Chapitre XXXV

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[ Invaded - Tokio Hotel ]

                Zayn avait passé ces trois derniers jours dans la chambre de Niall, totalement plongée dans le noir. Il était couché à sa place, celle de Niall, parce que le cousin portait encore un peu de son odeur. Il portait également un sweat de son amant et ne l'avait pas quitté depuis ces trois longs jours. Il était très peu sorti de la chambre, parce qu'il voulait se faire oublier du reste du monde, parce que son monde à lui avait disparu. Parce qu'il ne se sentait plus en vie, parce qu'il était mort, au plus profond de lui. Son cœur avait subi un surplus de souffrance et il ne voyait aucune pointe de lumière dans ce gouffre si profond. Il ne voyait pas et ne voulait pas sortir de cet enfer. Parce qu'il avait mal, beaucoup trop mal. Sa douleur avait pris place petit à petit, au fil des jours qui l'avaient éloigné de Niall pour s'ancrer en lui et ne plus le quitter. Sa douleur et lui, ne faisaient plus qu'un.
Harry, Liam et Louis étaient venus lui rendre visite, parce qu'ils voulaient être là pour lui, même si c'était dur pour eux aussi. Mais Zayn les avait repoussés, Zayn n'avait pas accepté qu'ils viennent et leur avait dit de rentrer chez eux parce qu'il avait besoin d'être seul. Parce que c'est ce qu'il était à présent, seul. Parce que sans Niall, il n'y avait aucun intérêt, il se sentait toujours seul, toujours aussi vide. Personne ne pourrait remplacer sa présence, ou combler ce trou. Ce n'était pas ce qu'ils cherchaient d'ailleurs mais c'est ce que Zayn ressentait. Il sentait qu'ils voulaient être là pour lui, parce qu'ils avaient de la pitié pour son état aussi bas. Parce qu'il était ce pauvre mec, qui ne sortait de sa chambre que pour aller aux toilettes et manger, quand sa tête commençait à tourner. Parce qu'il était ce mec qui restait enfermé dans sa chambre, avec une odeur ignoble mais qui ne le dérangeait pas. Parce qu'il était ce pauvre type minable qu'on voyait dans les films à l'eau de rose. Et quand il y pensait, il se faisait de la peine à lui-même. Il se faisait pitié et ne pouvait s'empêcher de se dire "Regarde-toi, tu ressembles à rien. T'es qu'une merde Zayn." le peu de fois où il croisait un miroir.

La sonnette de la maison résonnait alors que le métis grognait, n'ayant aucune idée de l'heure qu'il était. Mais il savait parfaitement quel jour on était. Mardi, trois jours après le décès de Niall. Trois longs et malheureux jours. Il frottait ses yeux avant de se lever du lit sans grande conviction. Il esquivait les vêtements sales et les mouchoirs sales qui traînaient au sol avant de franchir la porte et de descendre d'un pas lourd et lent. Il ouvrait la porte et se retrouvait face à un Liam qui grimaçait.

T'as une sale gueule, Zayn, finissa-t-il par dire avant de rentrer.
Merci, Liam, souffla-t-il avant de remonter.
Zayn Jawaad Malik ! Redescends tout de suite.
Va te faire Liam, je t'ai déjà dit de ne pas venir, râla Zayn en rentrant dans sa chambre.

Le châtain soupirait longuement avant de monter, rejoindre Zayn. Il ouvrait grand les yeux lorsqu'il entrait dans la chambre, grimaçant fortement avant d'aller ouvrir les volets et grand la fenêtre. Zayn qui était de nouveau enfoui au fond de son lit, tirait la couette sur lui pour se blottir dedans.

Liam t'es relou, il fait super froid !
Tu sens l'odeur qu'il y a là-dedans ? Non mais sérieusement Zayn, rester ainsi ne va rien changer.
- Ta gueule Liam, ta gueule, ok ?! lui cria le métis en se redressant dans son lit.
Je... Désolé. Ce n'est pas ce que je devais dire.

Zayn lui lançait un regard noir avant de se lever, enroulé dans sa couverture.

Qu'est-ce que tu veux ?
Je suis venu parce que... Je me doutais que tu n'avais aucune idée de l'heure qu'il est. C'est dans une heure, Zayn, reprit-il avec douceur.
Oh, était le seul mot qui pouvait sortir de la bouche du métis.

                Zayn était debout, vêtu de noir, une paire de lunettes sur le nez pour cacher les larmes qui coulaient à longs flots alors que l'homme au costume récitait son texte habituel. Le métis fixait ce grand cercueil qui allait bientôt descendre sous terre. Il était impossible pour lui d'imaginer que son amant soit dans cette caisse. Et pourtant, tout prenait forme sous ses yeux. Il y avait un tas de monde, de la famille de Niall qu'il ne connaissait pas était venue d'Irlande, ses parents anéantis près de la tombe, des amis de la fac, Liam, Louis et Harry, qui portaient eux aussi ces fameuses lunettes noires qui ne laissaient rien paraître. Alors ils en étaient là. Tout était réel et c'était sans doute ce qui détruisait le plus Zayn à ce moment même. Prendre conscience que c'était bel et bien réel.
Zayn fixait cette boîte qui peu à peu s'enfonçait dans le sol et c'en était trop. Un sanglot lui échappait avant qu'il ne s'éloigne du groupe. Il se laissait tomber au sol, sans plus aucune retenue. Harry venait rapidement le rejoindre, s'abaissant à son niveau.

Zayn... murmura-t-il en glissant une main dans son dos.
Je ne peux pas Harry... souffla-t-il entre deux sanglots. Il est... Il est vraiment...
Chut Zayn... Il le prenait doucement contre lui. Chut, ça va aller... Calme-toi...


                Le métis était affalé dans le canapé de Louis, fixant le vide. Harry et Liam étaient de chaque côté de lui, et Louis se trouvait sur une chaise en face. Il parlait de l'état de Zayn, comme si celui-ci n'était pas là, à vrai dire il n'écoutait pas réellement. Il était physiquement présent, mais mentalement loin, très loin. Ils tentaient de trouver une solution pour essayer de sortir leur ami de ce trou, pour essayer de le faire aller, ne serait-ce qu'un petit mieux. Ils se balançaient qu'il valait mieux qu'il vienne chez l'un d'eux pour ne pas être seul, ou qu'un d'eux aille passer quelques jours chez lui, pour le bouger un peu.

Hey, je suis là ! faisait-il remarquer en élevant la voix lorsqu'il retrouvait ses esprits. Vous n'avez pas fini de parler comme si je n'étais pas là ? Comme si j'étais un gamin, ou un putain de boulet qu'on essaie de se refiler ! J'ai pas envie, ok ? J'ai pas envie de me bouger, d'aller chez vous, que vous veniez. J'ai pas envie de vous voir, vous comprenez ? Je veux être seul, j'ai besoin d'être seul, lança-t-il en se levant, criant presque. Je ne veux pas aller mieux, je ne veux pas me relever, parce qu'il est mort ! Putain, mon petit ami est mort, alors que pour la première fois de ma vie, j'étais heureux et amoureux ! Des larmes dévalaient à présent son visage alors qu'il enfilait sa veste. Il est mort, merde, plus jamais il ne sera là ! hurla-t-il avant d'ouvrir la porte. Alors laissez-moi et ne vous souciez plus du boulet que je suis ok ?

Il les regardait un dernier instant, alors que les trois étaient assis, les yeux et la bouche grands ouverts avant de sortir de la maison en claquant la porte. Il glissait ses mains dans les poches de sa veste avec rage avant de marcher à grands pas en direction du parc. Il marchait à vive allure et une fois dans le parc, il allait dans ce petit recoin. Celui où il avait retrouvé Niall en larmes quelques mois plus tôt, quand il le croyait responsable de son agression. Il se laissait glisser au sol, et c'était à son tour. Il pleurait à chaudes larmes, ramenant ses jambes à son torse et croisant ses bras sur ses genoux avant d'enfouir son visage dedans. Il pleurait sans aucune retenue, comme s'il était seul contre le reste du monde. Comme si personne ne pouvait l'entendre et le voir. Il pleurait, encore et encore. C'est ce qu'il avait l'habitude de faire maintenant, et ce depuis plusieurs semaines. Parce que pleurer était la seule chose qui lui restait à faire. Ses yeux étaient la seule chose qui lui restait pour le libérer le temps de quelques minutes de toute cette souffrance. Alors il pleurait, sans s'arrêter. Il pleurait à s'en couper le souffle et à en suffoquer. Il pleurait comme si sa vie en dépendait. Il pleurait parce qu'aujourd'hui il n'était plus qu'un poids pour ses amis. Un boulet qui les tirait sans cesse vers le bas. Une tache gênante au milieu de leur tee-shirt préféré. Une putain de merde, qui n'avait même pas réussi à rester jusqu'au bout de l'enterrement de son petit ami. Il n'était qu'un simple boulet, et ça, ça ne remontait pas à aujourd'hui.

Save me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant