Chapitre 10 : Premières Sueurs froides

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 Firmin Richard tint parole. Le lendemain, dès huit heures, il appelait ses voisins. Les Zavialov étaient déjà debout, étant donné que Vladislav commençait tôt. Quant au reste de la fratrie, la maternelle de Leonty n'ouvrait qu'à huit heures trente, et Natasha n'avait collège qu'à neuf heures.

 Par ailleurs, la maisonnée était plongée dans une pagaille indescriptible : Marlène avait en effet égaré son téléphone. En raison de quoi, elle déambulait dans le logis de long en large, en répétant :

 — Il est où, mon portable ? Vous ne l'avez pas vu ? Vous en êtes sûrs ? 

 Bernadette soupirait, lassée par le bazar qui caractérisait cette femme. Lavrenty, toujours stoïque, se préparait pour aller à son atelier de taxidermie. Manon beurrait des toasts pour Leonty en reniflant. Et Natasha, en buvant du chocolat chaud, n'en finissait plus de crier à sa mère :

 — Calme-toi, maman !

 — Mais je ne peux pas me calmer ! J'ai perdu mon téléphone ! Dessus, il y avait toutes mes photos, tous mes contacts, et... et toi, tu t'en fiches ! Comment peux-tu rester aussi calme ?

 — Mais, maman ! Ton téléphone, tu le perds tous les jours, et tu le retrouves tous les jours !

 — Mais là, c'est vraiment sérieux ! Et impossible de mettre la main dessus ! Imagine que Patounet l'ait mangé...

 — Comment veux-tu que Patounet mange ton portable ? Les chiens ne mangent pas ça !

 — Mais Patounet bouffe absolument tout ce qu'il trouve ! 

 Lavrenty essaya de trouver une solution :

 — Tu sais quoi, chérie ? Je vais te téléphoner. Comme ça, ton téléphone va sonner et on le retrouvera !

 — Impossible ! Je l'ai mis en silencieux ! 

 Il leva les yeux au ciel pendant qu'elle se désespérait de plus belle :

 — Zut, il est en silencieux ! C'est vrai ! Et si on me passait des coups de fil ? Je ne pourrais jamais répondre ! Et si...

 — Tu les rappelleras !

 Mais ces belles paroles ne la réconfortèrent guère. Afin de retrouver son mobile, elle se mit à arracher tous les tiroirs de la commode pour renverser à terre leur contenu.

 La voyant faire, Bernadette ferma les yeux, mise au supplice. Mais qu'est-ce que c'était, cette manière de chercher des objets ? Comment cette Colette avait-elle pu élever Marlène de la sorte ? Et derrière, ses proches n'étaient même pas choqués !

 Soudain, un cri de joie. La jeune femme rousse venait de retrouver son mobile, au beau milieu d'un amoncellement de cartes postales, de paquets de mouchoir, de pommades et de chaussettes orphelines.

 — Ah, Firmin était justement en train de me téléphoner !

 — Firmin... c'est le voisin, non ?

 — Tout juste ! Allô ? Firmin ? 

 De l'autre côté du fil, l'ancien médecin, sur le point de raccrocher, fut soulagé qu'on lui réponde enfin :

 — Ah, bonjour Marlène ! C'est bien vous ?

 — Oui ! Désolée de répondre aussi tard, mais je ne trouvais plus mon téléphone...

 — C'est sans importance ! En fait, je vous appelais pour savoir si Colette voulait venir chez nous, cet après-midi. Comme ça... on pourrait jouer aux cartes, discuter... 

Attention, Mémé méchante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant