Moon's flower

53 - Victory

     Ange époussette les épaules de ma veste et resserre ma cravate grise, un grand sourire creusant un croissant de lune sur son visage fier.

Je me tiens en face de lui, au pas de sa porte.

« Je crois en toi, Moana. Montre-leur qui est le meilleur. Démonte-lui la tête et fais-le ramper sur le sol en suppliant l'arbitre d'arrêter le combat.

Je ris, mais mes mains tremblent dans mes poches.

- Tu es stressé ?, me demande-t-il.

- B-Bien sûr. C'est un combat super important, il est décisif pour mon avenir. Si je perds aujourd'hui... Le gros sponsor qui m'a approché risque de me laisser tomber, et je retournerai à la case départ.

Ange me caresse la joue du dos de sa douce main.

- Il n'y a pas de raison que tu perdes. Tu t'es entraîné très dur, et tu as fait de grands progrès, Émile te l'a dit ! Je suis certain que tu vas assurer, mon amour !

Il effleure mes lèvres, et sourit :

- Et puis, même si tu perdais... Tu serais toujours Moana Ébène, suivi de près par les professionnels, avec un avenir tout tracé devant lui. Rien ne t'enlèvera ça, Naochi.

De ses deux mains, il attrape les miennes, et dépose un tendre baiser sur chacune d'entre elles.

- Tu gagneras pour moi, n'est-ce pas ?

J'éclate de rire.

- T'as raison. J'embrasserai ma médaille pour dédier ma victoire à l'amour de ma vie, et les filles hurleront de satisfaction.

- Je suis vraiment attristé de ne pas pouvoir venir te voir, aujourd'hui... Tu rentreras pour fêter ta réussite avec moi, n'est-ce pas ?

- Tu es le seul avec qui j'ai envie de célébrer mes progrès, Coleen, tu le sais bien.

Satisfait, il laisse un joli sourire l'éclairer.

- J'ai le droit à un baiser pour me souhaiter bonne chance ?, le titille-je.

Ange pose ses mains sur ma nuque et se hisse sur la pointe des pieds. Il m'embrasse doucement, comme s'il ne voulait pas me briser, comme si j'étais infiniment précieux. Mon cœur bat déjà à toute allure, délecté de l'affection de mon petit-ami, et mon copain s'écarte en souriant.

- J'suppose que j'ai plus qu'à gagner, maintenant. À ce soir, mon Ange.

- À ce soir Naochi ! Bon courage, sois le meilleur, comme d'habitude ! Et n'oublie pas que ton fiancé t'attend à la maison, alors ne drague pas trop les jolies filles !

Je lui ébouriffe les cheveux, en riant.

- J'tacherai d'm'en rappeler.

- Je t'aime, Moana. Bon courage..., finit-il.

- Je t'aime encore plus. »

Et sur ces encouragements dégoulinants de naïveté, je sors de chez Ange pour prendre le taxi qui m'attend au pied de l'immeuble.

     J'enfonce la clé dans la serrure, et ouvre la porte en bois. Ange saute du canapé et se précipite vers moi. Je ferme la porte, et il vient me prendre dans ses bras en souriant :

« Alors, mon amour ?! Comment ça s'est passé ?!

Je le regarde dans les yeux. Ses pupilles scintillent d'espoir, il a l'air fier de moi, une subtile teinte rose pigmente le bout de son nez.

Je laisse ma tête tomber sur son épaule.

Je ne le mérite pas.

- M-M-Moana ?... Ça va, mon cœur ?...