Des guerriers et des torchés - Partie 1

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Shiganshina, 1er octobre 852

« Comment ça, mon jugement est annulé ? » laissa tomber Marion, stupéfaite. Le brouhaha des bavardages du réfectoire enfin rempli étouffèrent presque ses mots. Néanmoins, son ô imposante interlocutrice qu'était Kwamboka les entendit très bien.

Elle fit tourner sa bière dans sa pinte. Sa frange asymétrique, d'ordinaire bien ordonnée, tombait sur son court front noir. « On a revu nos priorités », expliqua-t-elle. « Voir comment tu vas agir à l'avenir, et décider à la fin de la guerre. Tu peux remercier Okabe. » L'asiatique interminablement impassible ne leva pas le nez de son bouquin. Il ne bougeait que pour remettre en place le long ruban blanc qui nouait son petit chignon haut, et siroter son eau.

Tous les gars ont décidé d'avoir les cheveux longs, dans ce siècle ? songea Marion en observant Jules. Il était assis près de Eha La Soeur, plus loin – les deux discutaient dans une étrange familiarité avec Historia et Ymir, et Isaac leur jetait de nombreux coups d'oeil. Il semblait presque avoir envie de se lever pour aller les voir, mais restait à son poste.

Quoique, Livaï, lui, avait une coupe plutôt courte. Aux antipodes de l'Antoine installé juste à côté d'elle. D'ailleurs, l'albinos également partageait le banc de la scientifique. Elle était encadrée par les deux élites... qui, efin, ne montraient pas constamment leur rivalité ridicule. Pourquoi chacun enviaint-il l'autre, de toute manière ? Pour leurs capacités de malade ?

Elle se reconcentra sur la juge suprême. Elle reluqua un instant sa boisson, puis posa ses prunelles sombres sur elle. Un léger rictus se dessina sur son visage. « Hâte de voir ce que ça donnera. Tu vas aider, pour la stratégie de la base ouest ? » La borgne avala une goulée d'alcool.

« En effet. Mais je vais devoir rattraper Hansi et Antoine, puisque j'ai passé mes deux dernières semaines à étudier la Charte, glissa-t-elle.

— Tout le monde est censé la connaître, répliqua tout aussi amèrement l'autre.

— Elle est passée dans pas mal de mains. Mieux : on a réuni les articles importants pour les envoyer aux journaux. Tous les Murs seront au courant. Superbe, n'est-ce pas ?

— Superbe, vraiment ? lâcha-t-elle. Pour quelque chose qui devait être fait depuis longtemps ?

— Tu as déjà oublié la situation des Murs ? On est la cible prioritaire des américains.

— Et tu crois que nous n'étions pas touchés ? gronda Kwamboka.

— Si. »

La plus âgée plissa les paupières.

« Kwamboka, reprit plus sombrement Marion. Actuellement, nous sommes alliées. Vous allez nous aider dans la bataille ouest, puisqu'on doit affronter nos ennemis ensemble. Alors...

— Bois donc une autre bière, la coupa l'intéressée. »

Et elle lui remplit son verre, sous le regard stupéfait de la borgne. Okabe leva un sourcil, Antoine ne retint pas son rire. « Ça, c'est ce que j'appelle une relation passive-agressive », se gaussa-t-il. « Eh, Marion... » Il passa énergiquement un bras sur ses épaules, les rougies par son spiritueux. « Hâte qu'on bosse ensemble », lança-t-il dans un rictus. « Ça fait un bail. »

La juge d'en face les étudia un instant. Marion lui servit un air un poil désolé, mais sourit tout de même.

« Livaï tient l'alcool, pourquoi tu te retrouves comme ça ?

— Je suis entamé, en effet, songea-t-il. »

Puis, ses yeux bleus s'illuminèrent. « Toutefois, tu me surveilleras, hein ?! » s'exclama-t-il. Non. Cette fois-ci, ce fut un aux-secours qu'elle lança à la membre des Divisions de l'Himalaya. À son grand désespoir, on ne fit que hausser les épaules.

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant