Liens de sang - Partie 5

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Mitras, centre du Mur Sina, 25 février 853

Katrin Dowódca, Naile Dork et Gustav Pavlov étudièrent de nouveau les liasses de papiers, qu'on leur avait confiés avant leur arrivée dans la capitale des Murs. Le Tribunal ne met toujours pas son nez dans nos affaires, hein, pensa la première. Elle relut la missive de Hansi, et le rapport de membres de la Résistance sur la famille royale. L'histoire des Murs en elle-même est impressionnante – et sa fondatrice est encore parmi nous. Mais surtout, on a tout plein de titans ici, et c'est relativement dangereux. Étonnant, que cette Kwamboka n'ait pas...

« Cosigné avec la Juge Suprême, Kwamboka », lut-elle alors dans un coin de page.

« Oh... Au temps pour moi.

— Comment ? demanda Gustav. »

— Je pensais à voix haute, pardon. »

Le ton du commandant restait sobre, mais Katrin voyait bien que ces événements l'avaient perturbé. Il faisait un sacré bon boulot, à garder son calme de la sorte. Elle en était impressionnée : Pixis lui-même aurait été choqué par la nouvelle. Nous sommes tous des cas, pensa-t-elle.

Zackley aussi était bien loin de perdre ses moyens. Cela faisait vingt minutes qu'il se tenait face à la fenêtre de son riche office aux bibliothèques, commodes et bureau cirés. Elle avait même cru discerner un petit sourire sur sa figure ridée. Chez eux trois, fidèles commandants, il était connu pour détester les nobles. Eux trois...

Dont Naile Dork, dont la face anguleuse avait bien pâli.

« La major Hansi ne peut pas être sérieuse. Tuer des centaines de personnes ?

— Nous sommes presque sous les ordres du Tribunal des Divisions, objecta Gustav. Si Kwamboka a accepté...

— Les ordres ? s'étouffa Katrin. Là-bas, ils détestent les ordres. Si je ne suis pas d'accord avec eux, je ne vais pas me plier à leurs petits caprices.

— Il serait même correct d'affirmer qu'ils sont ignares de cette guerre, posa le général. »

Tous trois se tournèrent vers lui. Il s'était enfin retourné : la froide lueur d'un matin hivernal étendit son ombre sur le tapis de son office. Katrin voyait à peine la tête qu'il tirait. Il était toutefois aisé de déceler un poil de satisfaction chez lui. Enfin quoi, plus de nobles allaient être éradiqués ! Un bonheur – non, mieux : le paradis !

« Il nous est tout à fait clair que ces semi-géants représentent une grande menace pour les Murs. Néanmoins, les Divisions n'ont jamais vu les Titans Muraux en action. Cela est trivial : ils sont destructeurs. S'ils en viennent à se transformer au beau milieu de Mitras, nous serions confrontés à une catastrophe sans nom. Cela requiérerait certes une grande quantité de sérum... »

Il posa ses iris éclaircis par l'âge sur la lourde porte de la pièce. Elle était gardée par Anka Rheinberger, Marlowe Freudenberg et le bras-droit de Katrin : elle avait nommé, Horras. Lui restait toujours aussi peu sûr de sa place. Il faisait de son mieux pour ne pas tripoter nerveusement sa courte coupe châtaine et raide, et échouait une fois sur trois.

Tu recevras un coup de pied dans le derrière, toi, un jour ! Reprends-toi, mon grand ! Il avait un fusil en mains et des fourreaux à ses hanches : comment diable pouvait-il continuer de déglutir avec malaise ? Oh, réalisa la commandante. Peut-être car il n'a presque jamais vu Zackley d'aussi près.

« Anka Rheinberger », interpella le Zackley en question. L'intéressée plaqua son poing contre sa petite poitrine.

« D'après vos dires en tant qu'ancienne espionne, vous n'auriez pas assez d'échantillons de virus pour activer les pouvoirs de plus d'une dizaine de personnes. Est-ce correct ?

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant