↪T R E N T E - U N↩

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~HAINE PASSIONNELLE~
↪T R E N T E - U N

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La mort de ma mère n'était pas de ma faute.

Elle voulait mourir.

Je ne sais pas exactement comment réagir à cet aveu. Sur le coup, je ne sais pas non plus quoi ressentir. Mon cœur est peiné de savoir que ma mère a préféré mourir que vivre à nos côtés, mais je me sens néanmoins comme déchargée d'un énorme poids trop lourd pour mes épaules et en même temps je ressens une profonde colère pour l'homme près de moi. Mon père. J'ai envie de lui cracher tout ce que je pense de lui en ce moment, mais je ne dis rien. Je n'y arrive pas. Je ne sais même pas par où commencer ni comment m'exprimer.

- Je... J'ai besoin d'être seule, je finis par dire.

Il me regarde longuement. Je ferme alors les yeux après avoir baissé la tête pour ne plus avoir à confronter son regard d'homme abattu. Il est vrai que je n'ose pas lui crié dessus pour lui montrer la peine qu'il m'a infligé pendant toutes ces années, la douleur que j'ai pu ressentir alors qu'il me répétait encore et encore que j'étais là seule coupable de tout ça, mais je ne veux pas non plus le prendre en pitié. Lui ne la jamais eu pour moi.

Mes doigts se resserrent contre elles-mêmes lorsque je sens son poids quitté le lit. De nombreuses secondes passent ensuite sans qu'un seul bruit ne se fasse entendre. Je ne bouge pas et resté dans ma posture. Je sais qu'il est encore là. Quelque chose est déposé sur mes mains, alors par réflexe, mes yeux s'ouvrent. Il s'agit du cadre. La seconde d'après, je vois mon père se mettre à ma hauteur puis posé un baiser sur mon front. Mes yeux se referme et la boule dans ma gorge grossie lorsque je l'entends prononcé cette simple phrase avant de s'en aller :

- Je suis désolé.

Mes pleurs s'intensifient alors que j'entends la porte se refermée dernière lui. Mes doigts se referment sur le cadre et je le serre aussi fort que je peux contre moi en me mettant en boule au centre de mon lit. Je pleure encore et encore. Je pense n'avoir jamais autant pleuré de ma vie. J'ai cette lourde impression que c'est aujourd'hui que ma mère m'a quitté. Et cela me tue de l'intérieur. Savoir qu'elle voulait s'en aller pour toujours me faire beaucoup plus de mal que je ne l'aurais cru. Je ne cesse de me répéter, là, au fond de moi que mon père a peut-être tort et que c'est réellement de ma faute si elle n'est plus. Peut-être qu'elle en avait marre de mon attitude, de mon sale caractère, de mes caprices complètement infondés, de... Je ne sais pas, de tout, mais pas qu'elle voulait mourir pour retrouver son enfant perdu car a bien y réfléchir, je préfère cette version là à celle que vient de me fournir mon père.

Je comprends sa douleur. Peut-être pas comme il le faut, mais je la comprends. Toutefois, je ne peux pas admettre qu'elle ait pu utiliser ce prétexte pour nous quitter. N'a-t-elle pas pensé à la souffrance qu'elle infligeait à l'homme de sa vie en faisant ça ? Et moi, a-t-elle pensé à moi ? Ou alors pensait-elle que je ne l'aimais pas assez pour souffrir de son départ ? Moi, je voulais juste un peu de son attention, juste lui faire comprendre que j'étais là. Je n'ai jamais voulu ça.

Je ne sais pas pendant combien de temps j'ai pleuré. Sûrement plusieurs heures. J'en ai des maux de tête. Peu à peu, je finis par m'endormir.

...

Une semaine et quelques jours sont passées. Je suis toujours chez mon père et je suis toujours en colère contre lui. Aucun d'entre nous n'ose reparler de ma mère. Je m'occupe de la maison et de lui tout en le gardant loin de l'alcool.

Après ma douche aujourd'hui, je me rends compte que mes vieux vêtements ici ne me vont plus ou ne me conviennent plus. Je décide alors de me rendre à l'appartement pour en récupérer vu que je ne sais pas exactement combien de temps je vais passer ici. Sur le chemin, je me mets à craindre que Miriana y soit. Je ne pourrais pas la regarder en face après ce que j'ai fait. Mais heureusement je ne l'y trouve pas. Alors, rapidement, je prends quelques affaires. Je ne sais pas pourquoi, avant de quitter ma chambre je prends avec moi la montre d'Émilien. Maintenant dans ma voiture, face à mon volant, je ne cesse de l'observer. Je ferme les yeux et me remémore ma rencontre avec son propriétaire, nos disputes, son arrogance, ses insultes... Ses baisers, ses caresses.

Il me manque.

C'est bizarre, mais pas une seule fois je n'ai cessé de penser à lui pendant ces quelques jours passés chez mon père. À lui et aussi à Miriana. Même si pour elle j'essaie de toute ma volonté de l'oublier, je n'y arrive pas. J'ai l'impression que tout me ramène à lui. Même penser à Miriana. Et je m'en veux pour ça. Sans cette fille, je ne sais pas ce que je serais devenue aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle, pour une fois dans ma vie, je veux bien faire les choses. Réfléchir avant d'agir pour ne pas commettre d'erreurs irréparables.

J'essaie de me dire que ce n'est qu'une attirance et qu'elle disparaîtra sous peu. Comme avec monsieur Copez. Je ne souviens presque plus de ce que j'éprouvais exactement pour cet homme que je croyais aimer. Alors j'espérais que ça me passerait aussi vite qu'avec lui, mais c'est beaucoup plus difficile que je ne le pensais. Ça me fait mal de me dire que je dois l'oublier ; y songer me faire encore plus penser à lui. Me faire encore plus le désirer, le vouloir près de moi et pour moi seule. C'est étrange, mais dans ces moments-là même sa haine et toutes les facettes de sa personnalité me manquent. J'en viens à me demander quand est-ce que ça m'est tombé dessus. Tout s'est passé si vite que j'ai du mal à le réaliser.

Pourtant, pour mon amie, pour ma sœur il faut que je passe à autre chose. Ce serait mieux pour tout le monde. Mais pour une raison que j'ignore, enfin pas tellement, je ressens le besoin de le revoir pour une dernière fois avant d'y songer réellement. À bien y réfléchir, je me demande si ce n'est pas le réel motif de ma venue ici.

Serrant mon poing sur la montre, je souffle un grand coup avant de démarrer ma voiture direction l'objet de mes pensées avant que ma conscience me fasse changer d'avis. Lorsque j'y suis, mon cœur qui jusque-là était confiant accélère ses battements. Tandis que je pénètre dans la propriété, je réfléchis au prétexte que je pourrais bien inventer pour justifier ma présence quand je le verrai. Puis mon regard se porte sur l'objet dans ma main. Je me dis alors que c'est de toute façon quelque chose que j'aurais dû faire depuis longtemps. Ça m'aurait évité bien de problèmes. Inspirant profondément je continue mon chemin, mais je me fige rapidement à quelques pas de la porte, lorsque celle-ci s'ouvre soudainement pour laisser apparaître un homme qui à peine sortie se précipite vers moi presque en courant sans jamais cesser de jeter des petits coups d'œil derrière lui.

- Qu'est-ce que tu fous ici ?

...

Hello, vous allez bien j'espère. Voici enfin le chapitre 31. Un peu court je sais, mais c'est un peu dur de replonger dans le bain de l'histoire alors j'y vais petit à petit.

Merci pour votre patience et à bientôt pour la suite !

~Lebordeletotal~

Haine PassionnelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant