Chapitre 14 : Quand les Babas-Cool se montrent un peu moins cool

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 Dans la voiture des Richard, les deux retraités s'appliquaient à rassurer Natasha. Elle était aux cents coups à la pensée de sa grand-mère, pauvre vieille invalide, faible et perdue dans cette savane qu'était le vaste monde. Soudain, Firmin glapit :

 — Oh, mer... douille ! Ta pouffiasse rapplique, Armand !

 Ses deux compagnons relevèrent la tête, tétanisés. C'était vrai : la vieille dame revenait cahin-caha sur ses pas – ou plutôt sur ses roues – pour rentrer à la maison. Ce faisant, elle remarqua l'automobile et son conducteur – Natasha avait eu la présence d'esprit de se pelotonner sur le plancher, et Armand, derrière un dossier.

 — Ohé ! Firmin ! appela la vieille dame.

 Dans le véhicule, ce fut un véritable branle-bas de combat.

 — Zut de flûte !

 — Sauve qui peut !

 — Démarre, Firmin ! Démarre !

 — Peux pas ! Ce moteur de malheur cale pile quand il ne le faut pas ! »

 Consterné, il se prit la tête dans les mains en se vautrant sur le volant. Il haleta d'une voix éraillée :

 — Natasha, va-t'en ! Ne reste pas ici ! Déjà, ça va être difficile d'expliquer ce qu'on fiche sapés comme ça... mais si en plus, on doit justifier ta présence, on ne va jamais sortir de l'auberge !

 — Reçu cinq sur cinq ! 

 La figure crispée dans un rictus angoissée, elle ouvrit la portière et s'extirpa à quatre pattes du véhicule. Par chance, elle se trouvait du côté que Colette-Bernadette ne pouvait voir. Cachée derrière la voiture, elle s'accroupit et courut derrière un platane, d'où elle observa la suite des événements.

 Dans la voiture, Armand peinait à respirer. Il rougissait, transpirait, haletait... soudain, il se pencha vers son frère :

 — Écoute, Firmin... je peux pas ! Je ne peux pas rester ici !

 — Hein ?

 — Je... je suis fatigué, j'en peux plus ! J'arrive plus à respirer ! J'ai les oreilles qui bourdonnent, j'ai froid, j'ai chaud, je grelotte...

 — Ah, non ! Tu ne vas pas me faire un malaise ! Ce n'est pas le moment !

 — Je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille...

 — Quoi ? Tu m'abandonnes ! Je te signale que si on est ici, c'est à cause de toi !

 — Heu... faut bien surveiller la petite ! On peut pas la laisser seule ! Je... Je la ramène à la maison !

 — Espèce de lâche !

 — Bon... on t'attend là-bas, hein ?

 — Mais, dégonflé ! Je lui dis quoi, moi, à ta greluche ?

 Pas de réponse. De la même manière que Natasha s'était enfuie, son frère s'était éclipsé comme un fantôme.

 — Eh, oh ! Firmin ! 

 L'intéressé tressaillit et se retourna brusquement. Bernadette toquait contre sa vitre, son fauteuil roulant à côté de la portière. Ouvrant et fermant la bouche tel un poisson rouge, il baissa sa fenêtre et lui adressa un sourire peu convainquant.

 — Oh, bonjour ! Comment allez-vous, Berna... heu, Colette ?

 — Très bien, mon cher Firmin, très bien... mais en fait, où est votre frère ?

 — Mon frère ? Quel frère ?

 — Armand, bien sûr !

 — Ah, oui, c'est vrai ! Enfin, en même temps, c'est le seul... sinon, oui ? Vous disiez ?

Attention, Mémé méchante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant