Chapitre 5

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Je me redresse doucement en veillant à ne pas faire de bruit. Je me frotte les yeux. Il est presque six heures du matin. James s'est endormi et je ne compte pas rester là. Je me rhabille et enfile mes chaussures une fois sortie de la chambre. Je l'entends encore ronfler d'ici. Une personne s'est endormie sur le palier, alors je retire les escarpins que je viens d'enfiler pour ne réveiller personnes. D'autre invités sont jonchés au sol, dans les marches d'escalier, dans le salon et même dans la cuisine. Je suis obligée d'enjamber des corps ivres et endormis partout dans le salon. Il n'y a personne que je connais. Pas de West, pas de Lindsay, pas de Kloé. À croire que je suis entourée d'inconnus, d'inconnu ivre et dormant mais tout de même des inconnus. C'est le parcours du combattant pour atteindre les portes vitrées du salon qui donnent sur l'extérieur. Sans faire le moindre bruit je me glisse entre le mur et la paroi à l'extérieur. Je souffle d'agacement lorsque j'aperçois une nouvelle fois des invités qui dorment sur la terrasse. Le parcours du combattant reprend j'enjambe les corps jusqu'à ce que mes pieds atteignent l'herbe. Je me dirige vers le fond du jardin où James et moi nous nous sommes embrassés, et où ce type bizarre a semé la pagaille.

Je continue d'avancer un peu plus loin et je m'arrête net. Le fond du jardin derrière quelque arbuste donne sur un tout petit ruisseau en contre bas. Je regarde la profondeur entre moi et le sol, et je balance mes chaussures, je saute ensuite à pieds joins dans les graviers puis je récupère mes chaussures. Ça me rappelle un peu lorsque je fais le mur pour m'évader de mon internat.

Je regarde un petit peu l'environnement, c'est joli ici. Je m'avance pour tremper le bout de mon orteil dans l'eau glacé du petit ruisseau. Je le retire aussitôt avec la douleur saisissante de ce dernier par encore cicatrisé de la veille puis je me retourne face à la roche. Je sors un petit couteau de ma poche, n'allez quand même pas croire que je viendrais à une soirée comme celle-ci alors que je ne connais personne sans prévoir de quoi me défendre. Je le regarde en pensant que j'aurais surement dû le prendre il y a un an à cette soirée pour me défendre.

Il est extrêmement beau, argenté, taillé de manière ondulée pour améliorer la prise sur tout le manche jusqu'à la garde. Brillant à souhait. Je pose mon pouce au bord de la garde, touchant presque le ricasso, tandis que mon index et mon majeur viennent se poser à l'opposé du pouce. Le faux tranchant se plaque contre la roche, et le tranchant guidé par mes doigts grave en petit dans la pierre ce mot à quatre lettres qui me hante. Je soupir, comme si ça m'avait demandé beaucoup d'effort. Mon cœur se sent soudainement soulagé, la lame de mon couteau est encore plus éclatante, et cet endroit à tout de suite perdue son osmose, plus d'oiseau chantonnant, plus de bruit de feuille dans les arbres, à croire même, que l'eau de la rivière se serait arrêtée de couler.

- Vide ?

Je sursaute, et me retourne instantanément. Ce type est là, imposant, assuré. Il ne me regarde pas comme si je n'existais pas. Qu'est-ce qu'il vient m'emmerder lui encore ?

- Vide. Répète-t 'il.

Il s'approche d'un pas lent de la paroi et touche avec prudence le mot que j'ai gravé. C'est tout juste si je n'aperçois pas une nouvelle fois entre ses lèvres l'articulation de ce même mot. Encore.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Il ne répond pas. Ça ne lui a pas suffi de frapper sans raison James, il faut en plus qu'il ne réponde pas à mes questions ? Quel bagout insupportable !

- Je te parle mec.

Il détourne enfin ses yeux de la gravure pour les planter dans les miens. Ils sont d'un froid glacial, guidés par un sentiment incontrôlable que je connais bien. La haine.

Vide de souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant