De : Robyn Wincleaf
— Salut Debbie, tu étais sérieuse hier à la réunion, quand tu as dit que nous pouvions nous passer des hommes ?De : Debbie Hashwood
— Ben oui pourquoi pas ? Si ils n'arrivent plus à suivre sans se plaindre d'être maltraités et opprimés..Apparemment, c'est trop dur pour eux de nous respecter...De : Robyn Wincleaf
— C'est bizarre ce qu'a dit Laurie, cette recrudescence d'agressions verbales ou physiques actuellement. Cette obsession des hommes à être le dominant, de maîtriser les femmes selon leur fonctionnement à eux, ça les rend malades quand ça leur échappe. Ils focalisent tellement sur eux-mêmes, qu'ils sont aveugles vis à vis de nous. J'ai rigolé quand Boël se demandait quelle femme pouvait encore être en couple ? Tu étais peut-être la seule dans l'assistance...De : Debbie Hashwood
— Même moi, je trouve ça bizarre des fois. Je suis la seule à être en jean et tee shirt, sans talons hauts ni maquillage. A croire que le couple rend libre d'une certaine façon, tu n'as plus besoin de séduire...De : Robyn Wincleaf
— Comment ça se passe avec Harry ?De : Debbie Hashwood
— Il y a des hauts et des bas, je crois qu'on s'évite en ce moment, on se croise le moins possible dans l'appartement...Des fois j'aimerais être seule, d'autres fois, c'est une chance de ne pas l'être.De : Robyn Wincleaf
— Tu veux donc dire que ça va mal...Et au niveau sexe ?De : Debbie Hashwood
— Lui a toujours envie, moi non. Des fois je me contente d'un Sex Toy, c'est aussi bien.De : Robyn Wincleaf
— Oh la la ! Grave ! Où est le temps où tu mouillais ta culotte dés qu'un homme te murmurait à l'oreille, d'une voix suave de Crooner, qu'il avait envie de toi ?De : Debbie Hashwood
— Tu parles de l'adolescence, après c'est fini ça...De : Robyn Wincleaf
— Parle pour toi, quand j'écoute des vieux tubes, je fonds encore...De : Debbie Hashwood
— Parce que tu es célibataire...De : Robyn Wincleaf
— Je dirais plutôt que je cloisonne. Je redeviens sentimentale à l'écoute de chansons ou de films ringards tant que ça reste du domaine du concept. Mais dans la réalité, je reste très distante avec les hommes, même quand ils s'intéressent sincèrement à moi. Quand ils balancent des « je t'aime », les yeux enamourés, ils ne mentent pas, mais je les connais mieux qu'eux. Tout à coup, tu redeviens une étrangère, tu n'existes plus, ils changent sans s'en apercevoir. Ils t'oublient, sont déjà passées à autre chose, sans le moindre scrupule ou questionnement. Non, vraiment, je ne vivrai jamais avec un homme, ni ne m'engagerai dans une relation, je préfère mon chien.De : Debbie Hashwood
— Ah...Ah... laisse-moi rire, c'est pas un vrai chien...De : Robyn Wincleaf
— Oui, j'ai les avantages et pas les inconvénients. Mais qu'est-ce que tu crois, je le nourris, je le sors...De : Debbie Hashwood
— Je me demande bien pourquoi...De : Robyn Wincleaf
— Ben ça fait partie du jeu sinon c'est pas drôle...En tous cas il est toujours fidèle et m'aime sans contrepartie. Quand j'en ai marre, j'appuie sur Off et voila. Mais revenons à Harry. Moi qui croyais que tu étais avec lui parce qu'il sortait vraiment du lot...De : Debbie Hashwood
— Disons plutôt qu'au début son charme réussissait à m'étourdir. J'étais sensible à sa galanterie par exemple, avant de me rendre compte que les bonnes manières vis à vis du sexe faible, ne sont en réalité que la confirmation d'un rapport de force en leur faveur.De : Robyn Wincleaf
— Bien dit...De : Debbie Hashwood
— Là encore, c'est ma perception qu'il faut changer. Au début avec Harry, le jeu de la femme sous protection masculine me plaisait, mais maintenant ça m'étouffe.De : Robyn Wincleaf
— C'est à dire ?De : Debbie Hashwood
— Même son silence m'étouffe. Je l'interprète comme une critique à mon égard, son regard sur moi, sur chaque mot que je prononce, sur chaque geste, j'ai l'impression d'avoir un juge en face de moi, d'être sous contrôle en permanence. Pour lui, c'est une marque d'attention, d'amour, mais c'est trop, j'ai envie de me laisser vivre tel que je le ressens, sans me préoccuper de son assentiment, tu vois ? Des fois j'en peux plus...De : Robyn Wincleaf
— Non, je ne peux pas voir puisque je n'ai jamais vécu avec un homme, mais en gros, tu es emprisonnée dans une cage dorée...De : Debbie Hashwood
— Ouais...Je vais aller au centre d'anthropologie, Ana a parlé de séances de déconditionnement, c'est peut-être pour moi ça...De : Robyn Wincleaf
— Si je comprends bien tu sens une emprise sur toi de diktats masculins, et tu prends ça pour de l'amour, alors tu n'oses pas t'en libérer. Tant qu'il y aura des femmes comme toi, on s'en sortira pas...De : Debbie Hashwood
— En fait, je suis plutôt jalouse d'eux, j'aimerais bien agir comme eux mais j'en suis incapable. Style tout laisser traîner derrière soi, affirmer des trucs sans savoir et sans vergogne, changer du jour au lendemain de femme, de boulot, de principes, se foutre des détails, voir grand...rien n'est impossible pour eux. Je n'arrive pas à me laisser aller juste à ce dont j'ai envie, je me contrains à faire passer l'ordre avant tout et Harry en premier, malgré moi. En fait, je ne m'autorise pas à vivre autrement.De : Robyn Wincleaf
— Si c'est dans ta tête alors effectivement, commence par te rééduquer toi, mais si tu n'y arrives pas ? Figure-toi que c'est le cas de plein de femmes, alors on fait quoi ? On se la boucle et on continue à endurer ?De : Debbie Hashwood
— Et bien on en revient donc à la question de base : pouvons-nous nous passer des hommes ? Si nous sommes malheureuses à cause d'eux, et eux à cause de nous, parce que personne n'arrive à se changer, alors peut-être devrions-nous vivre séparément. On n'a qu'à toutes vivre comme toi, célibataire...De : Robyn Wincleaf
— C'est déjà le cas de la majorité et ça ne résout pas les agressions verbales ou physiques tant qu'on partage les mêmes espaces...Ni la place qu'ils s'arrogent. Les plafonds de verre sont crevés, soit, les femmes sont dorénavant dans les instances dirigeantes, soit, mais nous allons encore nous apitoyer sur les hommes quand les traceurs indiqueront qu'ils ne supportent pas la vie qu'on leur octroie. Malgré tous les traitements chimiques qu'on leur inocule, ils ne changent pas. Et plus nous mettrons la pression sur eux et moins ça marchera...De : Debbie Hashwood :
— La méthode douce ne marche pas non plus, ça fait plus de trente ans, et on n'avance pas d'un pouce...
VOUS LISEZ
UN HOMME PARFAIT
Historia CortaRecueil de nouvelles : des femmes dirigeantes décident de se passer du genre masculin, Un homme nie la réalité, Un fils enterre son père, un homme largue sa femme pour une plus jeune, une rencontre insolite sur un site, un bienfaiteur de l'humanité...