80 - Cat, hug and asexual

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« Regarde. », dit simplement le message qui fait sonner mon téléphone.

Je souris. Son prénom fera toujours vibrer mon cœur. Et bientôt, très bientôt, j'irai emménager avec lui. Je n'ai pas grand chose qui m'attache à la France, alors... Je peux la quitter pour rester dans ses bras.

Aimata m'a envoyé une photographie. C'est un petit chat, plutôt maigre, au pelage noir et aux yeux jaunes et vides, marchant nonchalamment sur un trottoir.

« Oh !! Un chat !!, réponds-je.

- Ouais.

Il renvoie une photo, du chat collé à sa jambe.

- Il me suit.

- En effet, je vois ça..., ris-je. Peut-être qu'il a faim ?

Sa réponse tarde à me parvenir, mais au bout d'une dizaine de minutes, je reçois une nouvelle photo.

Le chat noir mange une boîte de thon, dos à l'objectif, sur le porche de l'appartement d'Aimata.

- Il avait faim., confirme-t-il.

- Il est tout maigre et il n'a pas de collier... Tu crois que c'est un chat des rues ? En plus, les chats noirs n'ont pas bonne réputation...

- Ouais. Peut-être qu'il n'a pas de maison.

- Tu vas le garder ?

- Pourquoi faire ?, demande-t-il.

- Pour lui offrir une maison ! Et de l'amour !

En guise de réponse, il envoie une photo supplémentaire. Le chat a terminé sa boîte de thon.

- Le chat a fini. Il peut partir maintenant.

- Appelle-le « Jiji » !

- Je l'ai appelé Chat.

- Quoi ?! Tu ne peux pas l'appeler par son nom d'espèce ! Tu as un nom, toi ! Tu ne t'appelles pas « Humain » !

- Pourtant quand je te dis que tu es mon humain tu trouves ça mignon.

Il marque un point...

- Parce que je suis amoureux de toi. Tout ce que tu me dis sonne mignon dans mes oreilles.

- Chat aime bien son nom.

- Tu vas le garder alors ?

- Ça m'est égal. Il peut rester s'il veut.

- J'ai hâte de rencontrer Chat !! Je lui ferai plein de câlins quand tu ne seras pas là~ !

Une autre photographie, cette fois d'Aimata qui montre au chat qu'il doit partir en lui pointant l'extérieur.

- Hé~ ! Ne le vire pas !

- Chat n'a pas le droit de piquer mon tane.

- Alors c'est oui~ ? On le garde ?!

- Ça m'est égal. »

Je pose mon tas d'assiettes sales dans l'évier, et attrape une éponge.

Ma mère est assise sur le canapé, derrière moi, dans son nouvel état habituel. Pyjama sale, visage fantomatique, cheveux lâchés et expression livide.

Rien de ce que mon père a pu faire n'a réussi à la soulager. Elle a complètement décroché de son travail, laissant des centaines d'e-mails s'empiler dans sa boîte de réception. Elle qui avait tant de réussite professionnelle, elle s'effondre dans son canapé en n'ayant pas la force de se comporter comme un humain digne de ce nom.

Moon's flowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant