Chapitre 17 : La Teinture

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 Une lotion de teinture capillaire brune à la main, Natasha regarda de gauche à droite. Non. Personne ne faisait attention à elle. Elle remercia alors une dernière fois son amie :

 — Merci beaucoup, Charlotte, pour la teinture ! Mais ta mère, elle ne va pas se rendre compte que tu la lui as piquée... ?

 — T'inquiète, Nana ! Il y a plusieurs paquets qui sont stockés dans le garde-manger. Alors, un de plus ou un de moins !

 — Bon... bah, à plus !

 Elle fourragea la boîte dans sa sacoche, quitta sa copine et rentra chez elle. Mais au lieu de passer par la porte, elle contourna la maison et enjamba une fenêtre ouverte. Sur la pointe des pieds, elle se faufila dans la chambre de sa grand-mère, où Bernadette l'attendait :

 — Je l'ai ! On peut vous teindre les cheveux.

 — Ouf ! Il était temps, mes racines deviennent blanches !

 — Et bien, on n'a qu'à aller dans la salle de bain... Elle devrait être vide !

 — Ce serait logique, il n'est que seize heures... 

 Avec des gestes de conspiratrice, la collégienne vérifia que le couloir était désert avant d'entraîner la vieille dame à sa suite. Seul petit problème : la pièce convoitée était déjà prise. L'occupant était Vladislav, fort occupé à embrasser langoureusement le miroir. En voyant les deux intruses, il piqua un fard :

 — Mamie ! Natasha ! Dégagez ! Vous ne savez pas toquer aux portes ?

 — Et toi ? rétorqua madame Bujold. T'as vu comment tu galoches ? Tu crois pas que t'as besoin d'aide ? 

 L'adolescente crut halluciner :

 — Heu... ma... mie ? T'es sûre que ça va ?

 — Mais bien sûr ! martela-t-elle. La langue, ça ne se tourne pas comme ça, là ! On dirait des essuie-glaces !

 Vladislav, l'œil rond, contempla « sa grand-mère ». Se mordillant les lèvres, sa petite sœur fit de même. De toute évidence, Bernadette en connaissait long sur la question. Aussi, elle préféra mettre un terme à la discussion :

 — Hum, intéressant. Bon, maintenant, Vlady va sortir d'ici et on va pouvoir faire ce qu'on a à faire ! D'accord, mamie ? 

 Mais son grand-frère n'était pas de cet avis :

 — Quoi ? Mais non, c'est vous qui allez sortir ! J'étais là le premier ! 

 Natasha se plaça devant lui en chuchotant :

 — Enid. 

 Ses compagnons la dévisagèrent, décontenancés, bien que Vladislav se troubla imperceptiblement. Raide, il grinça :

 — Pardon ?

 — Bien sûr, Enid ! Ou Nini, pour les intimes... ta copine du moment, quoi ! 

 Après un regard meurtrier, il sortit en claquant la porte. Sous le regard éberlué de Bernadette, la jeune adolescente fit craquer ses phalanges :

 — Bon ! Maintenant que le chouchou de ces dames a débarrassé le plancher, passons aux choses sérieuses. Comment fonctionne ce truc ?

 — Facile. Faut lire la noti... 

 Bang ! La porte s'ouvrit à la volée, poussée par une Manon surexcitée, accompagnée d'un Leonty plus crasseux que jamais.

 — Nana, maman ! Faites place ! Tity est dégueu, faut le décrotter !

Attention, Mémé méchante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant