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     Orian et moi marchons le long des allées de l'Université. Aujourd'hui, ses lentilles sont orange pour celle de gauche et rose néon pour celle de droite. Je peux entendre le crissement de nos semelles contre les graviers, et je retiens mes soupirs tristes. D'ordinaire, je me presse de rentrer chez moi, pour câliner le sublime et stupide boxeur qui me sert de petit-ami, mais cet idiot est retourné à Tahiti.

Il m'a serré dans ses bras très fort avant de repartir. Il semblait avoir peur. Comme si quelque chose allait nous arriver. Je me sens mal d'être si paranoïaque, mais il paraissait vraiment... Différent de d'habitude. Cela dit, je n'ai pas pleuré, à l'aéroport. J'ai même souri. Parce que j'ai déjà survécu à son départ une fois, désormais je sais que nous sommes capables d'affronter ça une deuxième fois.

« Tu as commencé à réviser pour les partiels ?, questionne Orian, ses mains égratignées dans ses poches.

Je ne suis pas rancunier. Alors j'ai pardonné Orian pour ses insultes.

Non pas qu'il se soit excusé, mais je déteste perdre des amis, et... À vrai dire, j'ai un peu peur d'Orian. Quand Moana n'est pas là pour me protéger, je pèse mes mots et j'évite les conflits. Je suis un trouillard

- Bien sûr !, affirme-je en hochant la tête. Ils sont dans seulement quelques jours ! Et ils sont super importants !

- Je sais... Je m'y suis mis ce week-end, et je le sens mal..., se plaint-il.

- Orian !, fais-je, moralisateur. Tu sais parfaitement que la première année à l'université est celle où on n'a pas le droit au relâchement ! Ces partiels sont essentiels pour confirmer ton année !

- Ça ira, ça ira...

Je pousse un long soupir. À quoi bon l'en convaincre ? Ça ne me regarde pas. S'il veut sacrifier son avenir de rêve juste pour quelques épisodes de Netflix, c'est son problème. Pas le mien.

Moi, je vais mettre toutes les chances de mon côté. Car, qu'y a-t-il de plus important que mon assurance d'avoir le futur dont je rêve ? J'ai besoin d'être le meilleur de l'Université, pour être recruté comme un astronome de renom ! Et si je foire mes premiers partiels, alors c'est fini. Alors mon dossier universitaire ne sera plus aussi brillant et parfait qu'il est. Je l'ai perfectionné pendant des années, en allant en cours même quand je me sentais mourir, en passant des nuits blanches à apprendre mes leçons, en me gardant de parler à n'importe lequel de mes voisins pour ne pas avoir l'appréciation « bavardage ». J'ai sacrifié bien des heures de ma vie d'écolier pour intégrer cette faculté.

En conclusion : je vais donner le meilleur de moi-même lors de mes examens de fin de semestre, et j'obtiendrai le fruit de mes si longs efforts ! Il n'y a aucune chance que cela se passe autrement, si j'y ai mis toute ma motivation et mon travail !

N'est-ce pas ?

- Si tu le dis., cède-je.

Orian rigole légèrement, étourdi :

- Les examens commencent à quelle heure, déjà ? »

Je me tape la tête en riant de son inattention, mais m'arrête net lorsqu'un grand blond que je ne connais que trop bien me saute sur le dos en criant :

« Nange !! Tu ne sais pas quoi !!, pleurniche-t-il en s'accrochant à moi.

J'écarquille les yeux, déstabilisé, et passe mes bras autour de son corps. Cytzel, des larmes plein ses splendides yeux verts.

- Victor a couché avec un détritus, un homme vieux d'une quarantaine d'années, sur mon canapé !! Je les ai vus quand je suis rentré chez moi à la pause déjeuner, Nange, ils gesticulaient comme des animaux devant mes yeux innocents !!

Moon's flowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant