Chapitre 16 : Une Solution ?

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 Le silence fut total un bon moment, quand Firmin reprit la parole :

 — Bon. Bernadette, vous êtes en train de nous mettre la larme à l'œil, avec vos histoires pathétiques. Mais, juste, vous êtes au courant que vous avez abandonné mon frère ? Qu'il ne vous a pas oubliée pendant cinquante ans ? Que pendant...

  — Je... j'avais compris. Je... je suis désolée.

 C'était tellement plat que Firmin et Natasha levèrent les yeux au ciel. Bernadette elle-même rougit comme une tomate. Seul Armand demeura immobile, à planer sur son petit nuage. Au bout d'un moment, il s'ébroua et demanda :

 — Qu'est-ce que tu fais en chaise roulante ?

  — Il y a quelques semaines, j'ai eu des douleurs à la jambe. Résultat : ma gentille famille m'a parquée dans ce fauteuil roulant, qui me cause encore plus de soucis que de tenir debout. Et apparemment, Colette Corlier se promène en petite voiture... du coup...

 — Colette s'était fait une entor...

 — Eh ! s'écria soudain Natasha, livide. C'est vrai, ça ! Mamie ! Où est-elle ?

 — Ma pauvre petite ! ricana Firmin. On dirait que tu ne comprends toujours pas qui est Bernadette !

 — Pardon ? interrogea-t-elle d'une voix blanche.

 — Bien sûr ! La connaissant, on retrouvera son corps dans les égouts qui arrivent à la plage !

 C'est à cet instant précis que les choses dégénérèrent.

 Natasha blêmit d'un coup, les yeux écarquillés. Pendant quelques secondes, il fut clairement visible qu'elle essayait de mesurer la part de vérité, cependant que madame Bujold houspillait le mauvais plaisantin :

 — Quoi ? Mais pendant que vous y êtes, ajoutez que je suis à la tête d'une organisation mafieuse qui lui règle actuellement son compte ! Mais vous déraillez ? Je vous signale que je suis une vieille en chaise roulante ! Pas une gangster !

 — Je m'en fiche, de qui vous êtes ! s'époumona soudain Natasha en se levant, en proie à une véritable crise de nerf. Ne me touchez pas ! Ne me touchez pas ! Je... taisez-vous ! Vous n'êtes pas mamie ! Vous êtes une imposteuse... je... j'appelle la police ! Mes parents ! Je rentre chez moi ! Mais ne me suivez pas ! Je... je vous interdis de me suivre ! Et qu'avez-vous fait de ma grand-mère ? Firmin a raison ! Vous l'avez tuée ! Assassin ! Tueuse ! Psychopathe ! Restez ici ! Ne me touchez pas !

 Il fallut les efforts conjugués des deux frères pour la calmer. L'ancien médecin prit les choses en main : il la conduisit au canapé pour qu'elle s'asseye un instant.

 — Là, là... du calme... on va la retrouver, ta mamie ! Mais pour ça, il faut se calmer...

 — Ah, oui, monsieur...

 — C'est bien, Natasha. Tu es une grande fille. Bon, Armand, apporte-moi de l'alcool.

 — Avec plaisir ! Lequel ? Le vin d'orange ? Ou alors, tu préfères le champagne ? Sinon, je peux te proposer du bordeaux. Si tu veux, je peux même apporter des lichettes de fromage avec...

 — Oh, Armand ! On n'est pas là pour faire l'apéro ! Je veux juste requinquer la voisine !

 — Bon. J'amène un doigt de whisky.

 Il apporta le verre à Natasha, qui le prit d'une main morne. Sa fureur du moment était retombée. Livide, elle semblait au bord de l'évanouissement. Elle accepta l'alcool, le porta à ses lèvres... avant de tout recracher, remise d'aplomb :

Attention, Mémé méchante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant