Je m'appelle Émi. Nom de famille...à quoi bon le dire. Juste Émi suffira vu que ma propre famille ne veut pas de moi.
Non, ce ne sont pas des caprices. Quand je me suis fait expulser de la maison à seize ans, je n'ai plus considéré mes actions comme des caprices. C'est normal de souhaiter recevoir un peu d'attention de ses parents non ? Je voulais juste les rendre fier et au moment ou j'affirme un minimum ma position comme aînée de la famille, pour une fois dans toute mon enfance, je suis foutue à la porte.
Mais non, je faisais juste trop de caprices.
Ma...famille, est assez aisée. On ne manquait de rien et mes parents avaient toujours du temps pour moi et ma petite soeur. Depuis le début, ils la chouchoutaient mais je trouvais ça normal. Elle était toute petite et toute mignonne alors même moi je la gâtais comme je pouvais en tant que grande soeur. Elle a un an de différence avec moi, nous avons toujours été proche, enfin je considérais ça comme ça mais maintenant ma vision des choses à drastiquement changé.
Petit à petit, mes parents ont commencé à oublier mes récitals de piano, mes portes ouvertes à la danse mais ça à la rigueur je m'en fichais bien. Je n'ai jamais vraiment été musique et j'ai toujours eu deux pieds gauche en danse. C'est quand ils ont oubliés les portes ouvertes de mes cours de dessins que j'ai commencé à me rendre compte que quelque chose n'allait pas. En fait ce jour-là, ils ont même oublié de venir me chercher à la sortie de ma classe.
L'institutrice à appelé pendant des heures et au final j'ai passé la nuit chez elle. Mes parents ne sont arrivés que le lendemain. "On avait oublié", maladroitement prononcé. Furent leurs seule réponse au pourquoi ils m'avaient laissé toute seule pendant une nuit entière. Bien-sûr mon institutrice était furieuse mais sa fureur n'égalait pas ma tristesse quand j'ai entendu de la bouche de ma petite soeur de huit ans que "papa et maman avaient passé la soirée entière avec elle à regarder des films."
Je n'ai rien dit. Je me disais que les oublis arrivent. Je pardonnais comme la petite fille que j'étais.
Seulement ces "oublis" ont commencé à se répéter et j'ai fini par demander un abonnement de bus à ma mère. Elle a accepté avec un grand soulagement. Pour la première fois de ma vie j'ai eu l'impression d'être un poids pour mes parents.
Ensuite ma soeur a demandé à sauter une classe. Nous avions le même cercle d'ami, les même jeux, tout nous était commun. Elle a toujours été très sociable, plus que moi en tout cas. C'est naturellement que l'attention s'est dirigée sur elle me faisant passer en second plan. Je ne voulais pas être jalouse alors je n'ai rien dit.
Comme nous avions les mêmes contrôles et les mêmes professeurs, nos parents ont commencé à nous comparer. C'est là que les choses ont commencé à devenir dur à vivre. Si j'avais de bonne notes, je ne devais pas m'en vanter pour ne pas rendre Zoé triste, si elles n'étaient pas assez bonne, j'étais réprimandée et si elles étaient moins bonne que celles de ma soeur, on me disais que c'était une honte pour une grande soeur.
Aussi j'ai commencé à me contenter de déposer les contrôles sur le bureau de mon père sans jamais en parler à personne et à m'enfermer dans ma chambre jusqu'au dîner pour faire mes devoirs. Je travaillais jusque tard le soir pour être à la hauteur, pour qu'on reconnaisse que je faisais les choses bien au moins une fois. Je n'osais pas demander à passer plus de temps avec mes parents, je savais que je n'obtiendrais rien de plus que du mépris de toute manière car "Zoé ne se plaint jamais, elle."
Quand mes amis étaient invités à la maison, je me sentais de trop avec ma soeur. Un soir j'ai tenté une expérience folle, j'ai quitté la chambre de Zoé en plein milieu de la soirée pyjama et personne n'avais remarqué que j'étais partie le lendemain au petit déjeuner. Je me suis alors effacée de mon groupe d'ami de l'école primaire. J'ai passé tout le reste de ma scolarité seule parce qu'à chaque fois que j'avais un ami, Zoé arrivait et je disparaissais.
VOUS LISEZ
Pinguin
RomanceAvez-vous déjà eu l'impression d'être invisible ?...Non, invisible n'est pas le mot qui convient. Déchet, c'est ce qui correspond le mieux. Le parfait moyen de mettre en valeur un joyaux. Seulement quand on met un cafard à côté d'un diamant, on rema...