Moon's flower

77 - Butterfly effect

          Le temps reprît lentement son cours, après le décès de Teora.

Moana retourna à la fac, décidé à obtenir sa licence. Ange continua de suivre ses cours, motivé également. Leur relation s'améliorait, en même temps que leur état. Au départ, ils ne discutaient que de temps en temps, quand ils se manquaient vraiment, mais les choses redevinrent graduellement normales, et ils réussirent à surmonter cette épreuve, non sans difficulté.

Noah alternait entre astrophysique et mathématiques, révisant studieusement ses leçons, et embrassant quelquefois Phil lorsqu'il revenait épuisé de ses séances de sevrage. Les affaires se portaient bien pour lui, son entreprise était aussi florissante que du temps de la mort de son père, mais la désintoxication semblait plus compliquée. Il retombait souvent, pour ne pas dire à chaque fois, mais la rechute a toujours fait partie de la guérison, et Noah le savait. Alors il souriait simplement à Phil, en lui disant de prendre son temps, et lui servait un verre d'eau quand il décuvait. Ils faisaient tous les deux des efforts, et leur couple, sans devenir parfait, commençait à réellement ressembler à une histoire d'amour.

Aimata passait ses journées à visionner de la pornographie en tout genre, scrupuleusement, pour étudier avec attention les réactions des humains sans leur carapace de « bonnes manières ». Il révisait pour ses futurs partiels, et restait inlassablement assis dans le lit de Kyle, son ordinateur sur les genoux. Kyle, lui, voguait simplement entre l'économie, les flippers de chez Game Mind, et la rare voix grave d'Aimata. Et quand ce dernier voyait que son copain rentrait épuisé de l'Université, il passait une couverture autour de son corps et lui déposait un baiser sur le nez. Il retournait à ses vidéos, et Kyle s'endormait sur son épaule, rassuré et soulagé.

Pour Cytzel, la vie était plus rythmée. Il sortait en boîte de nuit, il faisait la tournée des bars, il passait la nuit chez un de ses innombrables partenaires, ou bien il conviait Ange à venir boire un coup avec lui. Parfois, saoul, il demandait à son ami s'il ne voulait pas l'embrasser, parce qu'il désirait savoir ce que Moana pouvait trouver de si orgasmique aux lèvres d'Ange, mais sans surprise, Ange refusait. Il lui tapotait affectueusement la tête en lui disant qu'il avait trop bu, et Cytzel renonçait en admettant qu'Ange avait raison. Ce genre de moment ravivait la flamme de vengeance dans le cœur de Cytzel, qui souhaitait plus que tout faire payer Orian, l'homme qui avait fait souffrir son seul et plus précieux ami.

Orian s'était presque attaché à Cytzel. Quand il s'ennuyait, il aimait à l'appeler, pour converser simplement, et Cytzel jouissait perfidement de voir Orian l'apprécier. Les sentiments d'Orian étaient... Brouillons. Car Cytzel était... Un homme complexe. Il jouait avec lui comme avec un yo-yo, l'attirant vers lui pour caresser ses lèvres juste avant de le repousser et de couper tout contact pendant plusieurs semaines. Cytzel dégoûtait Orian. Mais d'un autre côté... Au fond, tout au fond de lui... Cytzel était... Beau ?... Beau, mais pas « beau » comme un garçon. Orian trouvait Cytzel beau comme il trouvait les filles belles, il voulait inconsciemment qu'il arrête de lui parler toutes les nuits de ce fameux « homme » dont il était amoureux, et qu'il commence à s'intéresser à lui. En quelques sortes, il était... Jaloux.

Vous avez déjà entendu parler de l'effet papillon ?

Il a été formulé pour la première fois par le météorologue Edward Lorenz, lors d'une conférence en 1972. La formulation exacte était « Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? », et faisait référence à la théorie du chaos.

Pour faire simple, Lorenz a émis l'hypothèse qu'un geste anodin et insignifiant, le battement d'ailes d'un papillon, était capable d'entraîner après une réaction en chaîne menant à une action phénoménale, grandiose et remarquablement plus importante que l'événement initial. Une tornade.