Chapitre XX

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[ Run run run - Tokio Hotel ]

                Louis continuait de s'expliquer et ne cessait de répéter qu'il s'en voulait mais qu'il n'avait pas eu le choix car il pensait que c'était le mieux à faire. Mais Niall n'écoutait pas, il était ailleurs, il était parti loin. Alors il se contentait de hocher légèrement la tête de temps à autre, tout en caressant par moment le dos de son ami. Il était physiquement présent mais psychologiquement absent. Il n'entendait qu'un brouhaha lointain alors que dans son cerveau les idées fusaient à une allure impressionnante. Il ne pouvait se retirer de la tête que Max était quelqu'un de mauvais et qu'il avait sans doute tout un tas de connaissances et surtout une sacrée influence qui ne pouvait qu'être mauvaise. Sans oublier Barbara, qui était en fait sa sœur. Pourquoi avait-elle cherché à entrer dans sa vie ainsi ? Qu'est-ce qu'il avait fait de mal, qu'est-ce que Zayn avait fait de mal ? Voulait-elle s'en prendre à lui, ou à Zayn, peut-être aux deux ? Est-ce que ces personnes qui s'en étaient prises à lui étaient des amis de ce Max ? Et bordel, pourquoi Louis traînait avec Barbara s'il était au courant de tout ça ? Il y avait un tas de choses encore incohérentes, et le blond doutait que Louis lui ait tout dit. Il comprenait le fait qu'il ne pouvait rien dire, mais ça n'expliquait pas pourquoi il voyait Barbara régulièrement avant que la jeune femme et lui-même soient ensemble.

Pourquoi tu voyais Barbara, dans ce cas ? le coupa le blond dans sa culpabilité, comme si sa question suivait le fil de la conversation.
Au début je ne le savais pas... murmura-t-il en baissant le regard. Puis quand j'ai surpris Max avec Zayn, et que Max m'a pris sur le fait, il m'a fait promettre de me taire et de ne rien changer.
Louis, j'ai la sensation que tu ne me dis pas tout, reprit Niall, perplexe.
Niall... Je n'avais pas le choix. Le brun relevait la tête vers son ami. Je ne comprends pas moi-même, il y a eu tellement de choses en si peu de temps mais je ne suis au courant de rien de plus. Niall hochait légèrement la tête, peu convaincu, alors Louis insistait. Je n'ai pas de détail, je devais me tenir loin des histoires.
Oui, oui, le coupa Niall.

Le brun n'ajoutait rien alors que le plus jeune semblait horriblement agacé. Il l'était parce qu'au fond de lui, il avait toujours l'impression que Louis lui cachait des choses, et peut-être des choses essentielles. Peut-être que ça lui paraissait rien mais que c'était la minuscule pièce qui manquait au puzzle. Ça faisait trop longtemps que Niall était sur ce foutu puzzle, et la moindre petite pièce, même qui paraissait absurde, était la bienvenue. Parce qu'il avait toujours la même entre les mains et qu'il avait beau la tourner dans tous les sens possibles, elle ne rentrait pas, elle ne convenait pas, ce n'était pas celle attendue.
Louis étouffait de nouveau un sanglot et ça énervait davantage le blond. Il pleurait mais il ne savait rien de ce qui se passait dans la vie de Zayn et dans la sienne. Si quelqu'un aurait une raison de pleurer là, maintenant, c'était lui et uniquement lui. Parce que sa vie défilait devant ses yeux tel un film dramatique et qu'il était incapable de changer la tournure des choses. Parce qu'il croyait avoir touché le fond depuis longtemps, mais que chaque jour, les choses empiraient. Parce qu'il était loin de Zayn, qu'il ne savait pour combien temps encore. Parce qu'il sentait qu'il n'était plus en sécurité chez lui. Parce qu'à présent, bien qu'il garde espoir, il doutait fortement que les choses s'apaisent, que tout prenne fin et qu'il retrouve une vie paisible et joyeuse. Sa vie n'était plus sombre, elle était devenue totalement noire. Il n'y avait pas une seule pointe de lumière. Il avait pensé, l'espace de quelques secondes, que Zayn était la petite lumière qui éclaircirait de nouveau sa vie, mais la réalité l'avait rattrapé. Ils étaient tous les deux au fond du gouffre, et même s'ils se battaient, s'ils ne cessaient de s'accrocher, s'ils s'entre aidaient l'un et l'autre, rien ne changerait. C'était comme lutter contre la pesanteur, comme essayer de ramer seul à l'encontre d'un vent monstre et d'un courant puissant. C'était presque inutile. Ils avaient la sensation de traverser un de ces longs couloirs interminables et de ne jamais voir la moindre petite lumière, de jamais voir la porte, de jamais voir le bout. Alors même avec tout le courage, toutes les forces possibles, ça devenait presque moralement impossible de continuer. Comment pouvait-on lutter contre la vie, contre la mort, contre le destin ? On dit souvent que la vie est ce qu'on en fait et Niall détestait cette citation. Parce qu'il donnait tout pour que sa vie soit meilleure, et ça avait tout l'effet contraire. Cette citation était stupide, fausse, un amas de mensonges. Un peu comme quand on dit aux enfants que le père noël existe, juste un putain de mensonge qui te fait rêver pendant des années, pour au final, retirer toute la magie de l'événement.

Save me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant