Moon's flower

25 - Interesting guy

« Mooooana~ !!, crie-je quand je l'aperçois.

Il me fait un grand signe en me voyant, et sourit.

- Salut, Kyle.

Il me serre énergiquement la main, visiblement heureux. Il sourit de nouveau :

- J'sais pas comment t'as réussi à obtenir assez d'argent pour te payer un billet d'avion, mais c'est vraiment cool que tu me rendes visite, mon pote. Tu m'manquais.

Je balaie une mèche de mes cheveux blonds d'un grand geste théâtral et fais, faussement prétentieux :

- Tu n'as pas idée combien les gens paieraient cher pour m'avoir dans leur lit, Mo'.

Il éclate de rire, et me fait signe de partir.

- On va pas rester à l'aéroport toute la journée, hein mon pote ? Allons chez moi, j'vais te présenter mon père. Et après si tu veux tu pourras visiter l'île, moi j'ai une compète de surf.

Je le suis vers la sortie de l'aéroport de Pape'ete, enchanté de poser le pied dans un nouveau pays.

Moana est vraiment un ami en or. Quand je lui ai dit que j'avais des problèmes avec Henry, que notre relation commençait à s'effriter et que je me sentais horriblement mal de voir ma vie s'écrouler devant mes yeux, il m'a simplement proposé de venir passer des vacances loin de tout.

- Tu plaisantes ?! Je vais venir te voir ! Depuis le temps que tu te vantes de tes talents soit-disants surhumains en surf, je veux juger de mes propres yeux !

- T'y connais rien en surf.

- Mais je ne suis jamais contre me rincer l'œil en mattant des hommes torses nus chevaucher des vagues !

Il soupire en souriant, épuisé par ma libido sans limite.

- Marchand, tu as un mec.

- Mon cher Moana, tu oublies que « s'faire sucer c'est pas tromper ». Alors matter non plus.

- Si tu avais appris qu'Henry avait matté un autre garçon, tu m'aurais appelé en pleurant., dit-il, assez justement.

J'éclate de rire, et passe mon bras autour de ses épaules en traînant ma valise grise sur ses roulettes endommagées.

- Quoiqu'il en soit, j'irai t'encourager à ta compétition ! Et tu as intérêt à gagner, pour me faire honneur !

- Bien sûr, bien sûr... Je gagnerai, je gagnerai..., ronchonne-t-il.

- Tu as intérêt ! », me marre-je.

Voilà comment je me suis retrouvé assis sur du sable fin, un cocktail relativement alcoolisé dans la main droite, et un soleil absolument délicieusement brûlant me carbonisant la peau, tout en regardant des dizaines d'hommes à moitié nus se démener et ruisseler de sueur.

Le Paradis, c'est comme ça qu'on l'appelle ? Ces vagues, c'est vraiment le paradis.

Parfois un des concurrents tombe à l'eau, sous les ronchonnements des autres spectateurs, mais il remonte toujours, déterminé. En me délectant du spectacle en face de moi, je sirote paisiblement mon cocktail, « Heaven's waves », un mélange de jus de papaye, jus de goyave et de bière « Hinano ». On m'a dit que c'était la meilleure et la plus populaire des bières de l'archipel, alors comme un pigeon, j'ai voulu goûter. Et pour être honnête, c'est plutôt pas mal.

Les juges montrent différentes pancartes avec des numéros plus ou moins hauts, même si je ne comprends pas sur quels critères ils se basent. Mais Moana a l'air de bien se débrouiller, et il a l'air d'être un des favoris du public.