Prémices d'une pluie de sang - Partie 1

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Shiganshina, 10 décembre 852

« Tu peux changer la situation de ces gens. Tu peux mettre fin à ce désastre, et leur offrir un avenir radieux. Marion, tu peux faire de très grandes choses ; mais tu ne pourras pas rentrer chez toi. La machine de nos ennemis doit être scellée, ou le sévisse sera sans fin.

Une belle vie peut t'attendre ici. Une fois cette catastrophe passée, et si tu suis ce que je te dis, vous serez tranquilles, et pourrez vivre comme n'importe-quel peuple en paix. Leur avenir repose sur toi. C'est pourquoi, je t'en conjure, ne cède pas à la tentation, aussi dure soit-elle.

Je t'ai connue deux fois ; deux fois, je suis tombée amoureuse de toi. Un voyage dans le temps ne change pas le cœur, ce malgré le fait que j'ai pris quatre ans. J'aurais aimé te le dire plus tôt, mais on ne m'en a pas offert l'occasion.

Il est l'heure de te faire mes adieux. Le temps qui m'a été accordée avec toi fut le meilleur de mon existence. Je meurs heureuse que tu sois en vie, et dans l'espoir que tu reprendras le flambeau de notre résistance.

Avec tout mon cœur,

Leah »

L'œil vert de Marion parcourut encore et encore cette fin de lettre. Allongée dos à Livaï et Annie, dans un dortoir plongé dans la nuit d'un soir de décembre enneigé, elle observait le moindre bout de cette calligraphie fidèle à la personne l'ayant mise sur ce papier rêche, jauni, et écorné. Elle écrivait bien mieux que moi..., se dit-elle pour la millième fois.

Depuis combien de temps fixait-elle ces mots s'emmêlant déjà ? Sa tête tournait. Son bras s'engourdissait, à force de tenir ces feuilles. Elle y était habituée, elle s'y réfugiait chaque soir, avant de dormir. Néanmoins, si cela avait fini par l'aider à faire son deuil, et à aller sur la tombe de son ancienne amante sans fondre en larmes...

« Je t'en conjure, ne cède pas à la tentation, aussi dure soit-elle. »

Pourquoi Leah avait-elle tant insisté pour ne pas qu'elle retourne au vingt-et-unième siècle ? La chercheuse avait commencé à faire ses petits adieux, par-ci par-là. Les plus durs étant les plus lents : ceux de Carla, Antoine, Annie, Hansi, et Livaï. Elle tâtonnait. Elle s'en voulait. Mais elle voulait revenir. Mike lui avait dit, que cela était possible.

« Je t'en conjure, ne cède pas à la tentation, aussi dure soit-elle »... Tu aurais pu développer un peu, non... ? Non, tu devais penser que je ne le pouvais pas car la machine numéro sept allait être détruite. Mais il s'avère qu'il faut un transfert. Et je peux le prendre. Ça serait un sacrifice, si je ne te retrouvais pas après. Dans tous les cas... Pourquoi Mike avait-il tant tardé à dire cela ? Avait-il reçu ces informations en retard ?

Elle ne voyait que cette option-ci. Elle avait beau tourner et retourner ce problème dans son pauvre crâne embrumé par ses gouttes du soir, il jouait au serpent qui se mordait la queue. S'il n'y avait pas de solution, il n'y avait pas de problème. Simplement Leah qui était moins informée que Mike, et Mike qui n'avait appris cela quelques jours avant de le lui annoncer. Aucun des deux n'avait de raison de s'opposer ainsi, et Marion était sûre que ni Leah, ni Mike aurait pu mal interpréter les ordres de Stéphane Bern.

Donc, je retournerai au vingt-et-unième. Et je reviendrai te voir. Même si j'ai un visage hideux. Ce sont des choses qui arrivent. Tu es assez tendre pour m'accepter tout de même. Tu avais bien dit que tu voulais te marier avec moi, lorsque tu étais enfant. Ça ne sera pas possible, cela dit. Néanmoins, oui, elle revoyait bien sa petite bouille toute ronde comme si elle l'avait croisée la veille, et ses grands yeux au bleu pétillant... Et le sien de s'écarquiller brutalement.

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant