De l'autre côté du front - Partie 3

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Base américaine ouest, 15 mai 853

Un poignard effleura le nez de Porco : il recula aussitôt, les paupières écarquillées. Peak prit son arme à revers, il lança vivement sa main vers son poignet. À défaut d'attraper ce dernier, il se laissa entailler, pour frapper avec force la mâchoire de la noiraude. À cette dernière de chanceler ; et le blond chopa pour de bon son avant-bras, faucha les jambes de sa camarade et la plaqua à terre.

Celle-ci dégaina son revolver et le braqua sur lui ; malgré sa position de faiblesse et son couteau retourné vers elle, elle le perçait d'un regard acéré. Pendant une fraction de seconde, ce calme sans égal perturba l'autre. Peu lui en fallut-elle pour se tourner sur le côté, et entraîner le guerrier au sol... se levant au passage.

Rôles inversés : il la regarda le surplomber, à le viser toujours de son fusil. À ce stade, que pouvait-il faire ? S'il hésitait un instant de plus, il se ferait trouer le crâne. Son cerveau tourna à plein régime. Il analysa d'une brève œillade la posture de sa camarade.

Son pied droit, un poil déséquilibré. Il y lança le sien avec vivacité ; tandis qu'elle glissait encore, à en devenir un comique de répétition, il empoigna pour de bon sa pauvre main armée et la plaqua dans son dos, puis placarda sa propriétaire au sol avant de ficher son genou entre les omoplates de celle-ci. Et enfin, il logea le canon du revolver derrière le crâne de Peak.

« D'accord, d'accord », haleta la jeune femme. « Tu as gagné. Évite de tirer, Gradub... » Une irritation routinière le piqua, mais il la lâcha tout de même, les paupières plissées. Elle se releva dans un petit sourire.

« Félicitations, Gradub, tu as encore gagné.

— Laisse tomber ce surnom, jeta-t-il.

— Oh... Pardon, Gradub. Je n'ai pas fait attention.

— Prochain round, je t'explose pour de bon la cervelle ! »

Elle leva mollement les bras. « Comme tu le dis tous les jours. Oh, on dirait que l'entraînement est fini », fit-elle remarquer. « À tout à l'heure... » Elle fit volte-face ; Porco ramassa son poignard et son fusil, le nez froncé.

« ... Gradub !

— Tu vas vraiment y passer ! rugit-il. »

Mais il eut beau pester, Peak était toujours vivante deux heures plus tard, lorsqu'elle s'assit en face de lui dans le réfectoire. Des bavardages envahissaient toujours l'atmosphère, bien que plus ténus qu'un an plus tôt. Et pour cause : ils avaient perdu bien des camarades, toute une aile de bâtiment, le capitaine Wilson, et Reiner. Ce dernier avait beau avoir montré une mine affreuse avant de partir la queue entre les jambes, Porco devait avouer que son absence laissait un petit vide. Insignifiant, mais bien présent.

Sauf que ce lâche avait ruiné le moral des troupes, de Falco, de Gaby. Celui de Peak aurait pu y passer, si elle ne faisait pas preuve d'une maturité notable pour ses dix-neuf ans. Celle-ci lui collait aux baskets depuis le début de son service, au Nevada ; depuis leur rencontre, pour être plus précis.

Il était fou de voir comment les choses avaient évolué, depuis qu'eux deux, Annie, Reiner et Bertolt avaient fait connaissance. Mais elle m'appelle toujours...

« Gradub. Tu peux me passer l'eau ? »

Il serra le poing, sérieusement irrité.

« Va la chercher toi-même.

— Je suis trop petite, et elle est à l'autre bout. Juste à côté de toi.

— Madame Finger, hésita alors Falco, tenez. »

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant