Chapitre XXXII

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[ La fin - Emmanuelle Moire ]

              Zayn se réveillant sur les coups de onze heures, dans ce lit trop grand pour lui. Dans ce lit vide, où il manquait l'essentiel : Niall. Sa nuit avait été réparatrice et lui avait fait du bien, même s'il était difficile de récupérer d'une fatigue morale. Surtout quand cette fatigue était présente depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il n'en avait pas forcément pris conscience, lui comme le blond, mais tous ces événements les avaient énormément fatigués moralement, ils les avaient vieillis plus vite, les avaient épuisés et menés peu à peu à bout de force, et Niall était aujourd'hui le résultat de tout ce surplus.
Le métis passait une main sur son visage avant de tourner la tête sur cette place vide et de soupirer tristement. Il donnerait tout ce qu'il avait pour revoir le corps menu de Niall allongé, là, à ses côtés et serein. Pour le voir sourire, le voir encore endormi et venir se cacher dans ses bras. Il aimerait l'entendre lui dire qu'il l'aime et qu'il a bien dormi parce que Zayn était là pour le rassurer. Et dès lors, le brun savait que cette journée ne commençait pas bien, qu'elle serait mauvaise. Parce que chaque journée loin de son amant était mauvaise. Il tendait la main sans conviction vers son portable pour s'informer de l'heure et ses yeux s'écarquillaient à la vue de celle-ci. Il avait dormi longtemps, trop longtemps, parce qu'à cette heure, sa place était sur une chaise, à tenir la main de son cher et tendre, à lui parler dans l'espoir qu'il entende ses supplications. Sa place n'était pas couché au chaud dans un lit bien trop grand pour lui , à se lamenter sur son sort. Alors, avec une rapidité exemplaire, il se levait et sautait à la douche.
Dix minutes. Dix minutes était le temps que Zayn avait mis à prendre sa douche, s'habiller, se coiffer et avaler un petit truc, histoire de ne pas partir le ventre vide. Il attrapait les clés de la voiture de Niall sur la table basse et sortait, se dirigeant vers celle-ci. Ca ne l'enchantait pas de devoir prendre celle du blond, mais il n'avait pas le choix, la sienne était chez Louis et il n'avait aucune envie de marcher ou encore d'aller chez Louis, qu'il considérait à présent comme un traître. Il grimpait dans le véhicule, faisait quelques réglages et se rendait à l'hôpital.
Le brun rejoignait la chambre de son petit ami et lorsqu'il franchissait la porte, il tombait sur deux personnes qui étaient positionnés au bout du lit. Un homme pas très grand et une femme légèrement plus petite à côté. Zayn pouvait les entendre renifler alors qu'il s'approchait doucement.

Bonjour, souffla-t-il dans un murmure alors que ces deux personnes lui faisaient face.
Bonjour, murmura la femme, essuyant son nez de son mouchoir. Vous êtes Zayn, je suppose.

Zayn se figeait aussitôt en comprenant qui étaient ces gens, alors que l'homme s'approchait, le visage terne, pour lui serrer la main. Le métis était tout à coup gêné, parce qu'il n'était pas préparé à ça. Il n'avait pas pensé, ne serait-ce qu'une seconde, que les parents de Niall allaient se pointer, alors qu'à présent ça lui semblait totalement normal. Ses yeux fuyaient le regard de l'homme légèrement grisonnant. Et s'ils pensaient qu'il était responsable de tout ça ?

Je suis Bobby, le père de Niall. Et ma femme, Maura, disait-il en adressant un regard chaleureux et rempli de compassion à Zayn.
Enchanté monsieur et madame Horan, murmura-t-il timidement. Je suis... Je suis bien Zayn.
Appelez-nous par notre prénom, je vous en prie. Niall m'a parlé de vous tellement de fois, j'ai l'impression de vous connaître, reprit la femme. Zayn lui souriait timidement, mal à l'aise. Et à vrai dire, vous êtes aussi beau qu'il le prétendait.
- Merci madame, répondit-il, les joues légèrement rougies par la gêne.

Et la femme partait dans une discussion qui, à vrai dire, n'intéressait pas vraiment Zayn. C'était gênant, extrêmement gênant de rencontrer ses beaux-parents dans ces circonstances, sachant que son compagnon est là physiquement mais loin mentalement. C'était gênant parce que Zayn n'avait qu'une envie, c'était de lui dire de se taire et de le laisser rejoindre Niall. Le laisser prendre sa main, l'embrasser et lui dire qu'il était là et qu'il l'aimait. Il avait envie de leur dire de se taire et de sortir pour être seul avec l'homme qu'il considérait l'homme de sa vie, mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait parce qu'il ne les connaissait que depuis quelques minutes et que leur place était là également, auprès de leur fils. L'homme qui répondait au nom de Bobby prenait Zayn en compassion et arrêtait Maura dans son presque monologue, lui disant qu'elle embêtait le petit. Le métis leur adressait un léger sourire alors que la femme s'excusait. Doucement, le brun s'approchait du lit et venait déposait un baiser sur le front froid de Niall, tout en prenant sa main.

- Bonjour mon ange... chuchota-t-il, sous le regard de ses beaux-parents. Je suis là, et tes parents aussi sont là. On a tous besoin de toi Niall... reprit-il, toujours dans un murmure alors que sa voix commençait à trembler.

Puis, les parents Horan sortaient doucement de la pièce, laissant un peu d'intimité aux amoureux. Parce qu'ils avaient senti que l'ambiance était pesante, que Zayn avait besoin de se retrouver seul avec leur fils. Parce qu'ils avaient vu, ils avaient compris l'amour que lui portait Zayn. Ils avaient vu la sincérité, l'inquiétude et la souffrance de cette situation à travers son regard brun. Alors, ils étaient simplement sortis faire un petit tour.

Zayn était assis sur un banc devant l'hôpital, un café dans une main et une cigarette dans l'autre, le regard perdu dans le vide. Sans doute à penser, à trop penser. Parce que voir les parents de Niall avait déclenché quelque chose. Il se rendait compte de toutes ces choses qu'ils avaient encore à vivre. Il aurait aimé que Niall le présente lui-même à ses parents, et que lui, le présente à ses sœurs. Il espérait pouvoir retourner en Angleterre pour sortir ses sœurs du calvaire qu'elles vivaient, comme il leur avait promis. Et il espérait le faire avec Niall. Il espérait voir la réaction de ses sœurs, qui serait positive. Il en était sûr, il en était certain. Un léger sourire se dessinait sur ses lèvres alors qu'une larme silencieuse roulait sur sa joue. Ca faisait mal, de se dire que tout ça n'arriverait peut-être jamais. Que peut-être Niall s'en sortirait mais qu'il serait un légume, que peut-être il n'ouvrirait plus jamais les yeux. Et le creux au fond de la poitrine ne cessait de s'agrandir, creusant un peu plus à chaque heure, chaque minute, chaque seconde dans cette incertitude. Ca le tuait d'être là et ne rien pouvoir faire. De ne rien pouvoir changer, ne pas avoir réussi à changer les choses avant que tout ça n'arrive. Ce qui était encore plus douloureux c'était les propos des médecins « on ne peut pas vous dire quand il se réveillera, ni même s'il se réveillera. Niall a perdu énormément de sang et son cerveau est resté sans oxygène un long moment. » Bordel, c'était leur métier. C'était leur devoir de l'informer de l'état de son petit ami, c'était leur devoir de se bouger pour qu'il aille mieux, qu'il ouvre un œil ou deux, qu'il bouge ne serait-ce qu'un doigt. C'était leur taffe, celui de personne d'autre. La vie de Niall était entre leurs mains et bordel, ils marchaient tranquillement dans ces longs couloirs blancs et interminables, plaisantant, riant. Comment pouvaient-ils rire alors que des centaines de patients étaient entre leurs mains ? Que des centaines de familles étaient au plus mal, ignorant si leur compagnon, leur père, leur mère, leur frère, leur sœur, leur femme, leur mari, leur tante, oncle, cousine ou cousin allait ouvrir leurs putain d'yeux.
D'autres larmes avaient rejoint la première, parce que c'était simplement quelque chose qui le tuait à petit feu. C'était des choses qu'ils ne comprenaient pas et qui le révoltaient.

Zayn ! Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Harry, le sortant de ses songes.
Je me détends... J'essaie, répondit-il en jetant son mégot au sol. Ses parents, ils sont là.
- Oh... Et comment ça s'est passé ? demanda-t-il en plongeant ses yeux émeraude sur le métis.
Bien, souffla Zayn. Il leur a beaucoup parlé de moi apparemment... Ils semblent désemparés.
- C'est leur fils, c'est normal Zayn, reprit-il en glissant une main dans le dos de son ami. Tu sais, on pensait avec les gars... Ne reste pas chez toi, c'est pas bon. Retourne chez Louis, proposa-t-il.
Hors de question, répondit le brun entre ses dents serrées.
Ou bien, viens chez moi, ou même Liam.
Je verrai Harry, je suis bien chez moi.
Tu ressasses le passé... souffla-t-il hésitant.
Même si je ressasse le passé Harry, je n'ai plus rien à perdre. Je pourrais pas être plus mal, tu comprends ? Sans lui, je n'ai plus rien à perdre, j'ai déjà tout perdu. Je suis déjà au plus bas.

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