Chapitre 3

33 0 0
                                    


Je me réveille avec la sonnerie de mon téléphone portable. Un doux bruit qui fait vibrer mon matelas. Attendez ? Mon téléphone sonne ? Je me redresse d'un coup et j'hésite avant de l'allumer, et si ce n'étais qu'un rêve ? C'est tellement inhabituel, d'habitude je n'ai aucun message. Aucun appel, rien. Mon cœur palpite tandis que je le déverrouille : « Coucou belle allumeuse des cabines d'essayage. Comment ça va ? Ça te dit si on passe te prendre à 19heures ce soir pour la fête ? N'oublie pas. Kloé. » : quel rêve ! Je relis son message en essayant de me réveiller. La journée d'hier me revient en mémoire petit à petit. Une journée bien trop mouvementé pour être réelle. A peine arrivée voilà que je me fais repérer par deux gigolettes et un pervers. Moi qui comptais me faire discrète. Je suis ici pour une seule chose : comprendre ce qui m'est arrivée, pas pour faire des camaraderies à deux balles. J'espère qu'ils seront moins collants qu'hier. Je me lève de mon lit puis je descends dans la cuisine. Je n'ai aucune envie d'aller à cette soirée, mais je vais pouvoir oublier avec un peu d'alcool ça passe toujours.

- Voilà ma dormeuse préférée ! s'écrit Adams en me rejoignant.

En y réfléchissant bien, je ne me souviens plus m'être coucher cette nuit. La soirée d'hier me revient peu à peu en mémoire. C'était chiant à mourir, ça ne m'étonnerait pas que je me sois endormie à table.

- Tu t'es endormi dans la voiture. J'ai dû te porter. Déclare Adams comme s'il lisait dans mes pensées.

Je lui envoie un regard désapprobateur, et je scrute ses bras. Il a dû en faire des heures de musculation pour les dessiner aussi bien. Il faut dire qu'il y a un an il ressemblait plus à un haricot tout fin qu'à autre chose.

- Ça va, tu es toute légère. S'esclaffe-t-il.

Je lève les yeux au ciel et me dirige vers le frigo. Je le referme aussitôt lorsque je ne vois rien qui pourrait me plaire ce matin.

- Bon, Alyson, je dois aller au bureau, envois moi un message si tu quittes la maison. Sinon fais ce que tu veux.

J'acquiesce et je lui fais un grand sourire ironique.

- Ah, au fait, je crois que je suis invitée à une soirée ce soir. Ne me demande pas comment est-ce que j'ai fait, je n'en sais moi-même rien.

Il ricane et me tapote l'épaule en trépignant fièrement.

- Amuse-toi bien, petite sœur. Et bois pas trop quand même.

- Je ne te promets rien.

Il me fait ses yeux de cocker, et tire une moue incroyablement chou.

- En tout cas fais attention à toi.

- C'est ça. Je lui lance en levant les yeux au ciel.

Mon insolence soudaine le fait taire. Il ne trépigne plus et me regarde d'un air désapprobateur. Il connait bien mon insolence, mais sur ce genre de sujet il ne l'aime pas trop.

- Alyson ! me coupe-t-il plus sévèrement. Ne joue pas à ça avec moi. Je n'ai pas envie de te...

- Oui papa. J'assène d'un ton ironique.

J'ai juste envie qu'il me fiche la paix et que, surtout, il ne me fasse pas de morale, parce qu'il est vraiment mal placé pour me la faire. Le silence retombe. Il me lance un regard froid. Il prend ses affaires et claque la porte derrière lui.

Oups. Je crois que j'ai dit la phrase de trop.

Je sors sur la terrasse et souffle un bon coup. Je shoote dans un pot de fleur ce qui arrache la peau de mon orteil, ce dernier en sang, en même temps à quoi je m'attendais ? Le pot en argile ne va pas bouger, surtout avec la force de fillette que j'ai dans les jambes. J'ai besoins d'évacuer la rage qui monte petit à petit en moi. A chaque fois que je fais référence à nos parents Adams devient froid, il déteste en parler, et plus encore lorsque moi j'y fait référence. Je me tiens entièrement responsable de ce qui leur est arrivé. Adams ne semble pas vouloir penser la même chose. Il cache toute cette haine au fond de lui. Mais je sais qu'une part de lui me tient entièrement responsable. Sa petite sœur a tué ses parents. Il doit surement se dire que j'étais mieux à Miami, dans cet internat pour adolescent sans parents, là où j'ai passé toute cette année à rien foutre de plus qu'attendre que mes souvenirs ressurgissent de nul part. Chaque matin avec la même sensation, se réveiller sans vraiment savoir qui on est, comme si chaque matin on naissait de nouveau. Au moins quand j'étais la bas, Adams pouvait mener sa vie ici sans se préoccuper de l'horrible gamine que je suis. 

Vide de souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant