Chapitre 8 : Toujours garder sa détermination

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Je dois reprendre mes esprits. Là, maintenant.

Je remets le plus vite possible mon sac sur mon dos et me lance à sa poursuite.

Malheureusement, je ne suis pas la seule à être à ses trousses. Il y a aussi les gardes.

Alors je prends mes distances, tout en essayant de ne pas les perdre.

Mon cœur bat vite. Il n'a jamais battu aussi vite.

Je suis si près du but !

L'attention des gardes est centrée sur le squelette. Je n'ai aucun mal à le suivre. Je refuse de le perdre, malgré mon souffle court et mon point de côté naissant.

Cette fois, s'il se fait prendre, je pourrai l'aider. Je suis bien ici, en chair et en os.

Que va-t-il faire pour leur échapper ?

Je remarque alors que les gardes commencent à fatiguer. Le squelette accélère. J'accélère.

Ça fait bizarre de le voir de loin. J'ai l'habitude d'être juste à côté de lui.

Ne te déconcentre pas !

Petit à petit, mon souffle se régule, mon point de côté est moins insistant, et je cours normalement, malgré le poids de mon sac sur mon dos.

Puis, d'un coup, le squelette tourne à droite. Et quelques mètres plus loin, à gauche. A droite. Encore à droite. A gauche. Et il s'arrête.

Je remarque que les gardes ne le suivent plus. Il a réussi.

Je me cache derrière une fleur assez imposante. Il est occupé à reprendre son souffle.

Que faire ? Que suis-je censée faire ?

Je commence à paniquer. Je vais devoir aller lui parler, non ? Qu'est-ce-que je vais lui dire ?

Salut. Je m'appelle Frisk, et ça fait trois ans que je rêve de toi.

Je rougis légèrement. Non. Ce serait trop bizarre.

Je décide alors pour l'instant de ne rien faire. D'attendre le bon moment, qui se présentera sûrement un jour.

En attendant, je ne le lâcherai pas.

Ça fait tellement de temps que je te cherche...

Je l'entends soupirer. Mon cœur bat un peu plus vite. Si je ne veux pas me faire repérer, il va falloir que je sois extrêmement discrète. Je sais qu'il est tout le temps sur ses gardes. Il vérifie toujours toutes les trente secondes autour de lui si personne n'est en train de le suivre.

***

Il retourne sur ses pas. Étrange... Il veut se faire capturer ? Attirer l'attention des gardes ? Que cherche-t-il ?

Je n'ai toujours pas trouvé de prétexte pour m'approcher de lui et lui adresser la parole... Les mots se mélangent dans ma tête, les pensées et les émotions tourbillonnent, si bien que je n'arrive pas à déterminer ce que je ressens exactement... Des fois c'est lumineux, des fois c'est sombre.

Si je prends le temps de réfléchir et de faire le point sur ma situation, je réaliserai que je n'en reviens toujours pas d'avoir trouvé le squelette, après tant d'appels, de questions, de recherches...

Mais je suis un peu trop occupée à essayer de ne pas me faire repérer par lui. Je me fais la plus petite possible et évite de marcher sur quelque chose. Le plus petit bruit peut l'alerter.

Soudain, il se retourne. Pile au moment où j'allai changer de cachette pour progresser vers lui.

Nos yeux se croisent. Mon cœur bat plus vite. Je n'ai jamais cru pouvoir ressentir tant de choses en même temps...

Je réalise qu'il me voit.

Enfin.

Pour moi, le temps s'arrête. Ses pupilles blanches dans ses orbites noires me transpercent. Je retiens mon souffle. Je suis figée complètement. Je me sens comme foudroyée.

Il plisse les yeux et fait un pas en avant.

Chara choisit ce moment pour réapparaître.

Fais attention, chuchote-elle. Il peut me percevoir au fond de tes yeux...

Quoi ?

Qu'est-ce-qu'elle veut dire exactement ?

Il fait un autre pas en avant.

Je prends peur. Je fais un pas en arrière. Il en refait un en avant. Un plus grand que moi.

Je fais deux pas en arrière. Malheureusement, je n'ai pas fait attention à l'eau derrière moi.

Je tombe dans la cascade.

***

L'eau est partout. Je n'ai déjà pas beaucoup d'air, alors je suis déjà à court de souffle.

J'essaye de battre des bras et des jambes. Quelque chose m'en empêche. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. L'eau est partout. Je ne sens même plus mes vêtements, ou mon sac dans mon dos.

C'est étrange. Je coule.

Je crois entendre un petit ricanement. Je me sens tellement lourde... Je n'y prête aucune attention. Je tombe lentement pour toucher le fond...

Puis je me sens remonter. Quelque chose me retient. Je retrouve soudainement le contrôle de mes bras, de mes jambes, de mes paupières. J'ouvre les yeux immédiatement.

Une veste noire trop familière. Quelqu'un de trop familier.

Trop proche.

Mes poumons me brûlent. Poussée par mon instinct de survie, je m'agite dans tous les sens pour combattre cette force, contre moi.

Le squelette me tient par la taille.

Mon cœur va finir par sortir de ma cage thoracique. Je veux qu'il me lâche, absolument.

C'est trop étrange pour moi, je ne contrôle plus rien. Ça fait trois ans que je l'observe, que j'essaye d'attirer son attention...

Et un jour, alors que je ne veux même pas qu'il me remarque, il me voit enfin.

Je l'ai bien cherché en même temps...

Il me ramène à la surface. Dès que je rencontre le sol, il me lâche.

Mon corps est secoué de spasmes. Ce n'est pas très agréable. Je m'écroule sur le sol et tousse violemment. Je recrache de l'eau.

Quelle magnifique impression je lui donne...

Mes yeux me brûlent atrocement. Je veux me reposer et dormir. J'en ai besoin. Mes paupières commencent déjà même à se fermer toutes seules...

Sauf que je ne suis pas seule, et qu'il est hors de question que je laisse le squelette m'échapper après tant de temps.

Je me relève difficilement. Il ne fait rien pour m'aider, et il se contente juste de m'observer d'un regard vide.

Mon corps tremble de partout.

Faible.

Je me mets à genoux.

Tellement faible.

Je pose un pied par terre et rassemble toutes mes forces pour pousser dans le sol et poser l'autre.

Je suis tellement faible.

Chara rit. Je l'entends se tordre de rire. Tout ça l'amuse.

Si j'étais toi, je prendrais mon petit avertissement très au sérieux, souffle-t-elle.

Je frissonne et évite alors de croiser le regard du squelette.

- Merci, dis-je alors.

Il croise les bras.

- Il y a intérêt, oui. Pourquoi tu me suivais ?

Echotale - Undertale : G!SansxEchotale!FriskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant