Chapitre 16 : Enfance brisée, innocence perdue

195 24 18
                                    

Au début, aucun échange n'a lieu. G semble plongé dans des pensées noires, les mains dans les poches, le regard fixé au sol. Vu l'expression sur son visage, il n'a pas envie qu'on le dérange. Et ce n'est pas moi qui engagerai la conversation pour qu'on pense tous les deux à autre chose qu'à nos démons intérieurs.

Parce que oui, moi aussi je pense. Je pense à trois choses à la fois. Le rire léger de tout à l'heure n'est qu'un lointain souvenir vague. Après, avec ce silence entre G et moi, n'importe qui se serait mis à penser...

Je pense à ma famille. A ce que j'ai lu dans l'ancien laboratoire d'Alphys. Une partie de moi n'est pas totalement convaincue. Mais dans ce cas, si cette petite partie a raison, pourquoi aurais-je trouvé ce rapport de mission ? La logique est cruelle, parfois...

Je pense aux multiples regrets qui pèsent sur mes faibles épaules. J'aurais aimé me réconcilier avec ma mère, au moins, avant de partir pour ne jamais revenir...

Je regrette de ne pas avoir remercié comme il le fallait Eleonore... Rien que pour avoir été au moins à mes côtés, pour avoir tenté de me changer les idées lorsque ça n'allait pas...

J'aurais aimé en parler à quelqu'un au moins... Tout garder pour soi n'est pas la meilleure solution. A la fin, ça finit par nous retomber dessus, et il est trop tard pour changer quoi que ce soit.

- Pourquoi est-ce-qu'on ne doit pas parler de l'Underground ? demande subitement G.

Je faillis m'arrêter de marcher tant je suis surprise par le son de sa voix, qui brise le silence entre nous.

- Pour garder tout le monde hors de la portée des criminels enfermés en-dessous. L'entrée des sous-terrains a été gardée secrète. Et on ne sait pas ce qu'il arrive à ceux qui la découvre. Enfin...maintenant je sais.

Je baisse la tête et me mords la lèvre inférieure. Je ravale surtout les larmes qui me montent aux yeux.

Pourquoi tant de cruauté ? Qui est derrière cela ? Asriel, sûrement...

G devine immédiatement. Il n'ajoute rien pour m'enfoncer, à mon grand soulagement. Je prends le temps de respirer lentement et de faire attention à ne pas m'effondrer tant mes jambes tremblent. Une fois calmée, j'essaie de reprendre une démarche plus confiante.

- Où allons-nous ? demande alors G.

- Chez moi.

- Et c'est encore loin ?

- Après la forêt, il ne nous restera que dix minutes.

- Et c'est long, dix minutes ?

Je m'arrête un instant pour l'observer et voir s'il est réellement sérieux de me poser.

Ses yeux ne reflètent rien. Il est donc sérieux... Je me rappelle alors le moment où il m'a confiée avoir perdu toute notion du temps.

- Non, dix minutes ce n'est pas forcément long.

- Eh bien, remettons-nous en marche, grommelle-t-il en accélérant le pas.

Il me dépasse facilement. Je suis obligée de presque trottiner à ses côtés pour pouvoir être à sa hauteur.

- Laisse-moi au moins passer devant, j'articule. Bientôt on aura le choix d'aller soit à droite, soit à gauche.

Je vois bien que c'est à contrecœur qu'il ralentit son rythme pour me laisser passer devant lui – et par la même occasion respire à peu près correctement.

Je l'entends soupirer lorsque le chemin se coupe en deux, comme je l'ai dit. Sans aucune hésitation, je m'engage à gauche. Et G ne fait plus aucun commentaire jusqu'à ce que l'on sorte de la forêt.

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant