Chapitre XXIX

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[ Right now - One Direction ]

             Le métis se laissait tomber à terre dans un bruit fracassant. A cet instant précis, on aurait pu entendre son cœur se briser et s'éclater en milliers de petits morceaux. Il ne sentait même pas la douleur de ses genoux qui avaient frappé avec force le carrelage, il ne réalisait même pas qu'il était là, à terre, les larmes coulant de ses yeux apeurés pour creuser ses joues rougies par toute cette agitation. La seule chose qu'il ressentait là, tout de suite, était l'énorme trou qui se formait au fond de sa poitrine. Il avait mal au coeur, à vrai dire, il n'avait jamais eu aussi mal qu'à l'instant présent. Zayn ne réalisait pas immédiatement que la scène qui se jouait devant lui était réelle. Son amant étalé au sol, le bras ouvert avec rage et du sang qui s'en écoulait. Du sang, partout autour de lui. Trop de sang. Tellement de sang qu'on ne pouvait pas croire que tout ça sortait d'une seule personne. 

Lorsque le brun prit conscience de l'état de Niall, il se précipitait à quatre pattes vers lui. Il n'avait pas la force de se lever, et ses larmes lui brouillaient la vue. Il était incapable de s'arrêter pour retrouver ses esprits et un minimum de calme. Incapable de se dire que c'était mieux de se calmer pour être efficace. Mais comment l'être lorsque l'homme que vous aimez plus que tout au monde se présentait devant vous, vidé de trop de sang et inconscient ? Parce que bordel, il l'aimait. Il l'aimait comme il n'était pas permis, il en aurait déplacé des montagnes, il aurait été capable d'aller décrocher la lune et toutes les étoiles pour Niall.
Les genoux de Zayn entraient en contact avec cette mare de sang, mais peu importait, il n'y prêtait pas attention. Il glissait une main tremblante dans la nuque de Niall pour lui redresser la tête alors que la deuxième se glissait sur sa joue, la caressant avec timidité. 

Niall, je t'en prie. Niall réponds-moi, souffla-t-il entre deux sanglots. Niall ! reprit-il avec plus d'ampleur.Bordel Niall, réponds-moi, réponds-moi ! T'as pas le droit ! T'as pas le droit putain ! cria le métis à s'en couper le souffle. 

Ses larmes se doublaient et il posait son front contre celui du blond, répétant sans cesse son prénom dans des murmures presque inaudibles. Après quelques minutes, il reposait la tête de Niall au sol, comme s'il reprenait conscience. Il retirait rapidement sa veste pour faire un garrot au poignet de son compagnon. 

Louis ! Putain Louis bouge ton cul ! s'écria-t-il, toujours en larmes. Il saisissait la main du blond qu'il serrait de toutes ses forces. Mon amour, ne me laisse pas... Ne me laisse pas je t'en prie, souffla-t-il avec douleur.Bordel, Louis dépêche-toi ! 

Ledit Louis arrivait en courant, reconnaissant parfaitement à la voix tremblante et apeurée de Zayn que rien n'allait, comme il lui avait assuré cinq minutes plus tôt. Il se précipitait dans la salle de bain et ses yeux s'écarquillaient à la vue de la scène qui se présentait devant lui. Il laissait échapper un "Oh mon dieu, Niall !" alors qu'il restait immobile, ses grands yeux bleus apeurés eux aussi et le visage banc. Il n'avait jamais été aussi blanc.

Appelle les pompiers ! Appelle les pompiers putain ! Lou bouge-toi !

Le mécheux hochait simplement la tête avant de quitter rapidement la pièce en attrapant son téléphone portable pour appeler les pompiers. Il ne réalisait pas ce qu'il venait de voir, Niall allongé au sol inconscient et Zayn, totalement désemparé, à ses pieds. Au fond, il ne savait pas ce qui lui faisait le plus de mal dans cette situation. De savoir que Niall est sûrement entre la vie et la mort, ou de voir Zayn aussi terrifié, aussi perdu, aussi vide. Parce que oui, malgré ses larmes, malgré ses cris, bien qu'il soit là, en train de tenir la main de Niall et de crier des ordres à Louis, il était totalement perdu. Perdu dans sa douleur, dans ses doutes, terrifié par le fait que peut-être, c'était la dernière fois qu'il verrait Niall. 
Il serrait davantage la main du blond dans la sienne, comme si sa propre vie en dépendait alors qu'il venait caresser la joue de son ami de l'autre. Il venait déposer des baisers sur tout son visage alors que ses perles salées s'écrasaient sur le visage pâle de Niall. Il espérait qu'il réagirait, qu'il ouvrirait les yeux, qu'il lui serrerait la main. Il espérait n'importe quoi, n'importe quel signe qui monterait qu'il y a encore de l'espoir. Ne serait-ce qu'un minuscule espoir. C'est la seule chose dont il avait besoin là maintenant pour tenter de s'accrocher et de se reprendre un minimum.

Mon amour...  souffla-t-il en fermant les yeux, ses lèvres contre le font de Niall. Ne fais pas ça, ne me fais pas ça... Je deviens quoi, moi ? Je t'en supplie Niall, accroche-toi... Je t'en supplie mon ange... murmura-t-il, les yeux toujours clos et les larmes dévastant toujours son doux visage tiraillé par la tristesse et la douleur.

Plusieurs pas se faisaient entendre dans les escaliers mais Zayn n'y prêtait pas attention. Il s'était allongé à côté de Niall, gardant au chaud la main froide de ce dernier dans la sienne et il avait fermé les yeux, priant silencieusement pour que Niall s'en sorte. Pour qu'il ne soit pas trop tard, et ça, même s'il n'avait jamais été croyant. Parce que c'est la seule chose qui lui restait, prier un Dieu en qui il n'avait jamais cru, dans l'espoir que les choses changent. Un voix indiquait la salle de bain avant que trois hommes entrent dans la salle de d'eau munis d'un brancard et d'une trousse de premiers secours.

Monsieur, écartez-vous s'il vous plait. On va s'occuper de lui, lança l'un d'eux avec douceur et assurance.

Zayn relevait le regard sur celui-ci sans pour autant bouger. Il ne voulait pas laisser Niall, il ne voulait pas lâcher sa main, parce qu'il lui avait promis qu'il serait toujours là et que s'il avait tenu sa promesse plus tôt, Niall n'en serait pas là. Il avait échoué, il avait menti et il se détestait. Il se détestait de l'avoir laisser venir seul, de ne pas être venu plus tôt, de ne pas avoir pensé à appeler les pompiers avant, de ne pas avoir envoyé John se faire foutre, de ne pas avoir pensé à s'échapper de tout ce cauchemar bien avant que les choses empirent. 

Monsieur, s'il vous plait. Laissez nous faire notre travail, insista l'homme. Chris, viens m'aider à le dégager, il est en état de choc. 

Et avant même que Zayn ne réalise ce que le premier pompier avait dit, il se sentait soulevé. Il poussait un cri en ordonnant au deuxième homme de le lâcher, venant même à l'insulter de tous les noms qui lui passaient par la tête. Ses larmes qui s'étaient calmées reprenaient de plus belle alors qu'il gigotait dans tous les sens pour que le pompier se décide enfin à le laisser. L'homme le déposait au sol dans le couloir alors qu'un troisième fermait la porte de la salle de bain derrière lui.

Non ! Niall, Niall ! cria-t-il, tentant de se dégager du pompier. Lâche-moi enfoiré ! Je t'ai dit de me lâcher, lâche-moi ! Zayn lui hurlait dessus, s'en arrachant presque la gorge. 
Monsieur calmez-vous, calmez-vous ! On va faire notre possible pour votre ami, reprit l'homme d'un calme affolant. Mais pour ça, il faut que vous vous calmiez et que vous nous laissiez travailler.
Zayn... murmura Louis en venant poser une main sur son épaule. Ils sont là pour lui... souffla-t-il les yeux rouges et humides.

Zayn lui lançait un regard noir en repoussant la main du mécheux avant de se lever et de descendre. Une fois en bas, il attrapait un vase qui traînait et le jetait en travers de la pièce en poussant des injures, s'insultant lui-même. Parce qu'il avait échoué, parce qu'il était responsable, parce qu'il ne se le pardonnerait jamais, même si Niall s'en sortait. 

Les pompiers emmenaient Niall dans le camion, alors qu'un des trois s'approchait de Zayn qui était assis sur la dernière marche des escaliers, à présent plus calme. Ses yeux étaient rouges et gonflés, ses joues étaient elles aussi rouges ainsi que son nez. Il ne pleurait plus, sûrement parce qu'il n'avait plus la force, ou encore parce qu'il avait déjà pleuré toutes les larmes de son corps.

Il est préférable que vous vous changiez avant de venir monsieur, conclua l'homme en uniforme.
Non ! se levait Zayn. Je veux l'accompagner, laissez-moi l'accompagner.
Vous êtes couvert de sang... Rejoignez-nous à l'hôpital avec votre ami, vous n'êtes pas en état de conduire.

Le métis ne relevait pas. L'homme le saluait alors avant de sortir et de rejoindre ses collègues dans le camion. Les sirènes se faisaient rapidement entendre avant de ne devenir qu'un bruit lointain. Zayn était resté muet et immobile, fixant le vide devant lui. Il était mal, comme jamais il ne l'avait été et la sensation de devenir complètement dingue s'emparait de lui. Il avait la sensation de s'être perdu, que son corps était là mais que son esprit était resté allongé dans la salle de bain, complètement anéanti.
Louis s'approchait doucement de lui pour ne pas lui faire peur, et posait doucement une main sur l'épaule du brun.

Zayn ? Change-toi, je vais t'y conduire... proposa-t-il doucement.
Ne te sens surtout pas obligé Louis, lui répondit Zayn froidement.
Pardon ? demanda le mécheux, légèrement troublé par le comportement du métis.
Tu as parfaitement bien entendu ! s'énerva-t-il. Pourquoi tu fais ça, hein, pourquoi ? demanda-t-il en s'avançant davantage et dangereusement vers Louis. 
Zayn... Tu me fais peur là, avoua-t-il. Je sais que c'est dur mais...
C'est de ta faute tout ça ! le coupa le brun en le plaquant au mur. C'est de ta faute, putain ! Niall va crever par ta faute ! lui hurla-t-il en serrant sa main au cou de Louis. Parce que t'as pas été capable d'ouvrir ta gueule ! T'as pas été capable de porter tes couilles et de t'opposer à Max ! cracha-t-il avec haine. T'as préféré protéger ta peau et laisser Niall couler en allant avec Barbara.
Zayn... souffla Louis avec difficulté. 
T'es qu'un lâche ! Un putain de lâche qui ne pense qu'à sa petite personne ! reprit Zayn avec rage, son visage à quelques centimètres de celui de son ami. Tu peux très bien faire le gentil auprès de Niall, mais ça ne marche pas avec moi. Ça n'a jamais marché ! continua-t-il plus calmement. Et si Niall ne s'en sort pas, je ne te le pardonnerai jamais. Je le vengerai, crois-moi, reprit-il avant d'enfin lâcher Louis.


Le plus vieux passait ses mains à son cou suffoquant alors que Zayn montait à l'étage. Il enfilait rapidement un tee-shirt et un jean propres avant de redescendre. Il jetait un regard noir et haineux à Louis qui n'avait pas bougé avant de sortir et de rejoindre la voiture.

Ramène- toi et emmène-moi à l'hôpital, lui ordonna une nouvelle fois Zayn.

Je viens pour M. Horan, annonça Zayn à l'accueil des urgences. Il est arrivé il y a une quinzaine de minutes avec les pompiers.
Oui, M. Horan, je vois très bien. Vous êtes de la famille ? demanda la jeune femme avec douceur.
Je suis... Son compagnon, murmura-t-il.
Très bien, patientez dans la salle d'attente des soins intensifs. Le médecin qui s'occupe de lui viendra vous voir au plus vite, souria-t-elle.

Zayn la remerciait avant de rejoindre la salle d'attente que la jeune femme lui avait indiqué, suivit de Louis qui avait été silencieux depuis leur dispute. Le plus vieux des deux s'asseyait alors que le métis faisait les cents pas dans la petite pièce. Son portable se mettait à vibrer, le sortant de son inquiétude, il regardait le message qui s'affichait puis tapait quelque chose sur l'écran avant de le ranger.

Une bonne demi heure était passée et aucun médecin n'était venu auprès des deux amis. Zayn avait été engueulé la femme de l'accueil plus d'une fois, sous prétexte qu'ils ne se rendaient pas compte de l'attente et que leur service était mauvais mais ça n'avait rien changé. Ça lui avait simplement permis de passer ses nerfs, l'instant de quelques minutes. Deux hommes qu'il connaissait parfaitement entraient dans la salle et rapidement, l'un d'eux venait lancer.

On est venus dès qu'on a su. Je suis désolé, souffla Liam en le serrant un peu plus. Oh et... ça ne changera rien pour nous, jamais.
Merci Liam... murmurait-il en souriant légèrement. Harry venait à son tour le prendre dans ses bras une fois Liam dégagé.
Ça va aller, vous avez encore plein de choses à vivre tous les deux.
Merci Harry, souria-t-il doucement. Je... Je suis désolé de vous l'avoir appris par sms... reprit-il gêné, passant une main dans sa nuque. On voulait vous le dire ensemble, un soir en prenant un verre ou une connerie comme ça... Niall voulait vous le dire en face, finissa le métis, la voix tremblante sur la fin.
Y a pas de souci Zayn. Ça va, le rassura Liam en s'asseyant aux côtés de Louis.

Zayn ne relevait pas, lui adressant simplement un bref sourire avant de reprendre ses cent pas interminables. Lorsqu'un homme en uniforme blanc entrait enfin dans la pièce, le métis se stoppait et d'un coup, l'ambiance devenait beaucoup plus tendue.

Vous êtes de la famille de Monsieur Horan ? demanda-t-il calmement.
Oui, répondit immédiatement le brun.
Asseyez-vous, lui disait-il en lui indiquant le fauteuil, Zayn obéissait instinctivement, ne le quittant pas des yeux. M. Horan est dans un coma profond, commençait-il. Il a perdu du sang, énormément de sang et c'est très mauvais.

Les quatre amis blêmissaient et instinctivement, Liam venait attraper la main du métis, comme pour lui faire comprendre qu'il était là pour le soutenir face à sa douleur. 

Il va... demanda Zayn alors que les larmes le menaçaient. Est-ce qu'il va... 
Est-ce qu'il va s'en sortir, docteur ? le coupa Harry, voyant qu'il n'arrivait pas à trouver ses mots.
Il est dans un état critique... Pour être honnête, il y a peu de chance qu'il se réveille.

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