Moon's flower

79 - Sea wasp

           Les vagues volaient avec délicatesse devant les yeux d'Aimata, comme si elles se caressaient les unes les autres.

Il était assis sur le sable, les mains autour de ses genoux, et à côté de lui était assise Iveta, la jeune femme qui avait brusquement décidé qu'ils étaient amis.

Ils demeuraient silencieux depuis une bonne dizaine de minutes, lorsqu'Aimata demanda :

« Tu t'y connais en couple ?

- Hum... J'ai déjà eu plusieurs copains, oui.

- J'ai laissé le mien réfléchir pendant trois semaines. Tu crois que je peux l'appeler, maintenant ?

- Vous êtes fâchés ?

Il hocha la tête.

- Oui, je pense que tu peux. Au bout de trois semaines, la colère est passée, je suppose.

- Il est tard, chez lui. Je l'appellerai demain.

Aimata utilisait ouvertement des pronoms masculins, mais Iveta n'avait pas tilté. Elle n'avait simplement pas fait attention à ce détail, qui lui semblait insignifiant sur le moment.

- Il me manque., rajouta-t-il.

- Je comprends. Mais tu l'appelleras, et je suis sûre qu'elle te pardonnera ! N'oublie pas de t'excuser, et de lui dire qu'elle est belle aujourd'hui ! Ça flatte toujours les gens, ça., sourît-elle.

- Ouais. Merci.

Le téléphone d'Aimata sonna, et il sût. Son téléphone était en silencieux en permanence, sauf pour un contact.

- C'est ta vahine ?

- Ouais.

- Bonne chance, alors ! Passe-lui le bonjour de ma part ! »

Aimata lui fît un petit signe de la main, et partît en direction d'un ponton, pressé d'entendre la voix de Kyle, même s'il l'insultait.

         La peur au ventre, j'attends qu'Aimata décroche. Peut-être qu'il m'a bloqué. Peut-être qu'il a supprimé mon numéro. Peut-être qu'il ne veut pas entendre ce que j'ai à dire.

J'ai merdé, je comprendrais s'il ne voulait plus jamais me parler. Je l'ai accusé de tromperies pour un simple... Baiser. À cause de... Marc.

D'ailleurs... Je ne sais même pas si Aimata et moi on est toujours ensemble. On ne s'est pas quittés officiellement, mais... Je ne sais pas. J'ai dépassé les bornes.

« Allô, Kyle., fait une voix rauque et grave dans le combiné.

Je manque presque d'embrasser mon téléphone. Sa voix, bordel... Sa voix grave, plus basse que celle de la plupart des hommes, posée et inexpressive... Je l'aime.

- Allô, Aimata ? Je te dérange ?...

- Non.

Je me mors la lèvre.

- T-T-Tu vas bien ?...

- Hum. Je ne suis pas mort pour l'instant. Et toi, Kyle ?

- J-Je-... Je ne sais pas si je peux te dire que je vais bien alors que je pleure tous les soirs, mais... Je ne suis pas mort non plus.

Je déglutis. J'ai répété ces mots dans ma tête une centaine de fois et pourtant je ne sais toujours pas quoi dire, les mots se bloquent dans ma gorge.

- Il est tard, chez toi.

- O-O-Oui, il est trois heures du matin, m-m-mais... Je voulais t'appeler à un horaire où tu serais réveillé...