Chapitre 19 : La probabilité de se relever

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C'est la nuit.

Il fait noir, il fait froid, c'est effrayant.

G a refusé qu'on fasse un feu, ça peut attirer les gardes. Il a sûrement raison, mais ça ne m'empêche pas de crever de froid.

Et en plus, il y a du vent. Un beau vent, fort, qui fait siffler mes oreilles comme jamais. J'ai beau être complètement épuisée, je n'arrive pas à dormir pour reprendre des forces, malgré que G me l'ait ordonné d'une voix ferme et glaciale.

Et puis comme si ça ne suffit pas, j'ai faim et soif. Mon ventre et ma gorge me le rappellent à chaque seconde qui passe.

Comment s'endormir paisiblement dans de telles conditions ? C'est juste impossible, sauf pour les insensibles.

Comme G, par exemple.

Ah oui, et le squelette ronfle aussi. Niveau discrétion, c'est complètement raté, et je me ferai une joie de le lui rappeler demain lorsqu'il me gueulera dessus sur ma discrétion à moi.

Je suis complètement recroquevillée sur moi-même, sur des horribles brindilles qui craquent à chaque respiration, et à côté de fleurs étranges dont l'odeur a le don de me faire éternuer toutes les cinq secondes.

Au bout d'un moment, je finis par me retourner le plus lentement et doucement possible pour me mettre sur le dos et essayer de distinguer les étoiles à travers les branches des arbres au-dessus de moi. Je ne reconnais rien du tout. N'empêche, le ciel m'a manquée. Ça fait combien de temps que je n'ai pas pris le temps de l'observer ? J'essaye de compter les jours qui se sont écoulés depuis le moment où j'ai fugué de chez moi. Puis je me rends compte avec horreur que j'ai complètement perdu la notion du temps qui s'est écoulé à partir du moment où j'ai trébuché sur cette foutue racine.

Je pousse un soupir et ferme les yeux. Comment j'en suis arrivée là ?

Je me souviens de mon premier rêve.

Tout semblait si détaillée... Lorsque j'ai vu G, je me souviens de ce que j'ai ressenti... Une sorte d'électrochoc. Et lorsque je l'ai eu enfin sous mes yeux, cet électrochoc est revenu. En plus vif, plus fort, il est resté plus longtemps aussi... J'ai senti quelque chose dans mon ventre.

Maintenant, à chaque fois que mes yeux se posent sur lui, mon corps tout entier se souvient des électrochocs... D'ailleurs, au moment où je pense à tout ça, une étrange chaleur parcourt mon corps.

Ça fait presque mal. C'est dévorant.

- Frisk ?

Je sursaute et me redresse en vitesse, surprise. C'est G. Il a les yeux fatigués. Je remarque alors qu'il vient de prononcer mon prénom...

L'étrange chaleur revient, en plus fort. Elle me fait perdre tous mes moyens, mais en même temps, elle me rappelle que je dois éventuellement répondre quelque chose à G.

Cinq secondes sont passées. Heureusement que le squelette a le cerveau fatigué, et donc ralenti.

- Dé...Désolée..., je bredouille. Je n'arrive pas à dormir...

Il soupire.

- Pourquoi ? grogne-t-il.

Je fixe mon regard au sol.

- Il fait froid...et...

Je n'arrive plus à finir ma phrase.

Espèce d'incapable.

Il soupire encore plus fort et se rapproche de moi. Moi, je reste figée, les yeux relevés vers lui. J'analyse chacun de ses gestes, comment il se déplace sans faire un bruit, légèrement, et pourtant, on sent la force qu'il dégage...

Je me remue intérieurement, et arrête mon analyse stupide.

Il s'arrête tout prêt de moi et se rallonge.

- Maintenant arrête de remuer, et dors, marmonne-t-il en fermant les yeux.

Il se rendort en moins de deux secondes. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il vient de se passer. Suis-je censée...

M'allonger contre lui ?

J'hésite entre m'enfuir en hurlant ou m'exécuter.

C'est rien, Frisk. Fais-le, c'est juste pour que tu lui foutes la paix à remuer dans tous les sens.

Je ferme les yeux, et m'allonge donc sur le côté face à lui.

Maintenant, je suis sûre d'avoir chaud. En plus de la chaleur incroyable qui se dégage de lui, il y a ma gêne. Pourtant, j'ai aussi envie de me blottir contre lui... Il a l'air tellement confortable...

Qui sommes-nous ? A quoi ressemblons-nous, comme ça ? Comment me considère-t-il Et comment je le considère, moi ?

Ces questions me plongent dans une confusion la plus totale. Je remarque alors soudainement que quelque chose a changé, chez moi. Peut-être cette chaleur, vraiment envahissante, que je ressens dans toutes les parties de mon corps sans exception ?

D'ailleurs, qu'est-ce-qu'elle fait là, cette chaleur ? Quelle est son origine ?

Pourtant, je sens que ce n'est pas ça, ce qui a changé chez moi. Mon comportement ? Ma mentalité ?

Chara...

Je l'entends, des fois. Elle ricane toute seule, et ça me fout des sueurs froides dans le dos à s'enfuir en courant.

Je ne sais pas tellement quoi penser d'elle... A part que c'est une psychopathe enfermée dans ma tête et qui me parle.

« Il peut m'apercevoir au fond de tes yeux... »

Qu'est-ce-que ça veut dire ? G sait que la meurtrière de son frère est juste à côté de lui, à travers moi ?

Quelques fois, lorsque nos regards se croisent, j'aperçois une lueur étrange au fond de ses pupilles blanches... Et il s'approche de moi pour mieux observer...quelque chose. A ce moment-là, je préfère me détourner pour ne pas prendre de risques.

Mais des fois, je me demande pourquoi je ne parle pas de Chara, enfermée dans ma tête, à G... Et je n'ai pas de réponse. Je n'en parle pas, c'est tout. Je ne sais même pas si j'en ai envie ou pas...

Je préfère ne pas y penser du tout, et attendre que le temps passe, passe...

Je ferme les yeux et me laisse emporter quelque part.

***

- Allez, il faut que la princesse se bouge.

Quelqu'un me donne un coup de pied dans les côtes me réveillant brusquement. Je gémis, toujours sans ouvrir les yeux néanmoins, et roule sur le côté pour essayer d'échapper au coup de pied suivant.

Qui ne tarde pas à arriver d'ailleurs.

Celui-ci est si violent qu'il me fait pousser un petit cri de douleur. Il fait son effet : je me relève immédiatement pour fusiller G du regard.

- J'étais bien, là ! je proteste.

Et le pire, c'est que cet imbécile rit...

- Un peu trop bien, oui... Tu étais complètement collée à moi.

Je relève le menton et je me sens rougir.

- N'importe quoi.

Il rit encore plus fort.

- Allons-y. J'ai envie d'aller quelque part, aujourd'hui... J'ai besoin de toi pour me guider.

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant