Le Tribunal - Partie 3

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Labdang, 1er juillet 852

La lueur rosée de l'aube filtrait doucement au travers des carreaux de cette fenêtre, incrustée dans son mur de roche. Zayah et Kwamboka étaient étalées dans leurs couvertures, les mains liées. Les prunelles sombres de la seconde ne pouvaient s'empêcher de détailler le visage triangulaire et élégant de la première.

Quelques-unes de ses mèches ondulées et châtain cachaient cette figure endormie. Elle paraît si tranquille... Mais la juge suprême, elle, n'avait que peu fermé l'œil. Ce jour-ci, les juges de l'Asie du Sud, de l'Est et du Nord allaient les se réunir avec elles, Astrid et Jules, pour décider de la suite des évènements.

Ils avaient eu l'occasion de parler de leurs expériences respectives avec les titans, et de boire quelques verres... sans jamais évoquer le Tribunal. Il n'avait pas encore été l'heure. Au moins Kwamboka pouvait-elle mettre des noms sur leur visage.

Elle se tourna dans leurs draps. Son dos nu épousa le rêche de cette paillasse assez peu confortable. Dehors, des claquements de sabots contre le sol lui indiquaient que des Éclaireurs partaient vérifier les alentours du fleuve, comme tous les matins à cette heure. De timides discussions naissaient, et quelques moutons bêlaient déjà. Il serait temps qu'on se prépare...

Alors, elle se tourna vers sa compagne, et glissa sa main derrière sa nuque chaude. « Zayah », murmura-t-elle. « Le soleil se lève. » L'intéressée gémit légèrement, puis ouvrit un œil. Kwamboka en découvrit une énième fois l'ambre fascinant.

« Quelle... heure... ? » marmonna la châtaine en se frottant le front. L'autre eut un léger sourire. « Le soleil se lève », répéta-t-elle. « On doit rejoindre les autres juges. » Quelques secondes. La plus grande fourra son nez allongé dans le creux de l'épaule de son amante en grognant. « Cinq minutes... Tu es confortable... »

L'intéressée eut un petit sourire. « Zayah... Nous avons un Tribunal à organiser », chuchota-t-elle. A ces simples mots, son bras droit se releva brutalement, l'air hagard... et la poitrine à l'air. Kwamboka détailla cette dernière un instant, se retint de l'effleurer, et se contenta de se mettre sur ses pieds.

Ses habits blancs traînaient non loin. Elle les enfila sous le regard assez lourd de sa compagne.

« Ça va, tu ne me mates pas trop ? la taquina-t-elle.

— Si, complètement. »

Elle rit légèrement, mais aucune des deux ne s'attarda sur une quelconque pratique libidineuse. Elles se retrouvèrent dehors, lavées et prêtes à débattre, en à peine dix minutes. « Ils doivent nous attendre dans leurs... quartiers. » Hochement de tête, elles se mirent en route sans attendre. Ils allaient probablement discutailler dans une salle au hasard, autour d'une table.

Ce fait se vit vite vérifié au bout de cette montée de terre battue, bordée par des bâtisses de bois et des champs escarpés et verts. Elles pouvaient voir le sommet gris et blanc de leur montagne, tout là-haut. Toutefois, leur attention fut détournée par les cinq juges qui attendaient, là-bas, sous le préau.

Celui de l'Asie du Nord, un type qu'une trentaine d'années aux cheveux ébouriffés et aussi châtains que ses iris, leur fit un signe de la main. Fang, le plus vieux, se contenta de lisser tranquillement sa couette basse et noire de ses doigts ridés. Asie du Sud. Il posa sobrement ses yeux bridés sur elles.

Suivit un léger soupir de la part d'Okabe. C'était presque une version jeune de Fang, mais lui avait des mèches plus courtes, et les redressait en un fin chignon supporté par un ruban blanc. Il n'avait pas beaucoup parlé, la veille. Il s'était contenté de boire tranquillement, et de lire et relire la Charte, ses paupières pâles plissées au possible. Astrid, elle, afficha un doux sourire sur sa face ronde, et Jules leva simplement le pouce.

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant