Le Tribunal - Partie 2

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Sommet de Labdang, Himalaya, Division des Monts d'Asie Centrale, 22 juin 852

Zayah talonna vivement son poney à l'épaisse fourrure grisâtre. Après un ébrouement, il accéléra de nouveau ; ses petits sabots claquèrent contre le chemin de terre qu'ils descendaient, elle, lui, et les vétérans l'entourant. Le trot du groupe raisonna longuement contre les flancs des monts verts et roche se jetant sur la vallée en contrebas.

Le soleil se levait tout juste, répandant une lumière mauve sur l'herbe luisante et l'eau qui creusait la pierre à flots, plus bas, bien plus bas. Il était temps d'aller chasser du titan : tous portaient leur long arc clair, et leurs longues flèches rangées dans leur long carcan de cuir. Des fermiers suivaient, un peu plus haut. Eux allaient récolter ce qu'ils avaient semé, ou récupérer à boire...

Mais pour cela, il fallait que les guerriers interviennent. Si tout le monde apprenait, à Labdang, les bases du tir, on s'engageait volontairement en tant que combattant – ou, autrement appelé, Éclaireur. Zayah, en plus d'être le bras droit de Kwamboka, s'était également lancée dans ce rôle.

Elles aimaient toutes les deux cela. L'adrénaline du combat, la protection de leurs camarades. Lire la Charte contrastait pas mal avec ces aventures-ci, mais c'était durant leur service qu'elles s'étaient rencontrées, et avaient nourri leur passion pour la Chasse et le Droit. Toutes deux y accordaient une importance particulière.

La châtaine lâcha un court instant la crinière bien fournie de Pomme, et remit sa queue-de-cheval en place. Quelques mèches s'en échappaient, de part et d'autre de son visage triangulaire. Cela n'empêcha pas ses prunelles ambre de repérer la silhouette immense qui se promenait, là-bas... Au bout du chemin.

Elle dégaina illico une munition, dents serrées. « Cible en vue ! Je m'occupe des yeux ! » Jules arriva à sa hauteur, sabres à la main. « Je trancherai sa nuque », décida-t-il. Face à la détermination modelant sa face hâlée, elle ne put qu'acquiescer.

Elle tendit la corde de son arme, et indiqua à son animal de s'arrêter en lui tapotant le ventre du bout des pieds. Déjà sa cible levait-elle sa figure chauve et inhumaine sur elle : elle ferma un œil, inspira longuement, et tira. Comme la plupart du temps, l'iris droit de son opposant explosa.

Un sifflement plus tard, le second connut le même sort. Elle jeta un regard surpris à Gordon, ce quadragénaire chauve à la vue acérée. Il a fini le job. Et déjà le cheval bien plus grand et élancé de Jules galopait-il vers le monstre à une vitesse folle.

Ils observèrent, la bouche déjà entrouverte, le bougre prendre une lame à revers, et trancher l'un des talons du géant avec la seule vitesse de son Akhal-Teke. Le mastodonte tomba à terre : il sauta agilement de sa selle plate, escalada son flanc grâce à ses dagues, courut sur son dos, et sectionna enfin sa nuque. Leur ennemi s'affaissa dans la seconde, inerte.

L'européen, lui, siffla de nouveau son cheval, grimpa agilement dessus, et retourna vers eux... non sans afficher un petit sourire satisfait.

« Alors ? Le spectacle vous a plu ? La route est dégagée.

— Tu as vu d'autres titans, plus bas ? abrégea Gordon.

— Un cinq mètres, oui.

— On peut le viser de là, repéra Zayah. »

Elle se saisit d'une seconde flèche. La pointe de celle-ci, cette fois-ci, était rougeâtre. En effet, l'humanoïde déambulait sans but, là, en bas de ce versant escarpé et terreux – en bref, impraticable. Voici pourquoi le chemin sinuait de cette façon, afin de leur éviter des dégringolades mortelles. Toutefois, ce terrain avait un avantage : la nuque de son adversaire était parfaitement à découvert.

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant