Chapitre 1

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Une famille semble chercher son chemin tout comme je cherche le mien. Nous nous croisons dans le sens inverse. 

- Le vol pour Miami... Interroge le père en regardant les grands panneaux d'affichage de l'aéroport.

La cadette semble vouloir trépigner dans tous les sens, plus que surexcitée. Je pose mes yeux quelques secondes sur elle, son regard croise un instant le mien, elle sourit de toutes ses dents avant de commencé à trottiner engendrant l'agacement de sa mère.  

- Kate, calme toi un peu, veux tu ? Lui lance cette dernière. 

Je tourne sur moi même en cherchant à faire abstraction du bruit environnant pour me concentrer sur les indications présentes pour reprendre ma valise. Lorsque je trouve enfin le tapis roulant pour retrouver mes bagage je frôle une jeune fille qui semble avoir mon âge, peut être un peu plus jeune, elle traîne derrière ses parents qui semblent enfin avoir trouvés le vol pour Miami. Je suis soudainement prise d'une petite nostalgie alors qu'elle me jette un regard mal veillant avant de se replonger dans son téléphone. Ils se dirigent de là ou je viens, de là où j'ai passé un an, un an d'enfer avant d'arriver ici, à L.A. 

Je ne pensais pas remettre un jour les pieds à Los Angeles. La ville où tout a basculé pour moi. La source de mon incompréhension la plus totale. Le fruit du néant qui règne dans ma tête. Cette ville c'est celle qui m'a envoyé à l'hôpital pendant trois mois. C'est l'origine de mon amnésie. Mon amnésie, oui amnésie, ce mot est moche, laid, et ne quitte pas ma mémoire depuis un an. Ironique quand on y pense. Cette ville, c'est synonyme d'aucun souvenirs, d'un sombre complet. C'est là où ma vie s'est littéralement arrêtée. Le même soir j'y ai perdu ma mémoire suite à un choc mais le problème c'est que jusqu'à maintenant je n'ai jamais su ce qui s'était passé. Ce même soir-là, j'ai appris que mes deux parents sont morts dans un accident de voiture. Tout ça pour dire que je ne suis pas très enjouée de revenir ici après un an. Un an, dont trois mois à l'hôpital. Mais mon frère en vaut la peine.

- Hé Alysse !

Je me retourne après avoir empoignée mon sac à dos qui défile sur le tapis roulant de l'aéroport. Mon frère habillé d'un costar-cravate me fait des grands signes. Je tends ma main vers lui et retire mes lunettes de soleil. Je pose ma valise au sol et la fait rouler jusqu'à mon frère.

- Salut Adams ! Je lui tends ma valise.

- Tu es toute belle ! Comment tu vas ?

Je lui souris et il saisit ma valise, je serre les lanières de mon sac à dos pour essayer d'évacuer le stress qui monte en moi.

- Ça va.

Entre nous, malgré la complicité il n'y a jamais eu de truc assez fort pour qu'on se montre nos sentiments. Il m'a manqué, mais je ne compte pas lui sauter dans les bras pour autant.

- Le voyage s'est bien passé ?

Comment dire ? Si pour lui « bien passé » signifie être coincée entre un monsieur obèse qui m'éclabousse de sauce barbecue lorsqu'il mange un truc qui doit être coincé dans son sac depuis des lustres et entre une vieille dame qui perd la boule demandant toutes les deux minutes où va l'avion et qui ronfle comme un moteur. Alors, oui ce voyage s'est bien passé.

- On peut dire ça comme ça.

- Pas trop de perturbation ?

Je scrute le ciel bleu que l'on peut voir grâce à la transparence des lucarnes de l'aéroport.

- Ça, c'est une question débile Adams.

Il rit et je sens la pointe de stress qui était en moi s'évanouir.

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