Bienvenue, malvenus - Partie 3

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Shiganshina, 16 septembre 852

Les salles de réunion de la Garnison étaient définitivement bien meilleures que celles du Bataillon : bel – et seul – élément du décor que Zackley releva, tandis qu'il les pénétrait en dernier, entre de hauts murs gris et réguliers, flanqués de commodes de pin sombre et de dossiers bien rangés sur des étagères ou dans des bibliothèques. Tout au centre, illuminée par de nombreuses fenêtres rectangulaires, traînait une table ronde. Ronde, parfaitement ronde, détail qui piqua son intérêt.

Les petits yeux gris et ridés du général parcoururent rapidement le monde qui l'attendait là. Naile Dork, dont la face anguleuse reflétait une portion de son malaise, avait inutilement taillé son bouc, et mieux arrangé ses courts cheveux noirs. Gustav se trouvait juste à sa droite : sa longue figure solide restait impénétrable. Toujours aussi correct, et simplissime, avec ses mèches châtaines lissées en arrière à en atteindre sa nuque.

Katrin Dowódca, capitaine Nord de la Garnison, l'assistait presque, de façon bien plus excentrique. Certes, sa courte coupe blonde restait en place, et ses lunettes également, mais elle ne quittait ni ses cernes soutenant ses iris bruns, ni son petit sourire énigmatique. Hansi Zoe aurait pu la rejoindre niveau originalité...

Mais non. Un sérieux tombal hantait ses longs traits ovales. Elle ne s'était pas donnée la peine de régler ses cheveux gras et en bazar : elle n'aurait pu être plus sombre. Il en était de même pour Keith Shadis, toujours aussi chauve, toujours dans ses débuts de rides. Il devait représenter ceux qui enseignaient l'art du combat et de la discipline aux plus jeunes.

Il y avait ceux s'étant refait une beauté, et les deux énergumènes d'à côté.

Voilà tout, chez les Murs... Tous les responsables des corps d'armée, en somme. Non, repéra-t-il avec surprise. À la périphérie de sa vision étaient assis, tout contre l'un des vieux pans de la pièce, un Antoine exempté de tout uniforme, et une Marion éternellement balafrée. Puisque celle-ci était présente, Livaï aussi assistait à ce lourd entretien. Allaient-ils avoir le droit d'en placer une ?

Deux iris noirs le transpercèrent alors. C'est donc elle... Kwamboka. Cette jeune femme à la peau aussi sombre que ses courts cheveux, habillée d'une simple tunique, mais ayant pourtant une présence impressionnante. Zackley ne fit pas bien attention aux deux métisses du coin, dont l'un tripotait distraitement sa queue-de-cheval corbeau ; il salua simplement la Juge Suprême d'un acquiescement, et prit place à côté d'un homme aussi vieux que lui, mais à la barbe encore sombre et aux paupières bridées.

« Bien », commença sèchement Kwamboka. Elle observa rapidement, très rapidement, la scientifique en retrait, laquelle lui rendit étrangement cette expression. Puis, elle tapota le lourd livre coincé au milieu de cette surface boisée.

« Voici la Charte Internationale. Elle a eu le temps de circuler entre les différents corps d'armée. Il faut bien que vous vous défendiez, face à nos sentences. Nous ne fonctionnons pas sur un régime totalitaire. » Quelqu'un gratta du papier, au fond de la pièce. Antoine ne faisait pas acte de présence, comprit le plus âgé : il écrivait un rapport de ce jugement-ci.

« Daris Zackley, Naile Dork. Vous ne nous connaissez pas encore. Faisons un petit tour de table afin de nous présenter. Je suis Kwamboka, des Divisions de l'Himalaya.

— Jules, représentant les Divisions d'Europe du Nord et de l'Est, annonça le jeune homme à la longue chevelure.

— Fang, se présenta le vieil homme. Divisions d'Asie Centrale.

— Okabe, Île de l'Asie de l'Est, abrégea ce que Zackley aurait pu prendre pour le petit-fils de Fang. »

Restait un roux aux grands yeux noisette : il devait bien frôler le mètre quatre-vingt-dix. Il gratta un instant sa nuque.

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant