Chapitre XXXIII

1K 83 15
                                    

[ Jessie J - Love letter ]

              Deux semaines s'étaient écoulées depuis que Niall était entré à l'hôpital. Zayn était toujours aussi abattu mais semblait plus stable. Les gars avaient réussi à lui faire prendre conscience que Niall avait besoin de lui à ses côtés mais fort et battant. Pas affaibli et pleurant, alors il avait accepté de faire un effort. De rentrer dormir chez lui le soir, de tenter de manger un peu plus. Il le faisait parce qu'il n'avait jamais autant espéré que les choses changent durant toute sa vie que ces deux dernières semaines. Il le faisait pour Niall, pour ses parents qui eux aussi essayaient de se montrer forts et pour ses amis. Alors bien sûr, il avait toujours aussi mal et des larmes roulaient à grands flots le soir lorsqu'il se retrouvait seul. Les larmes coulaient lorsqu'il parlait à Niall et qu'il n'avait aucune réponse, lorsqu'il saisissait cette main froide, lorsqu'il posait ses lèvres sur ce visage pâle, trop pâle. Mais il tentait rapidement de sourire malgré ça, malgré cette douleur, ce poids qui était constamment présent, parce qu'il le fallait. Il avait longuement réfléchi à la proposition de Harry, de vivre chez l'un d'eux, mais il avait refusé. Zayn avait récupéré ses affaires ainsi que celles de Niall chez Louis et vivait à présent chez lui, chez eux.
Le métis avait également fait plus ample connaissance avec les parents du blond qui l'appréciaient énormément. Ils voyaient en Zayn un jeune homme impliqué et aimant. Un jeune homme qui était également à leur écoute malgré sa souffrance visible. A vrai dire, Zayn aussi les appréciait et plus il les connaissait, plus il comprenait comment Niall pouvait être un être aussi doux, aussi joyeux, aussi battant, parce que ses parents transpiraient la même chose. Malgré ce drame qui s'abattait sur eux, ils étaient forts et gardaient le sourire, toujours. Et c'était aussi pour ça que Zayn tentait de rester fort, lorsque ses parents lui disaient qu'il n'y avait rien de nouveau dans l'état de Niall. Parce que eux lui annonçaient avec un petit sourire désolé sur le visage, alors il tentait de répondre de la même manière. Au fond, ça l'embêtait de ne plus être celui que l'on contacte en cas de nouvelle, mais il était logique que ses parents soient ces personnes, alors il ne disait rien.

              Aujourd'hui, Zayn avait été manger dehors avec Liam, qui lui avait affirmé qu'il allait l'emmener dans le meilleur restaurant de la ville. Alors qu'ils plaisantaient en entrant dans le couloir, Zayn proposait à son ami d'aller chercher les cafés, chose que Liam acceptait immédiatement, un large sourire ornant ses fines lèvres. Le châtain rejoignait alors l'ascenseur tandis que Zayn allait chercher les deux cafés.
Lorsque que le brun arrivait dans le couloir de la chambre de Niall, il ralentissait le pas. Liam était posé devant la porte avec les parents de Niall, il s'approchait lentement. Non pas pour se cacher et ne pas se faire entendre, mais par simple réflexe. Et plus il avançait, plus la conversation se faisait compréhensible.

Je pense sincèrement qu'il est préférable de lui dire, Madame Horan, tenta Liam avec douceur.
Il semble si fragile, souffla-t-elle désemparée. Il commence seulement à retrouver goût à la vie...
Zayn est quelqu'un de fort mais une chose est sûre, c'est qu'il est encore loin de ça. Je ne l'ai jamais vu aussi perdu, aussi vide, reprit le châtain. Vous ne pouvez pas attendre de faire votre choix pour lui dire, ce serait trop dur.
Me dire quoi ? interrompa le métis, faisant sursauter Maura et Liam.
Oh Zayn... répondit le châtain en lançant un message d'appel aux parents du blond du regard.
Me dire quoi ?! insista-t-il.
Et bien... Les médecins ont des nouvelles sur l'état de Niall, commença le père, la voix tremblante.

Zayn plantait son regard noisette dans les yeux clairs de Bobby tentant de lire à travers les lignes, à travers cette voix tremblante. Il tentait ensuite de s'accrocher au regard de Liam qui fuyait et il comprenait. Il comprenait que ce n'était pas bon.

Je vous écoute, souffla-t-il alors que les larmes le menaçaient déjà.
Hier, les médecins nous ont dit que sa respiration était faible, très faible et que ses poumons avaient énormément de mal à garder l'oxygène... La voix de Bobby était de plus en plus tremblante et il était devenu difficile pour lui de la contrôler. Sans l'appareil... Sans l'appareil, il ne respirerait certainement plus, finissa-t-il en baissant le regard alors qu'une larme roulait le long de sa joue.

Zayn laissait s'étaler au sol les deux cafés qu'il tenait jusque-là dans ses mains, son regard se faisait flou, rempli de toutes ces perles salées qui coulaient à présent sur ses joues. Son visage devenait blanc et son regard vide. Il voulait se réveiller, parce qu'il était en plein cauchemar. Il ne voyait aucune autre explication à ça. Il dormait et était en train de faire un horrible cauchemar. Alors, de toutes ses forces il tentait de se réveiller, il priait pour que son téléphone, son réveil, la sonnette sonne. N'importe quoi, mais que quelque chose le sorte de là. La main qui se posait sur son épaule le rappelait à la réalité, alors lentement, il posait son regard vide et perdu sur Liam, qui resserrait légèrement sa main. Ses yeux marron brillaient sous toute l'eau qui les remplissait.

Ils n'ont... Ils ne peuvent pas le débrancher sans notre accord, reprit doucement Bobby entre deux sanglots. Il n'y a plus d'espoir...

Zayn restait muet, hochant simplement la tête légèrement. Bobby n'avait rien à ajouter, le message était passé, Zayn avait compris, Liam avait compris, tout le monde avait compris. Monsieur et Madame Horan rentraient dans la chambre de leur fils, reniflant bruyamment alors que le métis restait immobile, son regard fixant le vide et les larmes dévalant ses joues à présent rougies. Il n'était même pas conscient de son état, il aurait été incapable de dire qu'il pleurait parce qu'à ce moment même, il était juste vide. Il ne ressentait qu'une horrible douleur et l'envie de se jeter par la fenêtre. Il ne sentait pas les larmes rouler, il ne sentait pas non plus Liam qui venait l'enlacer. Il ne voyait pas ses deux autres amis qui étaient sortis de la chambre et leur avaient fait un signe avant de partir du couloir laissant Liam et ce corps vide qui répondait au nom de Zayn.

Il faut que tu sois fort... D'accord ? On est tous là, Zayn, murmura la voix éraillée par la douleur de Liam à l'oreille de brun.
Ils n'ont pas le droit ! répondit-il en élevant la voix. Ce n'est pas possible, ils n'ont pas le droit !
- Chut, Zayn... Ca va aller, tenta Liam en le serrant davantage contre lui, le berçant légèrement. Ça va aller, d'accord...
- Ils n'ont pas le droit, ils vont le tuer ! reprit-il.

Le métis se détachait de son ami, le regard apeuré. Il ne pleurait plus, car la panique avait pris le dessus. Il était encore vivant et ils allaient le tuer, de leur plein gré. Ils allaient donner l'autorisation, et ils étaient les seuls qui avaient ce pouvoir. Ils allaient le tuer.
Zay s'approchait du hublot de la porte, observant les parents de Niall parler avec le médecin dans la chambre.

Ils n'ont pas le droit, ils vont le tuer... murmura-t-il en posant ses mains contre la porte, alors que les larmes reprenaient le dessus. Ils n'ont pas le droit...

Liam reniflait doucement, avant de s'éloigner légèrement de cette scène qui lui brisait le coeur. Parce que Zayn était effondré, souffrant, désemparé, apeuré, terrorisé par cette idée. Parce qu'il sentait que quoi qu'il fasse, lui comme Harry ou Louis, ça ne changerait rien. Parce qu'il sentait que Zayn avait besoin de se retrouver seul et d'assister à la scène qui se déroulait dans la chambre. Il avait besoin de voir les parents de Niall en train de signer les papiers, sa mère pleurant dans les bras se son père et le médecin avec un visage impassible. Il avait besoin de voir tout ça, pour prendre conscience que c'était la fin. La fin d'un amour, la fin d'une vie, la fin de deux vies. Celle de Niall mais également de la sienne, indirectement. Parce qu'il venait de toucher le fond du gouffre et que la sortie était à des millions de kilomètres au-dessus. Parce qu'elle était bouchée, parce que sans Niall, il n'y avait plus de sortie existante.

Save me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant