que je vais encore me faire recaler par lui, et je sais que ça va encore faire mal.

Pourtant, j'espère toujours.

Il ne bouge pas, et répond d'une voix lassée :

- Je ne crains pas le froid.

Il en a marre de moi...

Pourquoi ne part-il pas, alors ? Je le dévisage, les larmes menaçant toujours de tomber à tout moment. Je n'ai jamais réfléchi aussi vite.

- Tu ne connais pas la surface, je lance brusquement. Tu ne sais pas où aller, comment, tu ne connais pas la technologie, tu ne sais pas comment les choses ont évoluées.

Il me fixe. Son regard est toujours vide. Mais il ne dit rien, parce qu'il n'a rien à dire. J'ai trouvé le bon argument, et je me sens fière de moi.

A mon grand soulagement, le coin de sa lèvre tremble un instant, et pendant une demi-seconde, je peux l'apercevoir me faire un demi-sourire amusé.

Alors, je souris moi aussi. Je commence à enfin respirer à peu près normalement.

- C'est donc à ce moment-là que je suis censé t'applaudir pour ton intelligence ? ironise-t-il.

Mon sourire grandit, et je laisse échapper un petit rire.

Il est fort...Et dire qu'il y a cinq minutes, j'étais au bord de la crise !

Ce rire me fait du bien... Il allège l'énorme poids que je porte sur mes épaules... Je respire mieux.

- Et juste après, ce sera le moment où j'impose mes règles.

Je relève le menton. Je me sens plutôt contente de m'imposer comme ça.

- Qui sont donc : ne pas douter de moi lorsque je dis qu'il faut aller à droite ou à gauche, m'obéir lorsqu'on se retrouve dans une situation où nous devrons parler à des gens, et ne pas parler de l'Underground.

Il réfléchit un instant.

- Ça me semble être un bon compromis, répond-il alors. Mais ne nous mène pas à la Mort, princesse.

Il me tend l'arme qu'il a reprise quelques temps plus tôt. J'hésite une fraction de secondes, la gorge soudainement nouée, avant de la saisir.

Elle semble encore plus lourde et froide...J'ai l'impression que si je ne fais aucun effort, elle m'entraînera au sol, puis traversera la terre en m'emportant avec elle...

Je serre le pistolet et évacue lentement l'air de mes poumons. G m'observe, je le sens. Je reprends mes esprits et commence à marcher pour descendre cette montagne et rejoindre la terre ferme, que j'ai quitté il y a cela bien des mois...

Mais j'y retourne avec la conviction que je ne suis pas folle...peut-être.

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant