Chapitre XXXVII

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[ Goodbye - Miley Cyrus ]

               Zayn était descendu au salon et faisait les cent pas devant le canapé. Il jouait nerveusement avec son téléphone en repensant à ce qu'il venait de faire. Avait-il réellement eu un moment de faiblesse pour se jeter ainsi dans la gueule du loup ? Pensait-il réellement au bien de ses amis, avait-il simplement voulu rejoindre Niall en paix, ou avait-il simplement perdu la tête pour faire une telle chose. Sur le moment, ça lui avait paru être une bonne idée de se rendre, mais avec le recul il trouvait ça totalement stupide et lâche. Avait-il le droit de laisser tout ça comme ça, laisser tout ça ici, sans rien faire de plus ? Il regardait nerveusement son téléphone qui indiquait minuit quinze. Ça fait trois quarts d'heure qu'il avait appelé Max et celui-ci n'était toujours pas arrivé. L'idée qu'il ne viendrait pas tout de suite et qu'il attendrait que le métis dorme pour mieux l'avoir lui avait vaguement traversé l'esprit et c'était pourquoi il resterait éveillé toute la nuit s'il le fallait. Le brun n'avait pas réellement de plan, il n'avait pas idée de ce que Max lui ferait, lui dirait. Il ne savait pas s'il allait le buter sans pitié, sans lui laisser prononcer un dernier mot ou s'il allait essayer de le laisser mourir dans une souffrance atroce, où il se sentirait partir petit à petit sans rien pouvoir faire. A cette pensée, un frisson le parcourait alors que l'image de Niall, allongé dans la salle de bain, entouré de sang lui revenait à l'esprit. Il avait dû horriblement souffrir dans une condition comme ça. Il s'était vidé petit à petit et avait dû agoniser avant de perdre connaissance. Il y avait tellement de sang ! Combien de litres avait-il perdu ? Combien de temps était-il resté ainsi, immobile au sol ? Et Zayn fut repris de remords. Il aurait dû arriver plus tôt. Comment lui aurait-il réagi en retrouvant sa maison dans une telle pagaille ? Il ne pouvait se projeter, mais il était certain qu'il n'aurait pas tenté de mettre fin à sa vie. Pas comme ça, sans explication, laissant l'homme qu'il aime derrière lui, totalement désemparé. Ce qu'il avait vécu depuis la disparition de Niall avait été tellement douloureux qu'il ne le souhaitait à personne. Pas même à son père qui les avait abandonnés, pas même à sa mère qui passait sa tristesse et ses nerfs sur ces êtres encore si jeunes et sans défense. Pas même à Barbara qui avait abusé de la faiblesse de Niall, ni même à Max, qui était sans doute responsable de toutes ces conséquences. Pas même à son pire ennemi. Personne ne méritait de vivre quelque chose comme ça, parce que cette douleur le rongeait au fil des jours, le tuait à petit feu à chaque minute qui s'écoulait.
La poignée de la porte bougeait vivement alors que Zayn stoppait tout mouvement. Il se figeait totalement et son cœur se serrait. Max allait rentrer d'ici deux minutes et il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire. De s'il devait tenter de fuir alors qu'il l'avait contacté lui-même, de s'il devait se laisser faire telle une marionnette quitte à en sortir entre la vie et la mort. Il secouait légèrement la tête de gauche à droite, comme pour chasser toutes ses pensées. Il n'avait aucune intention de se battre. D'ailleurs il rigolait presque à cette pensée, comment pourrait-il faire le poids face à Max ? Et pourquoi tenterait-il de le faire ? Plus rien ne le retenait ici, plus rien ne le maintenait en vie.

Zayn, disait-il d'une voix rauque.
Max, répondit le brun, d'une voix assurée.
Je suis content de voir que tu as retrouvé la raison et que tu prends enfin conscience que toute cette course poursuite était ridicule.
Ridicule pour qui ? Je crois que jusque-là, je m'en sortais très bien, lui lança le métis, un sourire s'étirant sur ses lèvres.

Max perdait immédiatement son sourire, alors que Zayn lui en adressait un plus large, le provoquant. L'homme s'avançait dangereusement en direction du brun avant de l'attraper par le col pour le soulever.


Je t'aurais retrouvé, petite merde, lui cracha Max.
Pourquoi ai-je un fort doute ? continua le métis.
- Ferme ta gueule ! lui ordonna Max en le jetant sur le canapé.

Le dos de Zayn frappait fortement contre le bras du canapé, lui arrachant un gémissement de douleur. Il relevait le regard vers l'homme bien plus fort et pouvait lire dans son regard de la rage.

Je n'ai rien senti, Max. C'est tout ce que tu as dans le ventre ? continua-t-il afin de le pousser davantage.
- Je t'ai dit de la fermer, aboya Max, venant lui porter un coup dans la mâchoire.

Zayn fermait fortement les yeux, passant instinctivement sa main sur sa bouche qui lui était à présent bien trop douloureuse. Max s'éloignait du plus jeune et balayait la pièce du regard. Il avançait dans la cuisine avant de revenir.

John m'a dit que tu lui avais rendu la came, reprit-il plus calmement. Zayn hochait la tête, ayant bien trop mal pour répondre. Où est ton imbécile de petit ami ? demanda-t-il en posant son regard sombre sur lui.

Zayn restait silencieux, fixant son ennemi. Il était hors de question qu'il lui dise qu'il avait mis fin à ses jours par sa faute, il en serait bien trop heureux. Max s'avançait de nouveau vers lui, il se penchait doucement, approchant son visage de celui du visage.

Je t'ai parlé. Réponds-moi, articula-t-il doucement.
Il est reparti chez lui. On est plus ensemble, répondit-il la voix légèrement tremblante.

Max le regardait un instant, arquant un sourcil avant de se redresser et de monter à l'étage. Zayn se levait en grimaçant légèrement sous la douleur avant de monter à la suite de Max. Il retournait le placard et les quelques affaires avant de se tourner en direction de Zayn.

Est-ce que tu te fous de ma gueule, Zayn ?
Est-ce que j'oserais ? demanda le métis d'un ton ironique.
Tu dors dans sa chambre, tu as des vêtements et des photos de lui partout, commença-t-il en venant près de Zayn. Il est mort, est-ce pas, Zayn ? demanda-t-il à son tour sur un ton ironique.

Zayn secouait la tête de gauche à droite alors que son regard s'attristait et le trompait totalement. Max le regardait fixement pendant de longues minutes avant d'éclater de rire.

C'est donc pour ça que tu m'as appelé, conclua-t-il.
C'est ce que tu voulais, je suis là. Finis-en avec moi, reprit Zayn la voix légèrement tremblante.


Max glissait deux doigts sous le menton de Zayn en lui adressant un léger sourire sarcastique.

Tu crois réellement que ça va se passer comme ça ? demanda Max. Regarde-toi, tu ne ressembles à rien, ça se voit à des kilomètres que tu n'es rien sans ce petit blond. Il l'attrapait de nouveau par le col, le tirant contre lui. Regarde-moi bien Malik. Je préfère te voir pourrir de souffrance sans lui que de te tuer de mes propres mains. Il lâchait Zayn qui tombait au sol, sans chercher à se retenir. C'est tellement plus jouissif de te voir vivre dans la souffrance que de te savoir mort et en paix, lui cracha-t-il, avant de redescendre. Je le comprends ton petit ami, moi aussi je me préférerais mort qu'à tes côtés, cria-t-il d'en bas avant de sortir en claquant la porte, qui étouffait son rire sadique.

Zayn restait au sol, fixant un point invisible au sol alors que les larmes lui montraient aux yeux aux dernières paroles de Max. « Moi aussi le je me préférerais mort qu'à tes côtés. » Jusque-là, il n'avait jamais pensé à la possibilité que ce soit entièrement de sa faute si Niall en était arrivé là. Le métis éclatait alors en sanglots, parce qu'il avait tout raté. Niall n'était plus là par sa faute, et lui avait été incapable de pousser Max à bout, comme il l'aurait voulu. Max était plus intelligent que ce qu'il avait imaginé. Il avait imaginé les choses plus faciles. Il s'était dit que de le pousser un peu aurait suffi à emporter Max dans une colère impulsive qui l'aurait laissé pour mort. Pourtant, il avait compris ces derniers temps que la vie n'était pas si simple. Qu'elle nous donnait rarement ce qu'on attendait et que quand bien même elle le faisait, elle reprenait aussitôt. Elle lui avait donné Niall pour le reprendre bien trop tôt. Le brun apportait ses mains sur son visage, pleurant à chaudes larmes. Il se surprenait lui-même à pouvoir pleurer encore autant, parce qu'il n'avait jamais imaginé qu'un être humain puisse pleurer autant en si peu de temps. Alors il restait immobile au sol, pleurant toutes les larmes de son corps, sans personne pour le rassurer ou le consoler. Personne n'était là, il était seul. Seul contre sa douleur, seul contre sa peine, seul contre son envie de rejoindre Niall, seul contre le reste du monde.

Save me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant