Brèche - Partie 1

64 6 229
                                    

Périphérie intérieure d'Orvud, district nord du Mur Sina, 3 juillet 852

Livaï était assis sur un banc de bois. Marion se trouvait juste à sa droite. Le soleil s'amusait à papillonner sur les feuilles vertes et vives des arbres se dressant dans ce parc intérieur, farouchement gardé par ses hauts murs de pierres claires. Non loin discutaient une Ymir un peu moins pâle, et un Eren en train de faire des abdominaux. « Il faut garder la forme », avait-il dit – et il n'avait pas tort. Le caporal chef lui-même remusclait son bras cicatrisé.

La semi-géante avait été prise en charge par un autre psychiatre, puisque Danilin s'occupait déjà de la chercheuse. Et ce dernier avait bien fait son boulot : réintroduction délicate du régulateur d'humeur, entretiens infirmiers et psychologues hebdomadaires, esquisse d'affinement du diagnostic.

Ymir, quant à elle, se tapait des anxiolytiques, et un psychanalyste manifestement compétent, puisqu'elle dormait enfin sur son oreiller – et non sur le rebord de la fenêtre. Les vitraux étaient toutefois toujours entrouverts. Mais, c'était indéniable, son état s'améliorait petit à petit...

A l'image de celui de Marion.

« Il fait... chaud », marmonna-t-elle d'ailleurs. Elle était un poil plus bavarde, depuis qu'ils partageaient le même lit. « Votre présence est rassurante », lui avait-elle dit un soir, éclatée par ses sédatifs. Ils n'échangeaient pourtant aucun contact. Enfin, si, elle posait systématiquement sa main sur la sienne... Mais c'était tout.

Il se contenta de hocher la tête, bien qu'il ne se sentait pas particulièrement étouffer. « On est en juillet, en somme », grommela-t-elle encore. Autre phrase inutile en surface, mais particulièrement efficace pour sa blessure. Blessure qui commençait à sérieusement se refermer ; il n'y avait que son œil pour rester interminablement explosé.

Elle gardait donc un joli petit cache-œil blanc. Ses points noirs, qui refermaient cette plaie rougeâtre barrant sa pauvre joue droite, étaient laissés à l'air libre la journée. Matin et soir, le tout était minutieusement désinfecté. Et, bientôt...

« On va me retirer mes premiers points. »

En entendant son ton sérieusement sérieux, il lui jeta un regard. Cependant, les cheveux ondulés – et bien taillés – de son interlocutrice ne lui permettaient de voir que son nez pointu, ses taches de rousseur, et ses lèvres fines. Menton baissé, épaules légèrement contractées..., nota-t-il en observant ces dernières, découverts par sa longue robe blanche type hôpital.

Il savait ce qui allait suivre. C'était toujours la même chose, à des instants aléatoires de la journée, dès qu'ils se trouvaient dehors. Il regarda brièvement Eren. Il se relevait tout juste, et s'étirait les biceps, sur le point de faire des pompes. Devait-il le prévenir ? Non. Il pouvait gérer cette situation tout seul.

Alors, il s'adossa un peu plus contre le banc, bras croisés. « Marion... » Bien évidemment, il n'eut pas le temps de finir sa phrase. En une demi-seconde seulement, elle se saisit d'un caillou à terre, se redressa vivement, et le lança avec force vers la tempe du semi-géant. Son cri enragé réveilla la pauvre victime, qui se baissa de justesse, ses yeux émeraudes écarquillés.

« Et flûte ! » jeta Marion. Elle dut s'appuyer contre le caporal-chef pour ne pas chanceler. Il ne releva pas. Le brun, quant à lui, gratifia la scientifique d'un air sacrément agacé.

« T'es sérieuse ? Tu vas arrêter de faire ça, à un moment ?!

— C'est pas juste, tu les évites tout le temps, grogna l'intéressée.

— C'est pas la question ! J'ai rien fait, arrête de me lapider !

— Techniquement, je ne te lapide pas, le corrigea-t-elle.

ꜱᴀɴɢᴜɪɴᴏʟᴇɴᴛꜱ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁵⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant