Vengeance - Partie 3

19 6 30
                                    

Livaï étudia, complètement obnubilé, ces broches se rapprocher vers lui au ralenti. Y passer. Embroché. Face à cette ennemie qui avait trop tué, et aux dépends de tous les autres. Ces seules idées le foudroyèrent sur place : une vague d'adrénaline le heurta de plein fouet.

Ses yeux écarquillés analysèrent avec frénésie les alentours. Trois dents aiguisées l'encadraient avec fermeté. L'une d'entre elles n'attendait plus que de l'empaler. Dans un dernier geste, il planta son axe dans la fluorine et l'esquiva de justesse. Là glissa-t-il sur le côté de l'une des dents, les mâchoires contractées sous la douleur. Ce geste seul manquait d'éclater ses muscles en deux. Il ne lui restait que quelques minutes avant que sa jambe ne le quitte pour de bon. Je ne peux pas en gaspiller une seule ! ragea-t-il.

Le monstre fit volte-face, marteau en main. Marteau qu'elle leva et abattit sur lui sans attendre ; son cœur rata un battement. Dans une pulsion urgence, ballotté par l'image d'une base éclatée, d'une Marion enlevée, il tenta de fuir encore. Ce fut en vain : on le prit violemment par la taille et l'écarta de là à pleine vitesse.

Le vent de cette fuite malmena le carré blanc de... Rico ?! Celle-ci vira in extremis ; un violent vent d'éclats de fluorine et de poussières manqua de les plaquer contre une cloison. Elle fonça derechef dans une allée, non sans grogner. Des fragments de cristal entaillèrent ses cuisses et son dos ; mais, en bonne élite qu'elle était, elle les éloigna toujours plus, sans jamais desserrer sa prise. Elle accéléra, tourna, esquiva avec agilité.

Et une fois à trois rues de la géante, elle dérapa sur le sol, enfonça une porte d'un coup de pied, et déboula dans une cuisine désaffectée et complètement abandonnée. Tables, chaises, fournils étaient poudreux au possible.

« Les autres la retiennent », siffla-t-elle. Elle le laissa s'équilibrer de lui-même : il s'appuya contre un mur, le souffle court. En effet, à l'extérieur éclata une grenade sonore hideusement aiguë, et les rugissements redoublèrent en intensité.

La petite cheffe d'escouade remit ses lunettes en place, essuya le sang ayant coulé sur ses joues et posa ses prunelles bleues sur la blessure de Livaï. « Vous pouvez marcher ? » abrégea-t-elle. Il s'appuya sur sa jambe, pour chanceler en grimaçant. Les coupures devaient être profondes, au vu du pourpre grandissant sur le brun de son nouvel uniforme.

« Pas pour le moment.

— Si on sort, on risque de se faire repérer. Les fantassins ennemis ne se contentaient que du Mur, mais ils ont peut-être pu descendre le temps de votre combat.

— Vous ne les avez pas vu faire ? grogna-t-il.

— On vous a attendu pour que vous vous chargiez de Hannah Steel, puis sommes intervenus. Il n'y avait pas d'autre choix... On a vu dès nos premières attaques qu'il était impossible de la battre.

— Un peu tard, lâcha-t-il.

— Elle doit penser que vous êtes mort. Elle n'a pas pu me voir vous ramasser, avec le nuage que son impact a créé, et le sang que mes soldats vont laisser... »

Il baissa la tête au seul ton sombre de la soldate.

« Qui y est ? demanda-t-il.

— Floch, Sandra et Sasha. Deux plus expérimentés les supervisent. Je leur ai dits de ne pas mourir pour rien.

— Ils ont intérêt à suivre cet ordre-là, en effet, articula-t-il. On a eu assez de pertes. »

Il regarda au travers de la fenêtre brisée à sa gauche. Il faisait toujours nuit, mais il constatait tout de même qu'aucune silhouette hostile ne passait ici. Pouvait-il retourner à la base afin de soigner sa jambe ? Ce n'était pas une perte de membre, mais une ribambelle de blessures, et il ne possédait aucun tissu pour en cesser brièvement le saignement. Aucun tissu...

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant