Chapitre 30

19 0 0
                                    

- Adams, je sais qui est mon violeur.

Mon frère remonte sa tête, il me regarde d'un air grave, presque comme s'il espérait que je lui fasse une blague. Kloé est partie il y a deux heures me laissant seule avec moi-même, assez de temps pour réfléchir a beaucoup de chose. Mais surtout à chercher une vengeance. Je regarde Adams devant moi. Sur son visage règne une incompréhension totale.

- Quoi ? Qui ? Balbutie-t-il.

- Je vais avoir besoins de toi pour le coincer.

Je tire une chaise pour m'assoir devant lui. Il me regarde l'air incrédule, son visage se décompose peu à peu réalisant alors que ce n'est pas une simple blague.

- Explique-moi tout. Déclare-t-il d'un ton sérieux.

Comme s'il était en train de parler d'un dossier important pour l'entreprise, il m'écoute avec la même attention. L'air grave sur son visage ne disparaît pas tandis que j'hésite à dévoiler l'identité de mon violeur. Il me regarde sans rien dire, en attendant que je parle. Je cherche mes mots sans savoir vraiment quoi dire. J'ai l'impression de perdre mes moyens, mais merde ! C'est Adams, mon frère et j'ai promis de ne plus jamais douter de lui.

- Mr Frich. Je lui lance.

Il déglutit, et reste immobile. Son regard fuyant le mien. Je sais tout ce qu'il se passe dans sa tête. Je lis dans ses yeux tous les remords qu'il éprouve. Il se demande comment ne l'a-t-il pas compris plus tôt ? Parce que maintenant que son identité est dévoilée il n'y a rien de plus évident. Je sais qu'il s'en veut. Il doit se remémorer tous les moments où Frich est entré dans la maison, toutes les poignées de mains qu'il lui a serrées, tous les repas partagés avec lui, tous les contrats signés de sa plume. Toutes les allusions qu'il n'a pas comprises, tous les regards qu'il a laissé passer sans se rendre compte de rien. Toutes les fois où Frich à gravit les marches d'escaliers sans être interrompu une seule fois. Toutes les fois où il avait accès à ma chambre. Et tant de choses dont je ne me souviens pas encore.

Son regard croise enfin le miens, et ce que j'y vois me glace le sang. Mon grand frère est terrifié. Il tremble de tout son être de rage, de peur. Il frappe la table du plat de sa main et se lève d'un coup. Ses mains derrière sa tête il fait les cents pas. Il se retrouve face à un ultimatum et je crois le surprendre à douter. Si Frich va en taule il va perdre le meilleur actionnaire de son entreprise, le plus fidèle de ses partenaires. Je déglutis tandis je lis en lui comme dans un livre ouvert. Comment mon propre frère peut hésiter ? Hésiter à foutre le mec qui abuse de sa petite sœur depuis des années pour le bien de son entreprise ? Puis soudain son regard change. Il en vient presque à me faire peur. Je me lève prête à lui crier dessus. Mais il me sourit. Un sourire vilain, narquois, digne d'un gagnant, d'un petit diable amateur. Il se redresse lentement de toute sa hauteur. Je n'ai soudain plus envie de lui crier dessus. Il s'avance vers moi et me tend sa main.

- On va faire tomber cette pourriture. Déclare-t-il d'une traite.

Satisfaite et soulagée, je lui saisis sa main, comme un pacte entre démon pour faire tomber le diable. Je hoche la tête d'un air entendu.

- Il faut qu'on trouve un plan, et comme ce soir tu m'as invité à un de tes repas ennuyeux il faut qu'il soit là.

Il me lance regard désapprobateur.

- Tu veux vraiment venir et te retrouver en face de lui ?

- C'est le seul moyen. Par contre il va falloir qu'on sorte pas mal de bifton.

Il me regarde d'un air soupçonneux.

- En fait tu as déjà trouvé un plan ?

- Il est bancal. Je ne suis pas sûr que ça fonctionnera.

Vide de souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant