Chapitre 13

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L'eau brûlante coule goute à goute sur mon corps, puis se transforme en jet bouillant, ce contact me fait souffrir et pourtant sur mes lèvres se dessine un sourire. Je suis satisfaite de cette douleur, qui est plus que désagréable et pourtant ça peut paraître absurde mais j'aime ça. Ma peau fume, mon corps bouillonne et me supplie de le refroidir, même mon esprit arrive à me faire penser à des glaçons. Mais non, je ne bouge pas je reste sous cette eau qui me torture. J'imagine que c'est comme une sorte de punition qu'on se fait à soit même quand on est comme moi. Les dépressifs sont un peu pareilles ils aiment s'infliger de la souffrance mais ils n'ont pas pour autant envie d'en finir avec leur vie, du moins pour la plupart. Et même s'ils s'imaginent morts aux quatre coins de la rue ils ne sont pas comme les suicidaires l'étape au-dessus celles et ceux qui d'un coup d'un seul préfèrent en finir, on n'en est souvent surpris, ils se pendent, se jettent sur des rails, se tirent une balle dans le crâne, ou sautent du dernier étage, sans même penser qu'ils sont en train de mourir. Ils sont attirés par tout ce qui reflète la mort et à la première occasion ils font le grand saut. Ces trois personnes la sont totalement incomprises par les gens « normaux », les comme moi : les pas dépressifs mais les gens qui déteste tout : leur vie, eux. Je ne sais pas comment on pourrait les appeler mais je dirais que ce sentiment n'est pas la dépression car ce n'est pas assez fort mais c'est une sorte de dénie de soi, on renie tout. Et bien ces gens-là sont les plus rejetés par la société, les dépressifs lorsqu'ils ne sont pas mis en hôpital psychiatrique ils sont pris pour des fous, et les suicidaires ben... On n'a même pas le temps d'essayer de les comprendre, on se demande juste si leur acte est courageux ou bien lâche. Chacun a son avis sur la question et je dirais qu'il n'y a pas de réponse précise et que les deux ont raisons. Il faut avoir du courage pour quitter la vie mais il faut être lâche pour ne pas affronter tous les problèmes qu'elle nous apporte. Je suis consciente qu'il y a toujours plus malheureux que soit, le seul problème c'est qu'on est aveuglé par nos problèmes, et lorsqu'on ouvre un peu les yeux sur la question les problèmes des autres s'ajoutent aux nôtres faisant pencher la balance de la vie et de la mort. On se demande pourquoi on est dans une société individualiste et bien voilà la réponse, on ne peut mentalement comme physiquement pas accordé de l'importance aux problèmes des autres sans faillir à notre propre bonheur. Alors chacun préfère se focaliser sur sois en se sentant plus malheureux que les autres alors que parfois, il ne l'est pas. Le malheur que ces gens s'infligent n'est rien d'autre qu'égoïste, il ne pense pas aux autres mais en se rendant malade de leur propre agissement ils incitent les autres à penser à eux. C'est la tout le problème, de nos jours tout le monde se sent morose, mal dans leur peau, comme si c'était devenu une mode, repoussant au final ceux qui le sont vraiment, montrer qu'on souffre pour qu'on s'occupe de nous voilà le monde dans lequel on vit de nos jours. 

- Alysse y'a un gars qui t'attend dans le hall d'entrée. Il dit s'appeler Matt. Tu connais ? s'écrie mon frère derrière la porte de la salle de bain.

- Oui laisse-le entrer et dis-lui que j'arrive dans une petite seconde.

Voilà une semaine que je ne l'ai pas vu. Il m'a proposé ce soir de m'accompagner à la fête de West par message, personne ne pouvait m'emmener alors j'ai accepté et inutile de préciser que je suis visiblement en retard. J'arrête l'eau, sort de la douche. Les particules de ma peau me brûlent encore, elle est à vif. J'enfile un pull noir que je rentre dans une jupe assez courte. Cette tenue ne ressemble pas à grand-chose mais au moins ça plaira à mon ami monsieur Plouc. Je me maquille brièvement et me détache les cheveux. Je descends une fois prête pour le rejoindre. Je suis légèrement angoissée de le savoir ici, chez moi.

- Ah la voilà ! s'exclame Adams en me voyant arriver.

- Salut Aly, on y va ?

Je scrute Matt qui est devant moi, adossé au chambranle de la porte comme s'il était chez lui. Sa posture trahit son visage d'ange. Imposant, angoissant. La façon dont il est apprêté en dit long sur les heures passées devant son miroir. Il me scrute de la même manière que moi, de toute sa hauteur. Il porte une chemise blanche à manche courte à moitié ouverte sur son torse, un jean gris qui lui va comme un gant. Il n'a pas une mèche de cheveux qui dépasse, brillants, rangés à la perfection. Il a les joues roses comme s'il avait refait son teint.

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