Chapitre 35

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Je suis tentée de penser à une très mauvaise blague, mais les larmes que ma mère ne parvient pas à retenir me dissuadent de ricaner. Et pourtant, une seule pensée me traverse l'esprit : ça ne peut pas être vrai.

— Tu mens, je lance le visage fermé.

Elle secoue la tête, éclate en sanglots en me prenant dans ses bras. Toute tremblante, elle me serre comme si sa vie en dépendait et me caresse les cheveux pour me rassurer autant qu'elle.

— Chérie... Je suis allée identifier son corps.

Son étreinte se resserre alors qu'elle étouffe une plainte en posant sa bouche sur le dessus de mon crâne.

Ça ne peut pas être vrai. C'est ce que je ne cesse de me répéter tandis que je demeure interdite de longues secondes. Puis, quand je réalise me dire ça uniquement pour me rassurer, je me sens soudainement oppressée. Ma respiration s'accélère et j'ai l'impression de suffoquer. C'est la douche froide et pourtant je crois me mettre à bouillir.

Ça ne peut pas être vrai.

— Non, je murmure en posant mes mains sur son abdomen pour me séparer d'elle.

Elle remarque de suite mes yeux humides et avance une main pour me réconforter. Je recule encore d'un pas en commençant à m'agiter.

— Non. Non !

On devait aller au parc ce week-end. Il était de bonne humeur ce matin, à la même place où se tient ma mère à présent. C'est impossible qu'il soit... C'est beaucoup trop violent. Et impossible.

Mes doigts viennent s'emmêler dans mes cheveux alors que je répète inlassablement le même mot. Il finit par s'étouffer dans une plainte et finalement, la sensation d'asphyxie est trop forte. Je tourne les talons et m'élance vers la porte d'entrée pour sortir d'ici.

— Naia, attends ! couine ma mère sans me retenir.

Je ne l'entends pas vraiment, mes oreilles bourdonnent et ma vue est brouillée au point que je me cogne au chambranle de la porte en sortant, puis manque de trébucher en dévalant les quelques marches du perron. La bouche ouverte, je respire fortement alors que ce sentiment de ne plus avoir d'oxygène ne disparaît pas. La phrase de ma mère se répète en boucle.

« Il est mort »

C'est faux. C'est forcément faux.

Machinalement, je cours à en perdre haleine jusqu'au parc pratiquement désert à cause du ciel gris et de l'air froid ; et m'engouffre à toute allure jusqu'à me retrouver au bord de l'immense lac. Là, tremblante comme la surface de l'eau agitée par le vent, mes jambes finissent par céder et je tombe au sol, en fixant un point invisible devant moi.

« Il est mort »

C'est strictement impossible. Il allait bien ce matin. Ils ne m'ont jamais parlé d'une quelconque maladie et ne faisaient rien de dangereux dans leur vie, alors quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il ne peut pas être « mort ».

C'est quand je manque de m'étouffer car je n'ai plus assez de souffle que je réalise que je pleure. D'un revers de manche, j'essuie les larmes qui m'obstruent la vue et plonge la tête dans mes bras, qui reposent sur mes genoux.

Je n'ai aucune idée du temps qui passe. Je sais simplement que je mets longtemps à m'épuiser, et que je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, sans avoir la force de l'attraper pour répondre.

Je reste sans bouger pendant un moment, complètement sonnée, refusant de penser à quoi que ce soit. Je crois entendre quelqu'un me demander si j'ai besoin d'aide, mais si je n'hallucine pas, cette personne lâche l'affaire au vu de mon absence de réaction. Et mon portable sonne encore et encore. Ma mère doit être totalement détruite. Et je l'ai abandonnée au moment où elle avait besoin de moi.

When it all starts over ~ Fanfiction Spiderman [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant