93 - Amethyst tears

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« Tu es vraiment magnifique ce soir, Cytzel., souffle-t-il en posant sa main sur la mienne.

- On dîne en tête en tête, Darling, je me devais de faire un effort pour toi., lui souris-je.

Gustave serre ses doigts dans mes doigts, me scrutant d'un regard mielleux, assis tous les deux en terrasse d'un chic restaurant.

Ses épais cheveux châtains bouclent sur son front, chatouillant ses yeux noisettes surmontés de sourcils peignés lorsqu'il m'offre son plus beau sourire sincère, — mon bel aristocrate —, et je caresse le dos de son doigt de mon pouce.

- C'est un bel endroit. Tu as bien fait de nous emmener ici.

J'acquiesce.

Je n'ai pas choisi cet établissement par hasard. La terrasse mène tout droit devant l'entrée principale de la salle de boxe que fréquente Orian. Et il devrait sortir de son cours dans une trentaine de minutes. Tout juste assez pour qu'il puisse rencontrer Gustave.

Ce petit jeu avec Orian commence à me lasser. Un coup il m'embrasse, un coup il m'insulte. Ça fait déjà trop longtemps, maintenant. Je n'ai pas vraiment renoncé à le faire souffrir, disons simplement que j'ai l'impression de perdre mon temps. Je commence à me dire que certains refoulés ne pourront jamais guérir de leur homophobie, même s'ils désirent un autre homme.

La relation que j'ai avec lui est des plus étranges. C'est comme si nous étions « amis » en façade. On passe du temps ensemble, on boit dans des bars, on regarde Netflix, on traîne chez lui. Mais sous la surface, Orian est amoureux de moi, et pense que c'est mon cas également. Il n'est simplement pas assez courageux pour assumer ses sentiments, même s'il croit fermement que je les partage. Alors que moi, je le hais.

- Je savais que ça te plairait, mon cœur. Tu as décidé de ce que tu allais prendre ?

- Je suis tenté par les lasagnes au thon..., se tâte mon concubin. Tu as quelque chose à me conseiller ?

- J'aime à choisir le tartare de saumon à la pomme et aux fruits de la passion, quand je viens ici. C'est différent de ce à quoi je suis habitué. C'est à la fois doux et acide, ça dépend des bouchées.

- Comme toi., s'amuse-t-il.

Peu sûr de comprendre, je lui lance un regard interrogatif.

- Parfois tu es sec et cassant, égoïste et arrogant. Tu te comportes comme si je n'avais pas la moindre importance pour toi, comme si personne n'avait d'importance, et que tu étais un dieu olympien qui s'amusait hautainement avec les mortels humains sans y trouver le moindre intérêt. Et parfois tu es délicat, tu me chuchotes des mots teintés de nuages et tes caresses deviennent fragiles et authentiques. Dans ces moments-là, je me sens honoré de ton affection, et je me convaincs que tu es affectueux sous toutes tes carapaces de narcissisme. Et ces changements ne semblent pas être influencés par moi. Plutôt par tes humeurs. C'est un peu pour ça que je t'aime, Cytzel. Parce que tu es acide, mais que tu me soignes systématiquement de ta douceur.

Je me tais.

- Délicat ? Moi ?

Gustave hoche la tête en riant.

- Je crois que tu es perdu dans tous tes masques. Tu ne sais plus ce que cela fait de vivre sans. Tu dis toujours que tu ne cherches que des relations sans sentiments, du sexe sans attache, et que je ne devrais pas m'attacher à toi sous peine de souffrir. Mais je crois que tu es celui qui souffres le plus. Ce n'est pas à moi que tu mens, c'est à toi-même. Quand tu es fatigué, tu es câlin, tu m'embrasses volontiers et tu t'accroches même parfois à moi lorsque tu dors. Tu es bien plus délicat que tu ne le crois.

Moon's flowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant