Chapitre 9 : Rencontre avec son pire cauchemar

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J'ouvre la bouche. La referme. Réfléchis un instant. Commence à paniquer.

Le squelette ne fait absolument rien pour m'aider. Il serre les poings, même.

- C'est...euh...assez compliqué à expliquer, je bredouille.

- Ah oui ? siffle-t-il ? T'es une espionne ? Quelqu'un t'a envoyée ici pour me manipuler ?

- Non ! je m'écrie. Je suis venue ici de mon propre gré !

Puis je repense à cette maudite racine entre moi et le trou.

- Enfin... si on veut.

- Si on veut ? Ça veut dire quoi ?

- J'ai trébuché sur une racine. C'est ce qui m'a fait tomber dans le trou...

Il m'observe. Je sens son regard me brûler. Je le fixe aussi, puis pose enfin la question qui me torture l'esprit depuis trois ans :

- Qui es-tu ?

Un temps de réaction. Puis il éclate de rire.

- Qu'est-ce-qui est drôle ?

Je croise les bras, vexée.

- Désolé, princesse, tu me suis, je suis obligé de sauver ta misérable vie, et c'est toi qui me demande qui je suis ? C'est assez ironique. Toi, t'es qui ?

Il n'a pas tord... Autant me présenter d'abord.

- Je suis Frisk.

Il sait enfin qui je suis.

- Pourquoi tu me suivais ?

Je lâche un rire gêné pour moi-même.

- Ça risque d'être assez étrange, je dis en rivant mon regard au sol.

Il hausse les épaules. Je me mords la lèvre inférieur, respire un bon coup et me lance :

- Ça fait trois ans que je rêve de toi.

- Pardon ?! s'exclame-t-il. Tu es sûre que tu as toute ta tête ? Franchement, c'est la première fois que j'entends une excuse aussi pourrie pour venir me parler.

- Je sais ! je le coupe. Pourtant, c'est vrai. Ces deux derniers mois, ça a commencé à être de plus en plus fréquent...

- Et je faisais quoi dans ces rêves ?

Je ravale ma salive.

- La plupart du temps, tu te faisais poursuivre par des gardes. Mais dans chaque rêve, à la fin, tu criais. Au bout d'un moment, pour moi, ça en devenait insupportable. A chaque fois, on aurait dit que tu appelais à l'aide. Et il y a quelques semaines, j'ai commencé à entendre ta voix quand j'étais éveillée. Un jour, je l'ai suivie, et me voilà.

Silence. Je relève la tête. Nos yeux se croisent. Je n'arrive pas à voir s'il est en colère, choqué, ou soulagé.

Au bout d'un moment – qui me paraît interminable – il ouvre enfin la bouche :

- Ne me fait pas croire que tu as fait tout ça pour trouver quelqu'un dont tu ne connais rien.

Quelque chose au fond de moi se réveille.

- Excuse-moi, mais au bout de trois ans, avec un rêve environ toutes les deux semaines, puis au bout d'un moment, presque toutes les nuits qui m'ont empêchée de bien me reposer la nuit, des cris qui ont raisonnés encore et encore dans ma tête, des confessions dépressives à longueur de journée, eh bien crois-moi, j'ai eu envie de me bouger.

Je pèse chaque mot que je prononce. Je les articule en le regardant dans les yeux. Et j'espère que chaque phrase l'atteint, et qu'il y réfléchit bien.

Il décroise les bras. Il me juge du regard. Puis il lâche enfin :

- Je suis G.

J'écarquille les yeux.

Enfin.

Je peux enfin mettre un nom sur cette voix, cette silhouette...

- Ça fait donc trois ans que cet endroit est devenu une prison ? demande-t-il.

- Oui. Tu ne le savais pas ?

Il ricane amèrement.

- Ça fait bien longtemps que j'ai perdu la notion du temps. Tu aurais dû rester tranquillement chez toi, princesse.

- Impossible. J'aurai fini par mourir de manque de sommeil. Et mon nom est Frisk.

- Princesse te va clairement mieux, réplique-t-il. Tu ne sais pas où tu as mis les pieds. Rentre chez toi.

- Non ! je proteste.

Il hausse un sourcil.

- Et pourquoi ?

- Parce que je viens à peine de te retrouver ! Et je ne te lâcherai plus !

Je ne sais pas où je trouve le courage de clamer le fond de ma pensée.

- Je me débrouille très bien tout seul. Je n'ai besoin de l'aide de personne. Tu ne sais même pas pourquoi je suis en prison, je parie.

Aïe. Il m'a bien piégée.

- Alors explique-moi.

- Dans tes rêves. Enfin, ceux où je n'y suis pas.

Vexée, je lève un sourcil. Je ne l'ai pas imaginé aussi désagréable que ça.

- Qu'est-ce-que tu as fait d'aussi horrible que ça ? je demande.

- Je n'ai rien fait ! s'énerve-t-il brusquement.

Je recule d'un pas, surprise par sa soudaine colère.

- Alors qu'est-ce-que tu n'as pas fait ? je rectifie.

Je sais très bien qu'il ne devrait pas être là, enfermé sous terre. Que c'est une erreur. Un malentendu...

- Pourquoi est-ce-que je devrais me confier à toi ? contre-attaque-t-il.

Il a vraiment l'air en colère... Mais ça ne me fait pas reculer. Au contraire, cela renforce ma détermination et me pousse à insister.

- Parce que comme ça je pourrai mieux t'aider, je réponds naturellement.

- Apparemment, gamine, t'as mal compris ce que j'ai dit. J'ai besoin de personne. Et surtout pas d'une petite princesse comme toi.

Je sens les larmes me monter aux yeux, mais je les ravale immédiatement. Non, ses paroles ne m'ont pas touchée. Non, elles ne sont pas en train de me briser le cœur.

Pourquoi ça fait si mal ?

Je serre les dents et me reprends.

Je ne ressens rien.

Je croise les bras et le défie du regard.

- Je sais que tu as besoin d'aide. Je t'ai entendu. Tu ne peux pas le nier.

G ouvre la bouche, mais avant que n'importe quel son horripilant n'en sorte, je le coupe :

- Peut-être qu'on pourrait...s'arranger ?

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant