Le calme avant la tempête - Partie 3

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Base américaine ouest, 5 décembre 852

« On leur mettra la pâtée », renifla Porco. « C'est aussi simple que ça. » Peak, en train de s'étirer plus loin, se contenta de poser ses yeux sombres sur lui. À l'intérieur de la cour de leur base, encadrés par ses pans gris – tantôt fissurés, tantôt en sérieuse rénovation –, ils sortaient de leur entraînement journalier, non sans courbatures.

« Tu mettras la pâtée à Ymir », songea-t-elle en se relevant. Elle passa une main sur les marques pourpres marquant son court visage.

« Moi, je vais avoir bien plus de mal...

— Tu es plus agile qu'avant, commenta Reiner. »

Ils furent deux à le dévisager avec surprise. Lui aussi se redressait de l'herbe humide. Son souffle se transformait en buée, sous l'air froid régnant ici. Finalement, sa camarade afficha un petit sourire. « Et toi, un poil plus déterminé qu'avant. » Tu aurais pu te passer de ça, pensa le titan Mâchoire, le nez froncé.

Le visage rectangulaire et fort de l'intéressé, lui, se figea dans l'instant.

La jeune femme baissa le menton. Le bougre ne leur avait toujours pas avoué ce qu'il s'était passé, dans les Murs. Expliquer son état était manifestement la dernière chose qu'il voulait faire. Et, si choses horribles s'étaient-elles passées, il ne tentait pas même de les oublier. Plus que ça, son comportement est de plus en plus singulier.

Quelqu'un haleta alors, derrière Porco. Il se retourna, et haussa un sourcil en voyant Armin boitiller vers une cloison, ses yeux bleus à demi fermés et le visage en sueur. Il revenait d'une heure de vive marche : le semi-géant avait beau tenter de trouver sa situation médiocre, il admettait que le bougre faisait de gros efforts. Du moins, sur le plan physique.

Pour ce qui était de la stratégie, il bloquait encore, et pour cause : on lui avait amputé une jambe car il avait voulu sauver Annie. Annie, leur ancienne camarade et nouvelle ennemie, pour eux. Annie, son ancienne ennemie et sa nouvelle camarade, pour lui. Ces situation s'opposaient tant que le jeune homme ne parvenait pas à les comparer. Il ne souhaitait plus que secouer ce blondinet comme un prunier afin qu'il les aide...

... ce qu'il ne fera pas, s'il compte nous trahir.

« Reiner ! » s'exclama une voix bien plus enfantine. Gaby débarquait, elle aussi hors d'haleine. Et elle aussi, marquée de rouge. Sa couette brune était en bazar. Elle s'était entraînée contre l'apostrophé, lequel s'était plus vite remis de sa fatigue qu'elle.

« Comment est-ce que je me suis débrouillée, aujourd'hui ? demanda-t-elle, les paupières plissées.

— Bien.

— Mais je ne t'ai toujours pas battu.

— Je pense que tu y arriveras, soupira-t-il.

— Je le savais ! »

Tant son rictus que le poing qu'elle leva d'avance poussèrent Porco à se retenir de plaquer sa main contre son front. Il se contenta de choper sa gourde. « Lorsque les Murs arriveront », gronda-t-elle alors, « je me vengerai de cet Antoine. »

Porco en recracha presque sa boisson.

« Gaby... Quasiment personne, ici, n'est capable de battre si facilement Antoine.

— Il m'a prise par surprise, voilà tout ! insista-t-elle avec véhémence. La prochaine fois, je lui mettrai la pâtée !

— Mais ce n'est pas lui que tu affronteras, fit remarquer Reiner. Tu rencontreras probablement le chef d'escouade Mike. »

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant