63 - Alternative dream

670 70 81
                                    

Vous êtes-vous déjà demandé comment se serait déroulée la douce et amère histoire d'amour de Moana et d'Ange si Ange était tombé amoureux en premier ? Si Ange n'était jamais allé à cette soirée, au début de la Seconde, se seraient-ils rencontrés tout de même ? Si Moana n'était pas descendu des escaliers pour qu'Ange le bouscule, si Ange n'avait pas autant bu, si Moana n'avait pas passé la nuit à parler de tout et de rien avec son futur bien-aimé, se seraient-ils rencontrés ?

Bien sûr. Leurs existences sont liées par les fils rouges du destin. Peu importent leurs choix, leurs chemins auraient fini par se croiser. L'amour est compliqué, n'est-ce pas ? Et il l'est encore plus lorsque la timidité maladive vient s'en mêler.

Octobre de ma Première, midi et quart, dans le grand self bondé, écoutant à moitié l'histoire que Noah Mougeais, mon meilleur ami, me raconte :

« Tu crois que je devrais apprendre l'espagnol ? Il paraît que c'est super sexy comme langue. Et puis savoir rouler les R, c'est toujours utile. Apprendre à manier sa bouche, ça me servira plus tard, si tu vois ce que je veux dire.

- Tiens, j'ai c-cru entendre qu'un petit roux d'un mètre cinquante me parlait d-d'apprendre à utiliser sa langue p-pour des usages que la médaille de baptême a-a-autour de son cou n'apprécierait pas.

Noah éclate de rire.

- Ne me dis pas que tu n'es pas d'accord, je ne te croirais pas. On pourrait apprendre ensemble, qu'est-ce que tu en dis ?

- N-N-Noah, t-tu me parles de l'espagnol o-o-ou d'utiliser ma langue ?...

Il me donne un coup dans l'épaule.

- Je parlais de l'espagnol, mais t'apprendre à rouler des pelles correctement n'est pas exclu., fait-il d'un air qu'il espère séduisant. Non, je rigole, no offense mais tu n'es pas mon type, Coleen. Je préfère les mecs hot.

- C-C'est insultant.

Il rit une fois de plus.

- Tu es mignon, Coleen, et je suis sûr que les courbes de ton sublime corps feraient fantasmer plus d'une personne. Mais pas moi. »

Je hausse les épaules, et en avançant dans la queue du self, mon plateau à la main, je bouscule malencontreusement un très, très, très grand élève.

« Tu t'fous d'ma gueule, 'spèce de pédale ?!!

Mon verre tombe à mes pieds, en un grand fracas de débris de verre, et l'entièreté de la cantine applaudit. Et du haut d'un immense mètre quatre-vingt, un gigantesque hispanique me dévisage.

Je veux mourir. Je veux qu'on m'enterre. Je veux m'enfuir en courant.

- Et tu vas même pas t'excuser, fils de pute ?! Regarde-moi quand j'te parle, tapette !! Tu t'prends pour qui ?!

Mon cœur s'accélère dans ma poitrine, et Noah ne m'aide pas. Remarquez, ce serait pire s'il s'en mêlait. Je suis incapable de regarder le géant posté en face de moi.

Phil Renver.

Il me pousse violemment, et je me crispe.

Pas ça, non, pas ça, non non non-...

- J-J-J-Je t'en su-supplie n-ne me frappe pas, j-j-j-je suis d-d-désolé-...

Il s'apprête à me pousser une seconde fois, mais une voix l'arrête :

- Renver. Arrête d'utiliser tes complexes d'infériorité comme prétexte pour te battre.

- Ta gueule, Ébène. Te fous pas d'moi. C'est c't'enculé qui m'a bousculé.

Moon's flowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant