Chapitre 12 : La Malade imaginée

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 Chez les Zavialov-Corlier, c'était comme d'habitude : la pagaille. Manon s'était mise en tête d'arroser toutes ses plantes, ce pour quoi elle devait s'armer de courage : sa jungle à était dispersée aux quatre coins de la maisonnée. De son côté, Leonty était revenu de chez l'un de ses amis bariolé des pieds à la tête – ils avaient dessiné. À sa vue, sa mère s'exclama :

 — Était-ce une raison pour te barbouiller de couleurs, Tity ? Tu ressembles à un perroquet, maintenant ! Ah, coucou ! fit-elle à l'attention de « sa mère » et de sa fille, qui venaient de rentrer. Ton cours s'est bien passé, ma puce ?

 — Oui. Madame Boissenault trouve que j'ai fait beaucoup de progrès ! 

 Bernadette se rengorgea. Marlène se tourna aussitôt vers elle :

 — Et toi, maman ? C'était si terrible, chez les voisins ?

 — Hum... non... ce sont des gens... heu... charmants...

 — Ah, tu vois bien ! Il ne fallait pas nous faire un cirque pareil, n'est-ce pas ? 

 Elle bouda, refusant d'admettre ses torts. Sans s'en préoccuper, madame Zavialov lança :

 — À propos... Vous avez bien récupéré le panier ?

 — Ah, zut ! On l'a oublié ! déplora Natasha. En même temps, nous sommes parties si vite... Pourquoi étais-tu aussi pressée, mamie ?

 — Grmm...

 — En plus, ils sont adorables, les voisins. Surtout le grand, là... il n'arrêtait pas de te regarder ! Je crois que tu lui as tapé dans l'œil, mamie ! 

 — Le prochain qui me parle d'Armand finit avec des plumes et du goudron.

 — Tant mieux : ce n'est pas de lui que je parle ! C'est plutôt de l'autre, son frère... Firmin ! Je suis sûre que tu lui plais !

 — C'est vrai, ça ! reconnut Marlène. Si ça se trouve, il est secrètement amoureux de toi, maman !

 — Oui ! rit Manon, qui passait par là. Et puis vous iriez si bien ensemble ! 

 — Mais non ! Ça suffit ! rouspéta Bernadette, furieuse.

 Ses interlocutrices éclatèrent de rire, croyant qu'elle plaisantait. Mais madame Zavialov se calma vite :

 — Bon, assez rit. Nana, va chercher le panier chez les Richard avant qu'il ne soit trop tard.

 — OK ! 

 Elle fila comme une fusée.

 — Rebonjour ! Désolée de revenir vous embê... heu !... 

 Natasha venait de débarquer comme une furie chez les Richard, si énervés qu'ils ne l'avaient pas remarquée. Firmin tombait à bras raccourcis sur son frère, qui montrait presque les dents :

 — Armand, mince ! Mais tu vois bien que cette petite vieille, c'est Colette !

 — Mais puisque je te dis que c'est Bernadette ! D'ailleurs, tu te rappelles de la tête qu'elle a fait, quand tu l'as traitée de grognasse ? C'était écrit sur sa figure, que c'est Bernie !

 — De un, je n'ai jamais traitée Colette ainsi ! C'est Bernadette, que j'ai appelée comme ça ! Et de deux, Colette était tout à fait naturelle quand j'en ai parlé !

 — Faux ! Elle était gênée parce que tu l'insultais !

 — Mais c'était normal, qu'elle soit un peu gênée ! Face à ce genre de confidence, on l'est toujours un peu ! D'ailleurs, je n'aurais pas dû boire autant de vin de... mais peu importe. Maintenant, Armand, ça suffit ! Tu vas arrêter avec ton délire, regarder avec tes yeux et réfléchir avec ta cervelle ! 

Attention, Mémé méchante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant