Chapitre 24 : Une occasion rêvée à plusieurs reprises

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Lorsque nous sortons de cette forêt, j'ai l'impression d'aller mieux. Chara est toujours là, bien évidemment, mais...je m'habitue. Ça va finir par juste être un esprit m'accompagnant dans ma vie... Tout ira bien. Bien sûr que tout ira bien.

G se tourne vers moi.

- On est enfin sortis de là.

Je ne tremble plus. Je lui souris.

- Ouais...Et maintenant ?

Le squelette fait tourner la clé USB négligemment entre ses doigts, les arcades sourcilières froncées et le regard dans le vide. Il réfléchit...

Un instant plus tard, il se reprend, et range d'un mouvement fluide la clé USB et la preuve de son innocence, puis rabat sa capuche sur sa tête.

- Promenons-nous. Aie l'air normal, mais regarde bien autour de toi.

Je hoche la tête sans discuter. A quoi ça sert de protester ? Que pouvons-nous faire d'autre ?

Je serre étroitement mon châle autour de moi, afin de cacher un maximum mon corps et mes vêtements déchirés. Je ne veux pas attirer l'attention.

G est déjà parti sans attendre. Il s'est allumé une cigarette. Je trottine un peu derrière lui pour le rejoindre et me mettre à sa hauteur.

Il se fond bien dans la masse, je trouve. Les autres ont l'air de toute façon beaucoup trop occupés par leurs petites affaires personnelles pour remarquer quoi que ce soit d'anormal.

Le squelette se penche un peu sur le côté pour me glisser à l'oreille :

- Où est-ce-qu'on peut voir les nouvelles ?

Je fronce les sourcils.

- Les nouvelles ? Comment ça ?

- Ce qu'il va se passer prochainement dans le monde...et ce serait plus intéressant, évidemment, si ça concernait notre très cher Prince Asriel...

Il sourit furtivement et m'adresse un clin d'œil. Je me sens rougir et m'empresse de penser à autre chose et essayer de répondre à sa demande.

- Eh bien...

Je réfléchis. La réponse est simple.

- Un peu partout. Sur les places publiques, par exemple...je sais aussi que le Prince organise souvent des fêtes, des choses...où il y a des gens, tout simplement.

- Allons dans un de ces lieux alors.

Je hoche la tête, me demandant pourquoi il veut qu'on aille là. Autant l'emmener dans un centre commercial, là où on peut acheter un journal.

Je pense avoir une idée de ce qu'il a derrière la tête.

Nous avons donc pris le bus, en montant à l'arrière afin que le chauffeur ne remarque pas qu'on ne paye pas, et dix minutes plus tard, nous voici dans un centre commercial...tout à fait normal, sans rien de particulier.

G a semblé fasciné par les mouvements du bus, quand il s'arrêtait au feu rouge par exemple. Il a regardé dehors et n'a pas dit un mot. Moi, j'ai fixé le sol, en lui jetant quelques coups d'œil furtifs, au cas où il disparaîtrait subitement.

Lorsqu'il vit le monde qu'il y a au centre, j'ai bien cru qu'il allait creuser un trou dans le sol afin de s'y terrer pour toujours. Ou qu'il allait fuir.

Il s'est contenté de respirer lentement, de fourrer ses mains dans ses poches et de rentrer les épaules, comme pour ériger un mur entre lui et les autres.

Je l'ai regardé un instant, avant de l'entraîner à l'intérieur, là où il y a le moins de monde possible.

Je nous arrête devant un grand écran publicitaire.

« ÉCLAIREZ VOTRE REGARD ! »

Ce genre de publicité. Ou bien :

« NE RATEZ PAS L'OCCASION DE LE RENCONTRER ! »

Des annonces concernant le Prince peuvent passer aussi.

G fixe l'écran, décontenancé. J'aurais bien aimé savoir quel genre de pensée tourne dans son esprit...

Enfin, une annonce passe. C'est une image figée, simple, avec un fond noir, qui reste sur l'écran pendant une vingtaine de secondes.

Le Prince organise un bal masqué dans deux jours.

Je souris discrètement. Je me sens victorieuse. C'est l'occasion parfaite. Ce n'est certainement pas la première fois que le Prince organise ce genre d'évènement. Ça lui sert à lui rapporter un peu de popularité, d'ego et d'argent, je pense. L'occasion de boire quelques cocktails douteux, aussi.

Enfin le pourquoi du comment ne concerne que lui.

G m'attrape violemment le bras. Je croise son regard, totalement neutre et indifférent. Il me traîne vers la sortie pour nous arrêter ensuite dans une petite ruelle à part.

Une fois à l'écart des gens, je remarque ses épaules s'ouvrir un peu plus et son torse se soulever plus doucement et tranquillement.

Il me regarde une nouvelle fois. Cette fois-ci, je distingue une petite lueur d'excitation.

- Frisk... Ça y est. On l'a, notre occasion ! souffle-t-il.

Il ne réalise pas. Ça se sent dans sa voix.

Il me lâche et fait les cent pas devant moi. J'ai l'impression qu'il essaie de se calmer. Il essaie de calmer cette folle lueur d'espoir qui l'anime. Je souris.

Il relève la tête et regarde frénétiquement autour de lui.

- On peut aller chercher le papier d'information, je lui propose.

Il hoche la tête.

- Je t'attends ici.

Il s'appuie contre un mur.

Peut-être pour se remettre de ses émotions.

Je souris, légèrement amusée.

Cette lueur d'espoir... Cette occasion parfaite, tant attendue...

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant